Prince de Bretagne à Rio, Sodeb’O de retour à la Trinité sur Mer

  • Le team Prince de Bretagne a rejoint Rio en fin de semaine dernière, après 5 jours de remorquage. L’équipe technique et le skipper, Lionel Lemonchois, procèdent au démontage de l’accastillage avant de préparer le rapatriement du trimaran 80′ Prince de Bretagne à Lorient, l’objectif du skipper reste la Route du Rhum dont le départ sera donné en novembre.                                                                                                                                  Lionel Lemonchois : Depuis vendredi soir, ça a été un peu long car nous n’avancions pas à plus de 6 noeuds de moyenne. Ca a aussi été très monotone. Seules les dernières 48 heures ont été un peu différentes puisqu’avec Patrice Richardot, l’un des membres de mon équipe technique, nous les avons passées à bord de Prince de Bretagne histoire de maintenir un feu à éclats sur le pont et de prévenir une mauvaise rencontre dans une zone de trafic dense.  Nous allons démonter tout ce qui peut l’être comme les poulies, les palans… puis tout rentrer à l’intérieur pour faire en sorte que plus rien ne traine sur le pont. Ensuite, l’ensemble sera gardé en attendant d’être rapatrié vers Lorient »
  • Thomas Coville qui avait abandonné sa tentative de tour du monde en solitaire du fait de conditions météos déafavorables, a regagné son port d’attache, la Trinité sur Mer. Il avait fait escale à Vigo durant 24 heures auparavant pour laisser passer la tempête Ulla.A son arrivée, le skipper du maxi trimaran Sode’bO est revenu sur cette tentative avortée :
    « Un mois de mer… Que ce soit, au moment du départ, dans une risée ou dans un grain, il faut décider tout le temps. Il faut continuellement mesurer ce qu’il y a de plus intelligent à faire. Il faut trancher, doser, tenter. Je souhaitais revenir seul et directement jusqu’à La Trinité-sur-mer, mais il a fallu une fois de plus être lucide et s’arrêter à Vigo. Au retour de mon dernier Tour du Monde en 2011,  j’ai passé ma fameuse ardoise magique qui efface tout car j’avais l’impression d’avoir subi ce tour du monde. Cette fois-ci c’est différent : j’ai choisi, j’ai tranché, j’ai pris une décision qui me regarde et aujourd’hui, je suis droit dans mes bottes par rapport à cela. L’anticyclone qui se développait sur les îles Kerguelen, nous poussait vers les glaces, ça aurait été de l’orgueil de continuer. C’est une décision sportive de marin et d’homme. Je suis resté lucide et honnête par rapport aux gens que j’aime, par rapport à mon partenaire en étant capable de me mettre des limites face à mon engagement et mes compétences. »

    « J’ai choisi, je ne subis pas, j’ai reçu les bonnes informations tous azimuts. Avec Jean-Luc Nélias, l’équipe et Météo France, nous avons aujourd’hui cette maturité d’être capables de prendre du recul sur ce qu’on fait, sur ce qu’on veut faire et surtout sur ce qu’on veut être. Nous avons été maîtres de nos décisions jusqu’au bout et c’est une position agréable. »

    « A aucun moment, nous ne nous sommes laissés prendre par l’orgueil et par la motivation. Je n’ai pas l’amertume d’avoir pris une mauvaise décision, seulement  l’amertume de ne pas avoir eu la possibilité d’aller jusqu’au bout. Ce bateau m’a fait progresser, le groupe m’a aidé tout le long de cette tentative. C’est un projet ultime car il va chercher très loin. Un projet qui m’a fait plaisir de bout en bout.  Si on reprend l’histoire dès le départ, partir de Brest de nuit, il fallait vraiment oser le faire ! Je crois qu’à ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup de volontaires pour me remplacer ! Il fallait le tenter par rapport à tout ce qu’on avait mis en œuvre. Et nous avons bien fait car le temps à l’équateur est honorable (ndlr : 6 jours 20 heures). »

