Spindrift 2 remporte la Fastnet Race devant Banque Populaire VII

Yann Guichard, Dona Bertarelli et leur équipage ont remporté la première course à laquelle participait le dernier bateau entré dans l’écurie, le maxi trimaran Spindrift 2, ex Banque Populaire V. Ils se sont imposés cette nuit après 38 heures et 54 minutes de course.

Le record de l’épreuve n’a pas été battu, faute de conditions météos favorables, avec des brises faibles et un courant de marée important jusqu’à Land’s End, après le passage du phare du Fastnet les grands multis n’ont pas bénéficié de conditions de vent suffisantes pour espérer accrocher le temps de référence détenu par Banque Populaire V depuis 2011.

Le trimaran de 140′ aura eu un adversaire coriace sur les 605 milles entre Cowes et Plymouth puisque Banque Populaire VII (ex Groupama 3), mené par Armel le Cléac’h termine à 22 minutes de Spindrift 2, après avoir réussi à rejoindre celui-ci au passage du Fastnet où seulement 300 mètres séparaient les deux trimarans.

Sidney Gavignet et son équipage sur le MOD70 Oman Air Musandam complètent le podium en temps réel. Sébastien Josse avait quant à lui décidé de courir en double avec Charles Caudrelier, afin de préparer et de sa qualifier pour la Transat Jacques Vabre, c’est désormais chose faite, les deux hommes ont bouclé le parcours en 4ème position en 48 heures et 8 minutes.


Yann Guichard, co-skipper du Maxi Spindrift 2 « Le moment décisif a été l’arrivée ici. C’est vrai que pendant toute la course, nous avons été très proches avec Banque Populaire VII. En mer d’Irlande, il nous avait même un peu dépassé, nous étions à la même vitesse tout le long. Tout s’est joué comme d’habitude 2 milles avant l’arrivée. Cette course est un sprint, il faut être dessus du début à la fin et c’est ce qui fait son charme. Tout s’est super bien passé à bord et tout le monde est resté concentré sur son objectif. Nous avons fait deux semaines d’entrainements depuis la mise à l’eau donc on est très contents du résultat ».

Sidney Gavignet, skipper du MOD70 Oman Air:   « J’aurais aimé battre Spindrift 2 et Banque Populaire mais nous aurions eu besoin d’un coup de pouce du destin pour y parvenir, a-t-il déclaré. C’est comme s’ils étaient les parents et nous le petit enfant. Mais nous avons réussi à ne pas nous laisser distancer pendant une longue période, et nous terminons juste derrière eux donc c’est un bon résultat. Cela signifie aussi que nous nous imposons dans la classe MOCRA en temps compensé, ce qui est une bonne chose. Je suis heureux pour Oman Sail et l’équipage ».

