Pour son retour à la compétition cette année, l’équipage de Banque Populaire V commence fort en pulvérisant le temps du record SNSM. Loïck Peyron et ses douze hommes d’équipage ont coupé la ligne d’arrivée de ce record de 360 milles ce matin à 6h48’30’’ après seulement 11h48’30’’ à une vitesse moyenne de 30,51 nœuds et des pointes à plus de 40 nœuds.
Les conditions de brise et par vent de travers (sud-ouest de 18-20 nœuds) étaient idéales pour le maxi trimaran qui bat largement le temps de référence détenu par Gitana 11 (19h39’58’’ en 2010) sur le parcours à deux boucles entre Saint-Nazaire et Sainte-Marine.

© Bruno BOUVRY / Record SNSM
Loïck Peyron : « Nous avons vécu un bien joli Record SNSM, de pleine nuit. On n’a rien vu ou presque : c’était gris et trempé … Il y a eu d’abord un départ un peu compliqué au milieu d’une flotte nombreuse. Avec une si grosse machine, sans moteur, on se sent un peu limite. On est donc parti extrêmement prudemment : c’était la consigne. Il nous fallait accepter de partir de derrière, c’était d’ailleurs le meilleur moyen finir devant. Et ensuite à l’attaque avec un équipage exceptionnel ! Ce bateau est une machine à records incroyable, un magnifique navire à bord duquel on a une sensation de protection totale. Je pense d’ailleurs que ce n’est pas seulement une sensation : Banque Populaire, qui est très haut sur l’eau et très bien protégé, est mille fois plus sécurisant que beaucoup de monocoques de course.
On s’est beaucoup relayé au cours de cette nuit sans visibilité : toutes les heures, parfois même un peu moins, à la barre. Ce sprint côtier, au cours duquel on croisé et rattrapé plusieurs fois la flottille du Record, exigeait une concentration extrême. Mais je suis très heureux de retrouver les sensations offertes par les gros multicoques, et c’est aussi très sympa de partager de tels moments avec un équipage de cette qualité. Pour tous les marins du bord, c’est très important de signer ce temps pour les sauveteurs de SNSM : nous sommes tous contents que la première course de ce bateau, qui n’est pas conçu pour courir en flotte mais plutôt pour chasser des records, leur soit dédiée. »
Gitana 11, le bateau qui détenait le temps de référence n’a pas fait pâle figure, puisque l’équipage mené par Sébastien Josse améliore le temps de 2010 de plus de 5 heures, en 14 heures 18 minutes et 45 secondes, à une moyenne de plus de 25 noeuds.
Sébastien Josse : « Les conditions météos de ce record n’étaient pas idéales mais elles étaient clairement favorables pour les chronos. Nous avons eu globalement plus de vent que ne l’annonçaient les prévisions. Nous attendions 18 à 20 nœuds mais le flux soufflait plus entre 22 et 23 nœuds, ce qui n’était pas pour nous déplaire. Avec le passage annoncé d’un front lors de notre première montée vers Sainte-Marine nous savions que la mer allait se lever entre Belle-Ile et Groix et effectivement, c’était agité sur le plateau des Birvideaux. C’est pourquoi, nous avons choisi par la suite de passer plus à terre dans ce secteur afin de nous préserver de cette mer formée. La pluie qui s’est abattue sur nous quelques milles après le départ, nous a malheureusement accompagné tout au long du parcours. Le plus problématique étant le manque de visibilité consécutif à ces conditions météos. La première descente entre Sainte-Marine et l’entrée du Chenal de Saint-Nazaire était assez rock and roll car nous avons croisé toute la flotte avec une visibilité ne dépassant pas les 50 mètres ! Et cela alors que Gitana 11 avançait entre 25 et 30 nœuds. Ce parcours réclamait une grande concentration des barreurs tout autant que des équipiers qui scrutaient en permanence les abords du bateau.
Avoir un lièvre aussi rapide était vraiment stimulant pour nous à bord. Sur mer plate, nous parvenons à bien tenir le rythme de Banque Populaire mais dès que la mer se forme sa longueur lui donne l’avantage. Malgré tout, sa présence nous a poussé à exploiter le bateau à la hauteur de son potentiel et ces 360 milles ont été riches en enseignements. Ce record SNSM est une nouvelle étape dans mon apprentissage du multicoque et dans la préparation de notre future saison en MOD 70. Les entraînements ne remplaceront jamais les courses et étrenner mon équipage et notamment notre organisation à bord dans ces conditions de navigation est très positif pour la suite.»

© Bruno BOUVRY / Record SNSM
Lalou Roucayrol et son équipage terminent troisième de la G-Class sur l’ancien B&Q Castorama : ils affichent une moyenne de 19,55 noeuds sur les 360 milles du parcours.
Du côté des Multis 50′, Lionel Lemonchois, favori, n’a pas failli et a mené pendant tout le record et s’offre le scratch dans sa catégorie en 17h01’35 secondes à 21,14 nœuds de moyenne battant de 14 heures le temps de référence dans la classe Multis50′ de 31h21’10’’, établi l’an passé par Erik Nigon sur Axa Atout Cœur pour Aides. Loïc Fequet et son équipage sur Maitre Jacques, terminent à 30 minutes de Prince de Bretagne avec une vitesse moyenne de 20,56 nœuds.
Lionel Lemonchois, Prince de Bretagne (1er Multi 50) : « C’était une ambiance vent, pluie, vagues, eau ! Des grands « tout droit », des vrais runs de vitesse. On a toujours été devant. On n’a pas les plus gros bateaux, mais on fait quand même plus de 21 noeuds de moyenne, je trouve que c’est pas mal »
Loïc Fequet, Maître Jacques (2è Multi 50) : « La météo a été vraiment parfaite pour ce type de record. On a pris un bon départ, mais on a cassé assez rapidement le hook de trinquette, nous n’avons donc pas pu utiliser cette voile, et comme le vent oscillait régulièrement entre 15 et 25 nœuds, ça nous a manqué dans les transitions. On a bien tenu la cadence, ça montre que le bateau est très sain, même à 26 nœuds. C’est vraiment un très bon bateau de large, qui peut tenir de très bonnes moyennes. »