    « Quand je suis parti, je pensais déjà à La Route du Rhum ! J’étais mieux en mer à naviguer que de rester à terre. Une descente et une remontée de l’Atlantique Nord et Sud, cela fait un sacré entraînement !  J’étais en totale confiance avec le bateau, c’est ce qui a motivé également ma décision de faire demi-tour. Je sais parfaitement où sont mes limites avec ce trimaran.  Ce mois de mer, presque un demi-tour du monde me donne confiance par rapport à ce que je vais engager pour le Route du Rhum. Nous avons un nouveau bateau en chantier, c’est un programme énorme car la mise au point d‘un projet comme celui-ci est gigantesque. Tout ce que j’ai appris durant ce mois va nourrir la suite du projet. »

Prince de Bretagne à l’endroit, en remorque vers le Brésil

Lionel Lemonchois avait été rejoint par son équipe technique jeudi soir, après 10 jours seul dans la coque centrale de son trimaran de 80′ chaviré. Ils ont réussi hier soir l’opération de retournement du multicoque en fin de journée.

Le skipper avait déjà très largement préparé la plate forme pour cette opération, son équipe et lui même ont terminé cette préparation hier. L’opération a consisté à  percer le flotteur tribord ainsi que toutes les cloisons étanches afin de le remplir d’eau et de le couler puis installer des sangles et un poids de plusieurs tonnes sur le côté opposé afin de faire contrepoids pour retourner le bateau.

Le schéma de l’opération de retournement des architectes du trimaran le cabinet VPLP

Lionel Lemonchois : « Nous avons commencé dès le lever du jour. Nous avons réalisé une première tentative dans la matinée qui a avorté après que le bout sur lequel nous avions fixé les cinq tonnes de chaînes cède, mais dans l’après-midi, l’opération s’est déroulée exactement comme nous l’avions prévue. Le flotteur vide a tourné très lentement autour de la coque centrale avant de basculer et de se retrouver à l’endroit. Le tout en douceur et sans brutalité ».

L’équipe a ensuite du vider l’ensemble de l’eau nécessaire à ce retournement, Fred Le Peutrec, membre du team « Nous avons fini au sceau. C’a été très physique d’autant qu’avec la chaleur, être en action à l’intérieur du bateau avait un tout d’un véritable sauna ! Mais tout le monde s’est bien donné »

Le bateau a ensuite été pris en remorque et progresse actuellement à 6 noeuds et devrait atteindre le Brésil dans 5 jours.
A noter, une rencontre peu plaisante pour les hommes du team Prince de Bretagne, comme l’explique le skipper : « Deux heures avant le lever du soleil, un cargo battant pavillon russe s’est approché de mon bateau. Il s’est arrêté à environ ¼ de milles. A bord du remorqueur, nous avons tenté de prendre contact avec lui par VHF afin de connaitre ses intentions mais il n’a pas répondu. A mon sens, il n’y avait aucune ambiguïté possible, il s’agissait d’un bateau pirate. Il est resté un long moment à observer, tentant visiblement de se positionner entre nous et le Maxi80. Il a fini par partir mais je ne veux pas penser au déroulement de la situation si j’avais été encore tout seul sur zone ».

Le point sur les records, Le Cléac’h et Lemonchois en avance, Coville en retard

Thomas Coville et Lionel Lemonchois naviguent au large de Brésil, Sodeb’O accuse un retard de 234 milles sur le record autour du monde, après un passage de l’équateur en 6 jours 20 heures, alors que Prince de Bretagne a 406 milles d’avance sur le record de la Mauricienne, avec un temps de passage à l’équateur de 6 jours 9 heures 51 minutes.

Les deux marins vont être confrontés à une grosse difficulté dans l’atlantique sud avec un anticyclone de Sainte-Hélène très décalé dans l’ouest au sud, ce qui altère les modèles météos classiques.

Lionel Lemonchois, skipper de Prince de Bretagne : « Quand on regarde les analyses météo pour la semaine à venir, on voit que ça va être très compliqué. Pour l’instant, c’est un véritable mur qui se dresse au milieu de l’Atlantique sud. De ce fait, le contournement de la zone de haute pression par l’ouest ne semble pas terrible. Il va donc falloir passer à travers mais ça ne va pas être évident. Enfin, comme on dit, chaque jour suffit sa peine. J’avance donc vers le sud et espère que ça va s’ouvrir ».

