Sébastien Josse et Charles Caudrelier sur le MOD 70 Groupe Edmond de Rothschild ont remporté aujourd’hui la Transat Jacques Vabre. Ils ont franchi la ligne d’arrivée à Itajaí au Brésil à 18h03’54’’ (heure française) après 11 jours, 5 heures, 3 minutes et 54 secondes de course, soit une vitesse de 20,7 nœuds sur la route (22,12 nœuds de vitesse moyenne), le duo aura mené la course de bout en bout devant leur adversaire Oman Air-Musanda, mené par Sidney Gavignet et Damian Foxall. Les deux marins naviguant sur le trimaran omanais avaient pourtant refait une partie de leur retard dans la traversée du pot au noir avec seulement 2 heures d’écart au passage de l’équateur, puis se réduisant à 20 milles (en distance au but), à 48 heures de l’arrivée, mais les skippers du MOD70 du Gitana Team aidés par leurs routeurs à terre, Jean-Yves Bernot et Antoine Koch, ont parfaitement négocié l’arrivée sur le Brésil et remportent donc cette course.
Leur sentiment à l’arrivée : Charles Caudrelier : « Je ressens du soulagement car ces bateaux sont stressants. On vit avec la peur permanente du chavirage, il faut trouver la bonne limite. Niveau stress, fatigue et dépassement de soi, cette Transat Jacques Vabre dépasse largement tout ce que j’ai pu faire avant. Nous avons mené la course depuis le début mais le retour d’Oman Air-Musandam ces derniers jours nous a fait peur. Je ressens aussi du bonheur, et de la fierté : je réalise un rêve de gosse. » Sébastien Josse : « C’est effectivement un soulagement d’arriver à Itajai. En monocoque, la quille apporte une sécurité. En multi, le stress est omniprésent. On s’est fait une grosse frayeur au large de Gibraltar : je me suis endormi et nous avons failli chavirer par l’avant. J’ai eu le réflexe de tirer la barre, le flotteur a planté dans l’eau. Le bateau est heureusement retombé du bon côté. On ne pouvait même pas se préparer une boisson chaude : pas de petits plaisirs à bord d’un MOD70, rien de superflu. »
La navigation en double en MOD70 : Sébastien Josse : « En équipage on est toujours très proche de la limite. Nous avons essayé de nous approcher de cette limite en double. Nous avions un bon rythme. Il fallait trouver le bon curseur face à Sidney Gavignet et Damian Foxall qui savent eux-aussi pousser leur bateau. Le mot d’ordre : garder la plateforme à plat en allant vite.» Charles Caudrelier : « C’était très usant car il y avait en permanence l’un de nous deux à la barre. Et on ne la lâchait pas pendant nos quarts. Pour faire la moindre action il fallait réveiller l’autre. Dans les grosses conditions, on ne peut pas se permettre d’aller régler seul une voile sans prendre un risque de chavirer. L’autre option aurait été de ralentir : mais sommes des compétiteurs donc on n’a pas fait ça. On a eu une météo exceptionnelle, des conditions très rapides. Ce qui nous a permis d’aller quasiment aussi vite qu’en équipage.Nous avons beaucoup travaillé ensemble en amont, nous nous connaissons bien. On a bien préparé notre coup. Nous avons tous les deux une bonne expérience du solitaire et du double. »
Après 4 jours de course, les duos engagés sur la Transat Jacques Vabre dans les classes multicoques ont désormais tous parés le Cap Finistère.
En MOD 70, les deux bateaux en course ont déjà passé les Canaries, après avoir dégolfé sans réel problème malgré des conditions soutenues. Les trimarans suivent la même trajectoire avec un avantage pour Groupe Edmond de Rothschild mené par Seb Josse et Charles Caudrelier, Oman Air Musandam, de Sidney Gavignet et Damian Foxall pointent à 45 milles du leader. Ils devraient entrer dans le pot au noir d’ici 48 heures.