Sébastien Josse, skipper du MOD70 Edmond de Rothschild : « Nous sommes fatigués mais heureux de boucler cette course et de nous qualifier pour la Jacques Vabre. Les conditions météos ont été assez conformes aux prévisions avec un début de course vraiment physique … Nous sommes sortis du Solent au près dans un vent forcissant – entre 12 et 15 nœuds moyens – et ces quelques milles ont été intenses avec un grand nombre de virements à réaliser. Dans ces enchaînements de manœuvres, nous avons clairement manqué de bras pour mener le bateau comme nous savons le faire en équipage. Les 150 milles, de la sortie du Solent au Cap Lizard, ont heureusement été plus simples à gérer car dès qu’il y a de l’eau à courir c’est moins sollicitant physiquement. En Mer Celtique, nous avons eu plus de vent que prévu avec 17 nœuds moyens qui sont montés jusqu’à 25 nœuds. La mer était courte et assez hachée ce qui n’était pas très confort. Mais comme prévu, dès que nous avons passé le Fastnet nous sommes repartis vent arrière. La nuit a été géniale dans cette configuration. Ce matin, le vent s’est totalement écroulé alors que nous pointions à 10 milles de l’arrivée. Nous sommes restés quasiment arrêtés durant 4 heures et il a fallu être patients en attendant que le Sud-Ouest ne rentre et nous permettre de nous diriger vers l’entrée de la baie de Plymouth où était mouillée la ligne l’arrivée.  C’était vraiment intéressant de participer à la Rolex Fastnet Race en double ; cette navigation comptera double dans notre préparation. Il y avait de l’enjeu avec une ligne de départ, des concurrents et un parcours à respecter. Réaliser notre qualification dans ces conditions nous a permis de repousser nos limites bien plus que si nous l’avions faite seuls dans notre coin au large de Lorient. Sur les premiers milles de course, nous avons dû exécuter plus de virements que nous en ferons sûrement sur toute la Jacques Vabre ! Edmond de Rothschild était beaucoup plus facile à manier au portant, sous gennaker, qu’au près. Sur cette course, nous avons en effet pu constater qu’il était vraiment compliqué de lâcher la barre et de laisser le bateau sous pilote quand nous naviguions au près dans de la mer. Il va falloir travailler cela et trouver les bons réglages pour la Jacques Vabre.  Durant la Transat, il va falloir faire simple. Le bateau est très exigeant et puissant, ce qui rend toute navigation engagée. Physiquement, les manœuvres sont difficiles mais surtout une fois ces manœuvres réalisées, il faut se concentrer et se remettre à la barre pour retrouver l’équilibre du bateau. Les temps de récupération sont vraiment courts.»

 

© Chris Schmid / Spindrift racing

Classement :

1- Spindrift 2 – arrivé à 2h53 (heure locale – 3h53 heure française) – Temps : 1 jour 14h 53′ 58 »
2- Banque Populaire VII – arrivé à 3h16 (heure locale – 4h16 heure française) – Temps : 1 jour 15h 16’ 39’’ 
3- Oman Air – Mussandam – arrivé à 4h16 (heure locale – 5h16 heure française) – Temps :1 jour 16h 16′

L’actualité des maxis multicoques en bref

  • Yann Guichard et Dona Bertarelli, les skippers du maxi trimaran Spindrift 2 (ex Banque Populaire V) enchainent avec leur équipage les navigations au large de Lorient, afin de monter en puissance sur ce nouveau support.
Yann Guichard : “Le bateau est “gros”, mais tout à bord est remarquablement étudié et en place. Le plaisir, dès les premières accélérations, est absolu. Tout doit être grandement anticipé. Nous naviguons depuis mardi et nous commençons à établir déjà nos propres marques et réglages, notamment dans l’établissement des gigantesques voiles. Nous prenons notre temps, et analysons chaque manoeuvre. Le coeur de l’équipage définitif est déjà à bord, il y a aura des ajustements, mais nous travaillons toute la semaine avec les hommes qui participeront au programme de l’année. C’est en configuration course qu’on découvre vraiment ce que le bateau a dans le ventre, et le mode d’emploi pour le maîtriser sous pression. Nous avons hâte d’entrer dans le vif du sujet mais cette semaine Lorientaise nous était essentielle.”

© Eloi Stichelbaut/ Spindrift racing

Dona Bertarelli : ”Ce qui est étonnant, c’est la capacité d’accélération de Spindrift 2. On oublie vite son poids tant il réagit à la moindre risée. Il est étonnamment fin à barrer, dans les conditions médium à faibles de cette semaine. 30, 32 noeuds au speedomètre, Spindrift 2 rassure aussi par sa fiabilité. Le bateau est conforme à nos attentes. Il est, d’un avis unanime, magnifique visuellement mais aussi techniquement. Sa démesure semble s’apprivoiser facilement, et on s’habitue vite à son gigantisme. Je prends mon temps, je me teste et je m’enhardie chaque jour un peu plus, le tout dans l’excellente ambiance qui règne à bord…”