Thierry Briend., membre de la cellule routage de Sodeb’O : «  L’ anticyclone de Sainte-Hélène est très étendu d’Ouest en Est et génère peu de vent. Avec la chaleur, cela favorise la création de nuages et de grains.  Depuis 2h du matin, Thomas est sous l’emprise d’un énorme nuage (photo ci-dessus) et la difficulté aujourd’hui sera de trouver un chemin dans ce gruyère. En temps normal, la situation plus Nord de l’anticyclone, empêche la création de ces masses nuageuses et surtout la vitesse de déplacement de ces dernières est beaucoup plus rapide.  Aujourd’hui, tous ces phénomènes sont très lents, c’est un cercle vicieux ! Le nuage est lent donc Thomas met plus de temps à le traverser. Jusqu’ici, nous avons conservé le choix entre plusieurs scénario même si aucun n’est très réjouissant. Aujourd’hui, les observations annoncent moins de 5 nœuds de vent dans une grande partie de l’anticyclone qui s’étale sur la moitié de l’Atlantique Sud. Et on ne voit toujours pas de dépression se former vers Rio, ce qui nous donnerait alors un peu d’air pour traverser. On sait qu’on ne coupera pas le fromage comme Francis, maintenant, il va falloir limiter la perte de temps pour Thomas. »

Pour Armel le Cléac’h sur Banque Populaire VII, la situation est nettement moins complexe pour le skipper, qui s’est attaqué lui aussi à un temps de Francis Joyon sur la Route de la Découverte. En effet il a bénéficié d’un flux soutenu depuis le départ de Cadix le 23 au soir, et n’a eu que peu de manoeuvres à effectuer (3 empannages contre 9 pour son adversaire virtuel jusqu’ici). Il possède 311 milles d’avance sur le record.

 

Armel Le Cléac’h, skipper de Banque Populaire VII : « Tout va bien. Le jour est en train de se lever. Je suis actuellement sous la casquette où je passe la plupart de mon temps. La mer s’est rangée après le passage des Canaries, cela facilite la vitesse. Et puis cela m’a permis de me reposer tout en restant vigilant, jamais très loin de mes écoutes. Au fil des milles parcourus, je prends confiance, je m’habitue aux grandes vitesses et à certaines pointes du bateau à 35 nœuds ! Je suis content de mon plan de route. Ma trajectoire est assez proche de ce que nous avions convenu avec Marcel van Triest, mon routeur. Un seul empannage sous les Canaries, c’est assez rare. J’ai réussi, dans une mer agitée et difficile, à éviter quelques dévents des îles. Pour la suite, il y aura un point de passage difficile à partir de demain soir avec certainement un empannage à gérer. Les fichiers météorologiques ne sont pas d’accord. Le vent sera moins fort. En tout cas, le bateau se comporte formidablement bien. »

Accelération pour les deux skippers avant le Pot au Noir

Thomas Coville et Lionel Lemonchois, qui s’attaquent respectivement au record du tour du monde et à celui de la Mauricienne, ont très nettement accéléré sur les derniers jours dans les alizés bien établis et qui s’étendent au sud, ce qui annonce un Pot au Noir assez peu actif et étendu, cependant l’anticyclone de Saint Hélène s’étend très à l’ouest, ce qui devrait contraindre les marins à un grand contournement le long des côtes brésiliennes.

La vidéo de Thomas Coville, skipper de Sodeb’O d’hier :

Lionel Lemonchois a enregistré hier la meilleure moyenne sur 24 heures sur son trimaran 80′ Prince de Bretagne avec 622,3 milles (le record de Francis Joyon étant à 666,2 milles).

Aujourd’hui l’avance de Lionel Lemonchois sur le record de la Mauricienne est de 516 milles, alors que le retard de Thomas Coville sur celui du tour du monde s’est réduit à 44 milles.