Sébastien Josse : «Nous avons actuellement 14 nœuds de vent, la mer est quasiment plate (1,5 mètres). Ce devrait être notre première journée de navigation au sec depuis le départ ! On ressent nettement le changement de température et le soleil est enfin de la partie ; il va falloir bien se protéger à la barre. Juste après le dévent de Madère, nous avons fait notre premier beau planté de la Transat. J’étais à la barre, le bateau sous gennaker et un grain est arrivé. Dans l’abattée, le bateau a enfourné»
Damian Foxall : « Nous avons modifié les réglages du bateau durant les six dernières heures, et nous allons maintenant un peu plus vite. Notre safran central est remonté, nous avons donc dû ralentir pour le remettre en place, mais tout va bien maintenant, même si nous avons perdu un peu de terrain sur Gitana, nous allons nous battre pour revenir. Nous sommes plutôt contents de ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes toujours dans du vent d’est, ce qui nous permet de faire route à l’ouest, et c’est ce que nous devons faire. Nous avons dû monter dans le mât au large du Cap Finisterre pour débloquer une drisse, ce qui nous a coûté quelques milles. Quelques autres petits soucis se sont ajoutés et nous ont fait perdre quelques milles de plus, mais nous nous en sortons bien et nous espérons les rattraper, il y a encore un long chemin à parcourir ! »
Les MOD 70 dans le raz de Sein
En Multi 50, le Golfe de Gascogne a contraint l’équipage de Maitre Jacques a stoppé, en effet les deux Loic (Fequet et Escoffier) ont vu l’étrave tribord de leur flotteur se casser nette avant hier. Les skippers ont rejoint la Corogne sans assistance.
Loïc Féquet : « Nous avions eu une nuit difficile, mais le vent et la mer ont été beaucoup moins forts que ce qui avait été annoncé. Nous avions d’ailleurs fait un contre bord à l’ouest à l’entrée du golfe de Gascogne (sur les conseils de notre routeur), non seulement pour éviter la mer plus formée dans le sud du golfe, mais aussi en prévision de la redescente sur le cap Finisterre. Le vent était même tombé à 10 nœuds samedi matin, et nous attendions d’être sûrs qu’il ne se renforce pas trop pour renvoyer de la toile. Les deux vagues qui ont provoqué la casse du flotteur n’étaient pas plus grosses que les autres, et nous n’attaquions pas du tout. D’où l’hypothèse de l’usure… «Nous avons pas mal échangé à ce sujet avec notre équipe et l’architecte du bateau. C’est encore difficile à dire, mais il semble que l’âge du bateau*, mis à l’eau en 2005, soit une cause assez plausible.
Lorsque le flotteur a cassé, nous n’avions pas des conditions dantesques et nous naviguions de façon à préserver le bateau justement. Nous étions à 100° du vent, avec deux ris et la trinquette, il y avait 20 à 25 nœuds, et la mer était maniable. Cela n’avait rien à voir avec les conditions vraiment musclées rencontrées il y a deux ans sur cette même Transat Jacques Vabre.
Une cause possible serait aussi qu’il y ait eu un point d’impact un jour, lors d’une manœuvre ou à cause d’une grosse vague et que cela ait créé un point de faiblesse… »
Aujourd’hui nouvelle déconvenue dans la classe hier au soir, Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet sur Arkema ont chaviré à 200 milles des côtes portuguaises. Ils naviguaient au contact de Fenêtréa Cardinal au moment de l’incident, le duo n’a pas demandé d’assistance, un remorqueur a été affrété, la plate forme a été sécurisée et le trimaran sera retourné avant de rejoindre Lisbonne.
Les explications sur le chavirage, Mayeul Riffet : « On avait 12-18 nœuds de vent, le bateau est parti au lof, les safrans ont décrochés, et en 3 secondes le bateau s’est retrouvé à l’envers. On a voulu choquer, c’était bien trop tard. On était sous gennaker donc ça a enfourné quand même. J’étais à l’intérieur, j’ai essayé de sortir mais je n’y suis pas arrivé. Lalou (Roucayrol) est arrivé à nager par dessous et rentrer par la petite trappe. Le trimaran, ou tout du moins la plateforme, est complètement sécurisé. Nous avons passé la matinée et le début d’après-midi dans l’eau afin de couper tout ce qui trainait sous le bateau. Il restait quelques morceaux du mât et nous avons tout lâché. Toute la nuit dernière, la bôme et le reste du mât tapaient dans la coque centrale et nous avions peur que cela crée des dommages plus importants. Il y a encore beaucoup de mer et nous sommes ballotés dans tous les sens. Nous avons la chance d’avoir de l’énergie pour recharger le téléphone satellitaire, à boire et à manger. Cette nuit, nous ferons des quarts de surveillance à l’extérieur du trimaran pour éviter toute collision avec d’autres navires. Nous sommes bien sûrs très secoués et attendons avec grande impatience que notre équipe et le remorqueur viennent à notre rencontre. »
Deux des favoris sont donc hors jeu, Yves Le Blévec et Kito de Pavant ont quant à eux fait un arrêt technique à Madère pour réinstaller une pièce de l’anémomètre en tête de mât d’Actual. L’arrêt a duré environ une heure, le duel face à FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux/Yann Elies) a donc repris. Les deux trimarans ont pris un cap à l’Ouest afin d’aller chercher de la pression.
