Deuxième journée de régates très spectaculaire aujourd’hui pour les AC45, à Plymouth avec trois chavirages sur la seule manche du jour, et deux équipages frôlant la correctionnelle lors des runs de vitesse.
Hier, Emirates Team New Zealand avait empoché la première et la troisième manche, la seconde allant à ORACLE Racing Spithill. Côté français, Energy Team débuté la journée avec un rappel suite à un départ prématuré, terminant dernier de cette première manche, Aleph se distinguait avec une quatrième place sur la première course, puis une cinquième sur la troisième manche, l’équipage mené par Bertrand Pacé pointait en quatrième position derrière les favoris ETNZ, Oracle Racing Spithill et Artemis Racing.
Une seule course en flotte était prévue aujourd’hui avec un grand soleil, 35 nœuds en rafales et une mer agitée, les conditions étaient réunies pour une régate spectaculaire.
Trois chavirages ont émaillé cette manche, la série a été inauguré par Aleph, sur le second bord de reaching après quatre minutes de course, suite à un planté des étraves, le second équipage à chavirer était celui de Team Korea, toujours suite à un planté, le catamaran a pendant quelques secondes semblé retomber du bon côté avant de se coucher sur l’eau, Green Comm clot la série sur le dernier bord.
L’équipage français a rapidement pu redresser son cata, mais le haut de l’aile a été sérieusement endommagé lors du chavirage et l’équipe n’a pas eu d’autre choix que d’abandonner et de rentrer au port afin de gruter le catamaran au plus vite. Les réparations sur Green Comm seront également importantes, le team prévoit deux jours pour remettre l’AC 45 en état de naviguer.
Rapidement Terry Hutchinson sur Artemis Racing prenait la tête, suivi de James Spithill (Oracle Racing) et Loïck Peyron (Energy Team). Sur les premiers bords, l’équipage de Dean Barker (ETNZ) revient au contact d’Oracle Racing Spithill, sur un virement, les deux bateaux encadrent Artemis Racing qui doit abandonné suite à une casse sur le volet arrière de l’aile. Energy Team voyait revenir Russell Coutts, qui arrivait à passer le catamaran français sous le vent.
Sur la ligne, James Spithill et son équipage s’imposent devant ETNZ et Oracle Racing Coutts, Energy Team termine quatrième devant China Team et Team Korea qui a bouclé le parcours malgré le chavirage (le règlement autorise les équipages à terminer la course après avoir reçu une aide extérieure suite à un chavirage).
La journée s’est terminée avec des runs de vitesse sur 500m, comme samedi, Russell Coutts a été le plus rapide avec un run à 25,92 nœuds de moyenne (48 km/h).
Lors de leur premier essai, Oracle Racing Spithill et Energy Team ont frôlé le chavirage
Réactions du jour
Bertrand Pacé (FRA), skipper/barreur, Aleph (FRA) :
« Nous avons chaviré par l’avant, l’étrave a planté et le bateau a suivi. Personne n’a été blessé et nous avons juste abîmé le haut de l’aile. Nous naviguions sur un angle délicat (au reaching) mais nous allions très vite et nous pensions que ça passerait car cela arrive plutôt avec moins de vitesse. Ce sont des conditions dans lesquelles nous devons courir, il suffit juste d’apprendre à bien régater dans ces situations c’est tout. Mon manque d’expérience du multicoque a entrainé notre chavirage aujourd’hui. On ne peut pas avoir la régate et le multicoque, ça s’apprend et aujourd’hui nous avons touché les limites. On attaque plus en course qu’en régate, c’est normal. Le chavirage fait partie du jeu mais les conditions étaient maniables. »
Loïck Peyron (FRA), skipper/barreur, Energy Team (FRA) :
« Belle journée avec un très bon départ pour une manche de 40 longues minutes car il fallait survivre avec beaucoup de vent et des angles de vent difficiles à tenir. C’est la première fois que l’on courrait dans des conditions aussi intenses. Le marin expérimenté du multicoque au large que je suis sensé être revient un peu trop, avec cette envie de finir et de ne rien casser, c’est « offshore » comme attitude. Je ne regrette pas car notre bateau est en entier en soir. Ceux qui apprennent depuis six mois ou un an ont cette chance de l’innocence. Nous, nous savons aussi comment faire mais nous avons trop vécu de catastrophes au large en multi pour ne pas en être imprégnés. »
Yann Guichard (FRA), régleur d’aile rigide, Energy Team (FRA) à propos des différences entre les épreuves d’Xtrem 40 et d’AC45 :
« Les deux sont de la régate condensée à l’extrême. Si les parcours sont un peu plus grands en AC45, les bateaux vont plus vite et nous avons aussi la limite virtuelle à gérer, le rythme à tenir à bord est donc similaire. Il y a néanmoins la spécificité du bateau, plus extrême, plus rapide, plus instable en latéral mais beaucoup moins en enfournement qu’un Xtrême 40. Par contre, quand tu commences à lever, tu arrives vite à l’angle critique où tu es en équilibre instable et tu ne sais pas de quel coté le bateau va retomber. »
Luca Devoti (ITA), directeur sportif, Green Comm Racing (ESP) :
« Personne n’a été blessé mais l’aile a été endommagée, nous aurons besoin de deux jours pour la réparer.
