Trois équipages s’étaient rapidement détachés sur ce Tour de France à la voile nouvelle version, Combiwest mené par Fred Guimin, Groupama mené par Pierre Pennec et Franck Cammas et Spindrift racing mené par Xavier Revil et François Morvan.
Le dénouement a finalement eu lieu en Méditerranée, la contre performance de Groupama sur le raid côtier de Nice hier (14ème) permettait à Spindrift de revenir à égalité de points, en reprenant 13 points à son adversaire.
Pierre Pennec et ses hommes espéraient que cette dernière journée de courses en stade nautique leur permettrait de s’imposer, mais la météo aura eu raison de ces espoirs.
En effet, le vent était trop faible ce matin pour lancer une manche mais est rapidement monté dans l’après midi à une vingtaine de noeuds avec un clapot de 80cm. Le comité parvenait à valider trois manches de qualification, la dernière étant courue dans des conditions difficiles avec un chavirage pour Sébastien Rogues et son équipage sur Engie.
La seconde manche de qualification du second groupe ne pouvait donc être lancée du fait du renforcement du vent, le comité annulait donc la journée, et le classement général se figeait sur les positions d’hier au soir.
Spindrift et Groupama étaient donc à égalité de points, l’équipage de Xavier Revil et François Morvan l’emporte grâce à à un plus grand nombre de secondes places, Combiwest complète le podium, à 3 points du vainqueur.
Le jeune équipage de Vannes Agglo termine à une superbe 4ème place (à 43 points du vainqueur), et remporte le classement amateur.
Classement Général du Tour de France à la Voile 2015 :
1. Spindrift, 747 points
2. Groupama, 747 points3. Combiwest, 744 points
4. Vannes Agglo, 704 points
5. Grandeur Nature Vérandas, 695 points
6. Prince de Bretagne, 666 points
7. Beijaflore, 659 points
8. PRB, 652 points
9. La France du Nord au Sud, 649,5
10. Maitre Coq, 641 points
Cette édition du Tour de France aura tenu en haleine marins et spectateurs, grâce à une compétition disputée entre des équipages de haut vol, un bateau simple mais spectaculaire et quelques figures de style.
Xavier Revil (co-skipper de Spindrift) : « Ce nouveau format du tour de France à la voile a été une grande réussite. On a tous envie de ramener la voile près du public. C’est un sport magnifique et j’espère que les gens qui nous regardaient depuis la plage ont pris beaucoup de plaisir. On montre que le Tour, c’est du sport, de l’engagement Je crois qu’on a pu montrer ça au grand public. Ça vaut le coup d’être leader à l’avant-dernière journée ! (rires).
Mais on ne sait jamais trop ce qu’il faut faire, s’il faut contrôler un bateau, deux bateaux, ou pas du tout… On aurait préféré avoir en permanence des points d’avance, mais on s’est montré qu’on n’était pas si mal dans la position du chasseur, plutôt que du chassé. On a su ne pas se démobiliser malgré les points de retard qu’on avait sur le leader à un moment donné.
Je tire un grand coup de chapeau à toute l’équipe, cette grande équipe qui a montré qu’elle était capable de relever ce défi. Je suis tellement heureux qu’on ait réussi à rester soudés jusqu’au bout pour aller remporter cette grande victoire. Ça a été difficile, à un moment donné, mais on savait qu’il se passe toujours quelque chose sur le Tour quand on aborde la Méditerranée.
Et puis on a eu des moments difficiles sur des raids, mais il n’y avait pas de raison que les autres y échappent. Ça se joue sur la fin, au final, il nous a juste fallu attendre le retour de la réussite. On y a toujours cru. Toujours. C’est un projet qui a été mis en route par Dona Bertarelli et Yann Guichard en décembre. La mission qui nous était confiée était, clairement, d’aller chercher la victoire. Je suis très content d’y être allé, d’avoir réussi à mener à bien ce projet. J’ai eu Yann (Guichard) au téléphone dès l’arrivée qui était très ému et très fier de notre résultat, mais il nous a soutenu et suivi tout au long de ce tour de France à la voile et a su prendre les décisions stratégiques qui s’imposaient pour le gagner. On s’est battu toute la saison avec Groupama et CombiWest. Ils ne nous ont pas facilité la tache. On savait que le Tour se jouerait entre ces trois bateaux, on s’est échangé les places de bout en bout. Vraiment, c’est le professionnalisme de l’équipe qui fait qu’on a eu les ressources pour tenir la distance de bout en bout. Je voulais aussi tirer un coup de chapeau à ASO, qui a superbement géré ce Tour alors que personne ne savait vraiment comment ça allait se passer avec les montages et démontages des bateaux. On était tous assez inquiets et ça s’est passé dans la bonne humeur, ça coulait, c’était un vrai plus. On était organisé en interne, mais ça a été plus facile, on ne s’est jamais senti fatigué par ça. C’était une belle et grosse caravane. »
Pierre Pennec (barreur de Groupama) : « Je veux évacuer la frustration et ne pas me laminer la tête pour rien. C’était un beau Tour de France à la Voile, avec de belles conditions pour régater, avec un bon niveau. J’ai la chance de faire partie du projet Groupama Team, qui estun beau projet, j’ai eu la chance de naviguer avec de super mecs ; c’était chouette de faire le Tour de France et toute la saison de Diam avec Groupama. On voulait vraiment le gagner, on termine deuxième, à égalité. On perd trente points sur deux raids côtiers en Méditerranée qui étaient foireux, celui de Gruissan et celui de Nice.