Après quatorze jours de course et les nombreux abandons dans la classe Multi 50′, les deux rescapés poursuivent leur course vers le Costa Rica.
Actual mené par Yves le Blévec et Samuel Manuard a peu à peu accentué son avance sur Loic Féquet et Loic Escoffier sur Maitre Jacques depuis le départ, les deux trimarans ont contourné la marque de la Barbade et naviguent désormais dans la mer des Caraibes, Actual pointe à 1000 milles de l’arrivée avec 290 milles de retard, sauf avarie le duo le Blévec/Manuard devrait remporter cette transat devant Féquet/Escoffier.
Loic Féquet : « On pensait que la journée d’hier serait paisible et rapide sous les alizés et ça n’a pas du tout été le cas ! Il n’y a pas eu de vent, beaucoup de grains orageux, on a dû tirer des bords… Passer la Barbade a été très laborieux, on a eu une grosse panne de vent d’une heure ! Du coup on l’a rebaptisée la Barbante
Depuis qu’on l’a enroulée, tout va bien, on est à nouveau à 20 nœuds, on sera à Sainte Lucie dans une heure. Ensuite, Jean-Yves Bernot nous conseille de carrément traverser presque toute la mer des Antilles avant de faire cap sur Puerto Limon… On a encore 1500 milles à faire donc avec une ETA possible le 20 novembre.
Aujourd’hui, normalement, les grains sont derrière nous, on devrait avoir de l’alizé mais la nuit prochaine risque d’être à nouveau orageuse. Du coup on se repose bien le jour mais les nuits sont plutôt agitées ! »
Du côté des avaries, Prince de Bretagne devrait bientôt quitter la Corogne pour être convoyé vers sa base de Lorient, le skipper Lionel Lemonchois attend des conditions favorables, à savoir un vent d’ouest sur le golfe de Gascogne, afin de faire naviguer le trimaran sans solliciter le flotteur et le bras de liaison droits. Son co-skipper sur cette transat, Matthieu Souben a convoyé avec Antoine Koch Crêpes Whaou, qui avait du abandonné suite à la blessure de Franck Yves Escoffier, qui souffre de fractures suite à sa chute dans le cockpit du bateau.
Les premiers à jeter l’éponge ont été Lionel Lemonchois et Matthieu Souben sur Prince de Bretagne hier soir suite à une nouvelle avarie sur le bras de liaison du trimaran, cette casse fait suite aux conditions musclées de ce début de course avec des rafales à plus de 35 noeuds et une mer forte et hachée de face, puis une descente vers le sud sous les grains et dans une mer délicate.
Matthieu Souben « Nous avons entendu un gros « crac ». La crosse du bras avant de liaison bâbord venait de casser. Nous avons alors immédiatement affalé, sécurisé le bateau et mâtossé tout ce qui était lourd sur tribord. Nous savions que les conditions étaient dures et soumettraient les bateaux à rude épreuve. Depuis le départ, nous avions pourtant mené notre barque sans tirer dessus outre mesure… La casse à laquelle nous devons faire face était impossible à anticiper ».