Russell Coutts (NZL), skipper/barreur, ORACLE Racing Coutts (USA) :
« Il y avait beaucoup de choses auxquelles il fallait faire attention aujourd’hui. Vous pouvez rater un virement et chavirer. C’est bien, cela met les marins à l’épreuve et c’est pour ça que nous sommes là. Attendez de voir quand la flotte régatera à San Francisco, ce sera comme ça tous les jours. »
Chris Draper (GBR), skipper/barreur, Team Korea (KOR), à propos du moment du chavirage :
« Nous savions que nous étions lents au moment du bear-away et que c’était un peu risqué. Il n’est pas idéal de vivre cela en course, mais c’est bien que cela arrive maintenant et merci à notre équipe technique qui nous a aidé à remettre le bateau à l’endroit pour que nous finissions la course. »
Vasilij Zbogar (SLO), skipper/barreur, Green Comm Racing (ESP) sur le fait de chavirer peu avant l’arrivée :
« C’était vraiment dommage de chavirer à la fin, mais je pense que nous étions très fatigués. C’est la première fois que nous régatons dans ces conditions. Nous avons bien navigué sur la première moitié du parcours mais sur la seconde, nous avons commencé à faire des erreurs. Nous voulions la jouer « safe » jusqu’à l’arrivée mais vous ne pouvez pas vraiment sur ces bateaux, il faut être à 100% tout le temps, sinon vous chavirez, ce qui nous est arrivé à la fin mais cela aurait pu être le cas n’importe où sur le parcours. »
Terry Hutchinson (USA), skipper/barreur, Artemis Racing (SUE) :
« La bastaque a heurté l’aile et le volet arrière s’est brisé sur la partie basse. Emirates naviguait à notre vent et pour éviter les problèmes supplémentaires, nous avons décidé d’arrêter la course. »
Dean Barker (NZL), skipper/barreur, Emirates Team New Zealand (NZL), à propos de l’exigence de ces conditions :
« Cela réduit les possibilités sur la manière de conduire le bateau. Malheureusement, nous avons raté deux virements et n’avons saisie toutes nos opportunités. Pour nous ces événements sont d’abord une occasion de faire progresser l’équipe afin d’être de plus en plus confiants en multicoque. C’est bien d’avoir différentes conditions météo, car celles d’aujourd’hui pourraient ressembler à celles de San Francisco. »
James Spithill (AUS), skipper/barreur, ORACLE Racing Spithill (USA) sur la volonté de toujours s’améliorer même après une victoire :
« Nous pouvons encore gagner en vivacité. Aujourd’hui, je me suis efforcé à rester calme ce qui n’est pas évident car vous savez que chaque erreur peut coûter très cher. »
Charlie Ogletree (USA), skipper/régleur/tacticien, China Team (CHN), satisfait du comportement de son équipe :
« Une très belle pour nous. Nous étions vraiment satisfaits de notre préparation, du programme et de nos nouveaux marins. C’est la plus belle manche réalisée jusqu’ici avec cet équipage. »