  • Tritium Racing, l’ex 60′ ORMA, allongé à 72′ par Artemis Racing puis revendu a remporté la Transpac, l’équipage rate le record d’Explorer de 1997 de deux heures, suite à quelques soucis techniques sur les foils après des chocs avec des OFNI.
  • Le maxi 80′ Prince de Bretagne est en chantier à Lorient depuis maintenant près de quatre semaines, l’objectif pour Lionel Lemonchois est d’optimiser son multicoque pour la prochaine Route du Rhum. Afin de gagner en performance, il a choisi d’équiper son trimaran d’un mât basculant, pour se faire il utilisera un système de palans et de poulies plutôt qu’un système hydraulique. Cette solution permet de minimiser l’augmentation de poids.

Lionel Lemonchois : « Cela fait longtemps maintenant que les mâts des grands trimarans basculent au vent. D’en régler l’inclinaison, cela permet de soulager la plateforme, ce qui autorise à appuyer plus dessus, et donc de gagner en vitesse. Au départ, nous n’avons pas réinstallé le système hydraulique dont était équipé le mât de l’ancien 60 pieds. Nous avons d’abord préféré gagner en longueur de coques et disposer d’un plus grand bateau. Dans nos réflexions pour savoir comment aller plus vite, l’option du système de bascule avec des palans en cascade s’est ensuite imposée d’elle-même. Elle s’inscrit dans la philosophie de la simplicité initiée à l’origine du projet. Nous n’avons rien inventé, mais c’est la première fois qu’un bateau de cette taille sera équipé d’un mât « à ficelles ». Là, sur le bras arrière bâbord, nous modifions et renforçons la cadène de galhauban, une ferrure en carbone qui tient le hauban et le mât debout. Ensuite de chaque côté du gréement, un système de palans à six brins sera ajouté, et se poursuivra le long du bras de liaison pour ramener les bouts sous la casquette. A la sortie, au niveau du winch, les efforts théoriques de 8 tonnes auront été réduits jusqu’à 1,3 tonne. C’est courant, et c’est à l’échelle, du bateau…De la ficelle supplémentaire, cela complique forcément les manœuvres. Il faudra donner d’un côté, et prendre de l’autre. Ce sera un peu plus long et exigeant. Mais tout a été imaginé pour le solitaire, et je devrais y arriver…D’autant que ce système n’est pas conçu pour régater entre trois bouées, mais pour régler l’inclinaison par rapport à la gîte sur des grand bords au large.« 

Banque Populaire VII mis à l’eau

Le Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII  est sorti de chantier aujourd’hui et a été mis à l’eau dans la foulée à la base des sous marins de Keroman. Armel Le Cléac’h, le skipper enchainera les navigations d’entrainement afin de prendre en main le trimaran.  La première sortie en baie de Lorient aura lieu.

Le programme de la saison 2013 comprendra des épreuves en équipage pour commencer avec le Grand Prix Guyader, l’Armen Race, le Record SNSM et la Rolex Fastnet Race, Armel le Cléac’h s’attaquera au solo fin septembre avec une tentative de record de la Méditerranée si les conditions sont favorables, l’objectif numéro 1 reste la Route du Rhum qui se courra l’année prochaine, course que le bateau a déjà remporté en 2010 sous le nom de Groupama 3 avec Franck Cammas à la barre.

Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire  : « Nous sommes contents que le bateau voit le jour. Nous avons fait une grosse expertise, un bon check-up, tout a été démonté et vérifié (accastillage, électronique…), la table à cartes a été réaménagée pour en faire quelque chose d’ergonomique. Tout ce qui existe est passé en revue mais aucune modification majeure n’a été effectuée. Maintenant nous attendons de naviguer au maximum pour réellement savoir ce qu’il y aura à modifier. Durant les premières navigations nous observerons beaucoup, et ce jusqu’à septembre. C’est en naviguant qu’Armel pourra savoir ce qu’il veut ou ne veut pas. Nous y retoucherons en septembre, avant qu’Armel ne se lance en solitaire sur la tentative de record de la Méditerranée. »