Lionel Lemonchois : « Le bras est complètement désolidarisé du flotteur. Celui-ci tient avec la drisse de gennaker et des bouts que nous avons mis un peu dans tous les sens. Nous avons renvoyé un peu de toile pour que le bateau soit appuyé. Les conditions sont correctes, la dorsale nous rattrape tout doucement, nous avons 10/12 de vent, encore de la mer. Ce serait bien que ça se calme, ça soulagerait bien le bateau. Nous devons faire un bon dix noeuds de moyenne. Nous ne savons pas encore où nous allons exactement: Corogne, sans doute. Nous déciderons au fur et à mesure. Nous ne pouvons naviguer que bâbord amure, quand le bateau est bien appuyé. Ainsi, le flotteur ne touche pas l’eau et c’est là que ça souffre le moins. Depuis hier soir, il a fallu faire vite, préserver le bateau, passer la nuit en espérant que ça ne s’aggrave pas trop. Je suis assez optimiste, si nous continuons comme ça, ça devrait aller. Nous allons continuer notre petit bout de chemin, voir où le vent nous emmène. Là où le vent nous portera, comme dit la chanson »
La série noire a continué avec Crèpes Whaou qui annonçait son abandon peu après, sur blessure cette fois-ci, Franck Yves Escoffier a fait une mauvaise chute dans le cockpit du bateau, comme il l’explique : « Je venais de barrer pendant deux heures. Je me suis levé, il y avait une mer croisée, des vagues un peu déferlantes. Antoine (Koch, son co-skipper) se préparait, on discutait, une vague a pris le bateau par le travers et je suis parti. Ma tête a atterri dans la casquette (qui protège le cockpit, ndlr), les lunettes ont volé et j’ai pris le winch dans le bas du dos. Tout de suite, j’ai senti la douleur et je me suis allongé.J’ai eu mon rhumatologue qui m’a prévenu que j’avais peut-être quelque chose de cassé, coccyx, vertèbre… Toute la zone est douloureuse. La décision d’abandonner est sage. Connaissant la mer, le bateau et ce qu’on allait prendre, ça n’aurait pas été sérieux de continuer. «
L’équipage de Crèpes Whaou se dirige vers la Corogne, tout comme Prince de Bretagne, les deux bateaux sont attendus demain matin dans le port espagnol.
Le troisième équipage contraint d’arrêter la course était celui de FenêtréA-Cardinal. Erwan Le Roux et Didier Le Vourch ont constaté des fissures au niveau du mât : « Hier dans l’après-midi (vendredi), la mer s’est calmée et nous en avons profité pour faire à nouveau avancer la bête , racontait samedi matin Erwan Le Roux. Nous avons alors entendu deux ou trois cracs. Nous avons réduit tout de suite et nous nous sommes rendus compte que l’avant du bateau était plein d’eau et qu’il y avait des fissures dans la cloison du mât à l’avant. Nous avons donc décidé de faire demi-tour. « Le trimaran fait route vers La Trinité-sur-Mer.
Ne restent en course qu’Actual, leader ce soir avec 37 miles d’avance sur Maître Jacques, la course se résume donc désormais à un duel entre Yves le Blévec/Samuel Manuard et Loic Féquet/Loic Escoffier.
Le départ de la Transat Jacques Vabre, qui devait avoir lieu hier à 13h, sera finalement donné mercredi à 15h, une décision sage aux vues des prévisions météos qui annoncent une dépression très creuse qui va générer des conditions tempétueuses pendant 48 heures : vents moyens de 45 nœuds, rafales à 55/60 nœuds associés à une mer grosse (creux de 8 à 10 m) à l’arrière du front froid.
Les équipages des Multis 50′, IMOCA et classe 40 patienteront donc dans le port du Havre jusqu’en milieu de semaine avant de s’élancer vers le Costa Rica, le plateau en Multi 50′ a été amputé d’une unité avant le départ, en effet Anne Caseneuve et son fils ne pourront prendre le départ sur leur trimaran puisqu’ils n’ont pas fourni le certificat de jauge indispensable à l’engagement du bateau, ils ne seront donc que six à s’affronter sur cette transat.
On retrouve bien évidemment le vainqueur en titre, Franck Yves Escoffier sur Crèpes Wahou 3, il sera associé à Antoine Koch, leurs deux principaux adversaires seront Actual mené par Yves le Blévec et Samuel Manuard et Prince de Bretagne avec Lionel Lemonchois et Matthieu Souben à bord ; FenêtreA Cardinal et MonOpticien.com ne devraient pas pouvoir suivre le rythme imposé par les derniers bateaux construits, le rôle d’outsider pour le podium et/ou la victoire revient à Maître Jacques (l’ex Crèpes Wahou 2) skippé par Loic Féquet et Loic Escoffier, qui a brillé en fin de saison de grand prix et qui a le potentiel pour tenir la dragée haute aux favoris.