Thomas Coville et Lionel Lemonchois ont passé le Cap Finistère

Les deux marins qui se sont lancés sur leurs records respectifs hier ont tous les deux passé le Cap Finistère cette après midi.

Les skippers sont actuellement en retard sur le temps de Francis Joyon (7 milles pour Lemonchois et 82 pour Coville), mais cette tendance devrait rapidement s’inverser avec le renforcement du front qui devrait atteindre 25 noeuds dans la nuit, ce qui devrait leur permettre d’engranger des milles.

© Marcel Mochet

Thomas Coville a également connu une première nuit difficile avec quelques grains et le passage du thalweg à gérer, il devrait lui aussi profiter du renforcement du vent pour reprendre des milles sur le record.

http://www.dailymotion.com/video/x19vkaa

Thomas Coville et Lionel Lemonchois sur le départ

Thomas Coville et Lionel Lemonchois profitent tous les deux de ce qui sera probablement la dernière fenêtre météo de l’hiver pour appareiller.

Thomas Coville, le skipper du maxi trimaran Sodeb’O, quittera Brest dans la soirée pour se diriger vers la ligne de départ au large d’Ouessant. Le départ de cette nouvelle tentative de record autour du monde en solitaire devrait se faire vers minuit.

Les conditions seront musclées sur ce début de parcours avec environ 30 noeuds sur zone, associés à une forte houle.

Les explications du skipper :
« Ce n’est pas franchement les conditions rêvées. Partir de nuit au près dans de la mer devient vite compliqué en solitaire sur un bateau de 30 mètres. Mais il faut s’élancer avec le vent pour éviter de se retrouver coincé demain matin à Brest où on annonce moins de 7 nœuds de vent. La situation est différente pour Lionel (Lemonchois, skipper du Maxi80 Prince de Bretagne qui doit s’attaquer demain au record Port-Louis, en France – Port Louis, Ile Maurice). En partant de Lorient (80 milles – 150 km plus au Sud), il devrait échapper à ce coup de mou et aura encore 15 à 20 nœuds de vent demain midi. La fenêtre est tentante. J’aurais 12 et 14 heures de près dans du vent fort avant de traverser le front et de récupérer du vent Ouest-Nord-Ouest portant. Ensuite, ce sera une descente sportive dans du vent et de la mer. Au Portugal, on passe sous l’anticyclone des Açores qui est encore bien installé avec de l’alizé établi qui peut nous permettre de dérouler jusqu’au Cap Vert. »

 

De son côté, Lionel Lemonchois, sur son trimaran de 80′ Prince de Bretagne, partira de Lorient demain sur la Mauricienne entre Port-Louis en rade de Lorient et Port-Louis dans l’archipel des Mascareignes. Comme l’explique Thomas Coville, les conditions seront plus simples pour le skipper normand, qui empruntera la même route que son homologue sur le début de parcours.

Lionel Lemonchois :

« Du vent de secteur nord-ouest très fort (entre 45 et 50 nœuds) est annoncé dans la journée de dimanche au large du cap Finisterre. C’est pourquoi je pense, pour l’instant, partir dès vendredi midi si je veux rester devant la mer et la baston. Et la bonne nouvelle c’est que l’entame s’annonce sympa car maniable. Rapide aussi.  Dans les prochaines 48 heures, nous allons continuer de faire un point toutes les 12 heures afin de surveiller l’évoluer des systèmes puis mon équipe technique va annoncer au WSSRC (World Sailing Speed Record Council) notre intention de départ pour le record. Ensemble, nous allons également effectuer un tour complet du bateau, histoire de vérifier une dernière fois que tout est fin prêt pour éviter les surprises. Nous allons également valider les consignes de sécurité, charger le camion qui pourra ainsi être en mesure d’intervenir jusqu’aux balcons de l’Europe en cas de pépin technique et faire quelques courses pour le frais. Il n’y a aucun stress. Je suis prêt à partir depuis un moment et je suis content que cela se concrétise »

Les deux skippers iront cherché des chronos détenus par Francis Joyon sur Idec, 57 jours, 13 heures et 34 minutes pour le tour du monde et 26 jours 44 minutes et 29 secondes pour la Mauricienne.