François Gabart abandonne sa tentative de record sur l’Atlantique Nord

Après sa superbe performance sur 24h hier, avec 785 mille parcourus, et donc un nouveau record, repris à Thomas Coville sur Sodebo ; François Gabart a décidé de renoncer à sa tentative de record de la traversée de l’Atlantique Nord en solo du fait de la dégradation de la fenêtre météo sur la seconde partie du parcours.

Le record de  l’Atlantique Nord (New York-Cap Lizard), reste donc au palmarès de Francis Joyon  en 5 jours 2h 56 min et 10 sec.

François Gabart, skipper du trimaran MACIF : « Depuis le départ, on savait que ce serait compliqué, parce que la fenêtre de tir était très courte. Là, force est de constater que la météo n’évolue pas dans le bon sens. Le pilote a décroché deux fois sans prévenir, j’ai pu intervenir rapidement dans les deux cas pour récupérer la barre, mais je n’ai pas envie de continuer à naviguer à fond la caisse avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, je ne veux pas prendre de risques pour le bateau. Je savais que ça n’allait pas être facile. Il y a deux ans, Banque Populaire et Armel Le Cléac’h n’ont pas eu de fenêtre. Nous n’étions pas loin de vivre la même chose. Quand cette petite fenêtre s’est profilée, cela valait vraiment le coup de la tenter. Cela ne s’est finalement pas joué à grand-chose, à quelques orages près… Ce record n’est pas facile, mais c’est ça qui le rend intéressant, il faut être patient pour le battre. »

© Lloyd Images

© Lloyd Images

François Gabart embarquera deux équipiers aux Açores pour finir la traversée, l’ultime participera ensuite aux fêtes de Brest à partir du 13 juillet, puis le skipper terminera avec une tentative de record de la Méditerranée en septembre.
François Gabart se montre bien sûr satisfait de cette tentative puisqu’il décroche ce record des 24h : « C’est une grande fierté de détenir ce record. Nous avons su être opportunistes pour le battre en sautant sur l’occasion quand la fenêtre s’est ouverte. Ce record n’est pas facile, parce qu’il faut trouver les bonnes conditions sur 24 heures. Là, nous avons bénéficié d’un vent qui n’a pas trop bougé. En revanche, pendant les douze premières heures, il y avait un peu de mer, ce qui me fait penser qu’il y a sans doute moyen d’aller plus vite et de tenir 33-34 nœuds de moyenne avec une mer plate. Mais le fait d’être capable de naviguer pendant 24 heures à fond la caisse, c’est du pur bonheur, ça montre le réel potentiel du bateau. »

Armel le Cléac’h décroche le record des 24 heures avec 682 milles

Armel Le Cléac’h, le skipper du Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII, a amélioré, cette nuit le record des 24 heures à la voile en solitaire avec 682 milles parcourus soit une moyenne de 28,4 noeuds, il avait déjà battu ce record hier avec 677 milles, le record était jusque là détenu par Francis Joyon avec 666,2 milles.

Il possède ce soir plus de 500 milles d’avance sur le temps de référence ce qui devrait lui permettre de gérer cette avance jusqu’à l’arrivée, il devrait empanner dans la nuit afin de se recadrer sur la route directe et malgré un vent qui va mollir à l’approche de l’archipel des Antilles.

Armel Le Cléac’h : « On avance toujours très vite ce lundi midi après une nuit agitée avec pas mal de vent : l’alizé est plus soutenu que prévu avec 28-30 nœuds ! Et même s’il y a eu des grains, la trajectoire est très rectiligne depuis les Canaries. Comme ça, Banque Populaire a désormais les deux records sur 24h, en équipage (908,2 milles soit 37,84 nœuds) et en solitaire ce matin avec 682 milles soit 28,41 nœuds de moyenne… C’est bien d’avoir pu enchaîner les milles sur la moitié du parcours de cette Route de la Découverte. A 1 000 milles de l’arrivée, ce devrait être moins rapide que ces quatre premiers jours parce que le vent va mollir en approche de l’arc antillais. Je devrais avoir un empannage la nuit prochaine parce que l’alizé va passer au secteur Est aujourd’hui mais cela s’annonce pas mal pour la suite car je n’aurais pas d’autres manœuvres jusqu’à la longitude de Cuba. Je n’ai pas eu trop de changements de trajectoire et c’est bien sur un grand bateau : trois empannages avant les Canaries, un autre sous Gran Canaria. En revanche, j’ai dû changer de voiles d’avant et prendre des ris : je ne suis pas trop fatigué, mais nerveusement c’est un peu plus dur ! J’accuse un peu physiquement parce qu’il faut être sur le pont mais avec le vent qui faiblit, cela va me permettre de recharger les batteries… »

 

Francis Joyon pulvérise le record de l’Atlantique Nord

Francis Joyon, sur le maxi trimaran Idec a réussi son pari, en lien avec son routeur Jean Yves Bernot, de battre le temps de référence sur l’Atlantique en solitaire.

La fenêtre météo ne semblait pourtant pas idéale, obligeant le marin à une route sud, à près de 400 milles de l’orthodromie, alors que Thomas Coville avait bénéficié pendant 4 jours d’une route sur celle-ci, et avait donc effectué moins de milles pour se rapprocher des côtes anglaises. Pourtant Francis Joyon a réussi à maintenir son multicoque en avant de la dépression qui l’a accompagné du début à la fin de son parcours, il a grâce à deux empannages à se recaler pour éviter le centre de celle-ci, se faisant, il a pu aligner les milles, avec un maximum de 665 en 24 heures (à un mille de son record des 24 heures). En maintenant de telles vitesses, le retard dû à cette route sud s’est transformé en avance, et le skipper a pu négocier la fin de son parcours à des vitesses proches des 30 noeuds.

Francis Joyon a passé la ligne d’arrivée de cette traversée de l’Atlantique Nord hier après midi après 5 jours 02 heures 56 minutes et 10 secondes, en améliorant le temps de Thomas Coville sur Sodeb’O de 6 heures 34 minutes et 30 secondes. Il aura parcouru 3222 milles à une vitesse moyenne réelle de 26,20 noeuds (distance orthodromique : 2 865 milles pour une vitesse moyenne de 23,30 noeuds).

Il détient donc les quatre plus grands records à la voile en solitaire, à savoir le tour du monde (depuis 2008, en 57 jours 13 heures 34 minutes 6 secondes), le record des 24 heures (depuis 2012 avec 666,2 milles soit près de 28 noeuds de moyenne), le record de la Route de la Découverte (depuis février 2013 en  8 jours, 16 heures, 07 minutes, 05 secondes) et enfin cette traversée de l’Atlantique Nord.

L’ensemble du monde de la voile salue cette incroyable performance, le skipper d’Idec accroit un peu plus la pression sur les épaules de ces adversaires, notamment Thomas Coville, qui dispose d’un bateau très proche (mêmes architectes :  Irens Cabaret mais avec 5′ de plus à la flottaison) mais plus performant sur le papier, et qui s’est vu détrousser de trois de ces records, il tentera cet hiver de ravir le tour du monde à son adversaire.