Sur le reste du Tour, je pense qu’on a bien navigué surtout dans les moments importants, les points décisifs, on a su marquer ces points là. Je suis déçu parce que je voulais vraiment gagner ce Tour, mais on n’a pas toujours ce qu’on veut. On reviendra pour le gagner. Voilà. Je n’ai pas envie de laisser de la place à la déception. Les conditions ont d’abord été belles, avec une belle mer, puis le vent est rentré, mais trop fort. Le comité de course a eu raison d’annuler la journée, parce qu’il y aurait eu beaucoup de bateaux sur le toit, et probablement des blessés. Je pense que ça ne passait réellement pas. C’est dommage que le vent ait viré si fort, parce que les premières régates étaient vraiment sympas, on avait bien géré la nôtre et j’aurais vraiment aimé qu’on s’offre une finale face à Spindrift, avec une vraie intensité. Terminer deuxième ex æquo avec le premier, c’est intéressant et on voit bien où sont les points qui nous manquent. Je n’ai vraiment pas envie de penser à ça, mais plutôt à nos cinq victoires et à nos deuxièmes places, aux belles manches qu’on a gagnées et aux courses d’avant-saison qu’on a remportées. Il y a eu des moments de grande régate : quand on colle six minutes au deuxième, à Pornichet, sur le raid côtier. On allait à une vitesse folle, on gérait super bien le plan d’eau. Il y a aussi le stade de Gruissan : après la première manche où on se plante, on remporte trois régates et on finit avec une troisième place. Dans ces cas là, soit on s’écroule, soit on relève la tête. Pour moi, ça a été un grand moment du Tour. Je veux aussi me souvenir des beaux endroits où on a navigué, Fécamp, Roscoff, Marseille, et à cette très belle équipe, à terre comme en mer. »
Matthieu Salomon (co-skipper de Vannes Agglo – Golfe du Morbihan), 4e du Tour et vainqueur du classement amateur : « On a gagné et gardé la quatrième place au classement général, c’est une super récompense, pour un premier Tour de France. On en gardera de super souvenirs, on s’est confronté à l’élite de la voile française et c’était une super expérience pour nous. On est ravi d’être quatrième du classement général et vainqueur du classement amateur. On s’est très bien entraîné cet hiver avec Daniel Souben, et puis je pense que le fait qu’on soit une équipe de potes nous a aidés. On n’a jamais eu de pression, on faisait ça entre amis qui avaient déjà navigué à très bon niveau ensemble. Du coup, on a pris du plaisir sur l’eau et, quand on prend du plaisir, on performe. C’est une machine vertueuse qu’on a su mettre en place, même si on a eu un peu de mal par moments, avec quelques passages à vide. On reviendra, c’est sûr, parce que Team Vannes Agglo a monté un projet pour trois ans et on sera là l’an prochain avec pour ambition de monter sur le podium. C’est ambitieux, mais on va se préparer pour ça. »
Didier le Vourc’h (régleur de Prince de Bretagne) : « On prend une des places les plus convoitées du Tour, et on s’est bien battu pour aller la chercher. Pour faire mieux, il aurait fallu se réveiller plus tôt, mais c’est comme ça. On s’est bien régalé en Méditerranée, on a pris énormément de plaisir, on a bien navigué. Pour l’anecdote, on termine en gagnant la première manche du jour, comme à Dunkerque et, comme à Dunkerque, la journée est annulée. Est-ce qu’il faut y voir un signe ? (rires). »
François Morvan (co-skipper de Spindrift) : « C’est un scénario incroyable ! On est vraiment content. Même si on a été un peu en difficulté au milieu du Tour, on s’est toujours battu, on a toujours donné le meilleur de nous mêmes sur le bateau et on a toujours fait en sorte que le bateau soit performant.
Aujourd’hui, cela a été long d’attendre que le vent rentre et, ensuite, long d’attendre pour savoir si ça allait continuer ou pas. Sur les deux manches aujourd’hui on fait 2e et 1er et on attendait qu’ils lancent la deuxième manche de qualification pour le groupe de Groupama. Mais avec nos résultats, comme il a fait 3e de sa première manche, c’était réglé de toutes façon, même s’il pouvait gagner la suivante. On est vraiment content d’avoir gagné. Je suis ravi pour Yann (Guichard) et Dona (Bertarelli) qui nous font confiance et qui nous ont donné la possibilité d’être au top sur l’eau. Merci à toute notre équipe à terre. Le plus, c’est le suspense jusque la fin. Et le moins… Quand on gagne, c’est dur de trouver des moins. C’est vrai que le rythme est soutenu mais, comme Groupama, on a la chance d’avoir une super
équipe à terre et de tourner à deux barreurs. Je pense que ça nous apporte un peu de fraîcheur en fin de Tour. »
Quentin Delapierre (co-skipper de Vannes Agglo – Golfe du Morbihan) : « Mon seul regret, c’est peut-être le Raid de Gruissan. On était dans le coup, mais on fait une erreur, sans doute due à notre manque d’expérience, et on termine 18eau lieu d’être dans les cinq premiers. C’est là qu’on a vu s’éloigner nos chances de podium. Mais on va revenir avec le couteau entre les dents l’année prochaine pour jouer le général. »