Les mots de Francis Joyon à son arrivée

La fenêtre météo


« La fenêtre météo n’était pas très attrayante pour plusieurs raisons. Quand je suis arrivé à New York,  le système cyclonique était en place sur Miami. Cela entraîne beaucoup de pluie avec des vents dans le sud : ces conditions ne sont pas favorables, sans compter que la trajectoire de la dépression n’était pas totalement connue… Mais nous nous trouvions de ce côté de l’Atlantique et nous nous sommes dit, avec mon routeur Jean-Yves Bernot, que tenter le pari valait le coup. Et puis après tout, nous étions là pour jouer… ».

 

Une route plus longue (3222 milles)

« La dépression aurait pu prendre une route un peu plus nord, donc un peu plus courte. Ou au contraire encore plus sud, ce qui aurait été catastrophique. Finalement, nous avons trouvé un compromis qui nous a convenu. Le petit avantage de prendre cette route sud c’est qu’il n’y avait pas la menace des icebergs sur les bancs de Terre Neuve et j’ai eu moins de brume que lors de mon précédent record. Ceci dit, en bénéficiant d’une dépression équivalente sur une route plus nord, plus directe, on pourrait gagner au moins une demi-journée ».

 

Les limites du maxi trimaran IDEC repoussées

 « Dès les premières journées, j’ai compris qu’il fallait aligner les milles pour compenser cette route plus longue. Cela m’a obligé à tenir des vitesses très élevées (26,20 nœuds de moyenne sur le fond). Mon record des 24 heures (666, 23 milles) m’a bien aidé dans cette optique. Après « quelques » années de multicoque, je découvre que nous pouvons demander encore plus à ces maxi trimarans. Je croyais que j’étais déjà au maximum, j’ai découvert un nouveau potentiel. Les vitesses de 35 nœuds sont atteintes et dépassées. Nous pouvons même chercher les 40 nœuds, voire plus… . Ce sont des vitesses cibles que je ne connaissais pas sur ce bateau. En fait, je ne sais pas vraiment quelles sont les limites de ces bateaux. Tout dépend de l’état de la mer, du vent… Nous ne pouvons réellement chercher ces limites que dans des conditions réelles de record ou de course au large qui sont assez rarement réunies  ».
144 milles de retard sur Thomas Coville et pas de doute

« J’étais confiant car si Thomas avait suivi une route plus directe, il avait manqué de vent en fin du parcours. Et moi je savais que je n’en manquerai pas… ».


La vie à bord d’IDEC

« En général, je prends un peu de nourriture fraîche mais je n’ai cette fois pas eu le temps d’avitailler avant de partir. Heureusement, un ami russe m’a gentiment donné des produits qui m’ont permis de me nourrir avec autre chose que les conserves stockées à bord. Pour ce qui est du sommeil, j’ai dormi moins de 10 heures depuis le départ. Il a aussi fallu faire avec pour l’humidité : il a beaucoup plu sur ce trajet puisque j’étais dans la partie active de la dépression. En fait, tout était trempé à bord ».


La gestion du stress

« Sur ces bateaux, nous sommes en permanence à la limite du chavirage. Il faut réguler tout le temps les voiles pour soulager le bateau quand il plante dans les vagues. Les trois premiers jours, j’étais inquiet. Au quatrième, j’étais blindé : je m’étais habitué à un niveau de stress jusqu’alors inconnu pour moi ».

Un grand chelem des records historique

« J’ai battu les trois derniers records (24 heures, Route de la Découverte et Atlantique nord) après la remise en état du bateau suite au chavirage de New York en 2011. Cela me tenait vraiment à cœur de prouver que mon maxi trimaran était fiable et gardait encore un bon potentiel. C’est d’autant plus satisfaisant que j’ai amélioré tous ces records avec les voiles d’origine, celles du tour du monde de 2007 ».

Les réactions des skippers de la classe Ultime en solitaire

Thomas Coville, skipper du maxi Sodeb’O : « Ce qu’il fait, est une fois de plus remarquable . Cette route, explique le skipper de Sodebo, est loin de l’orthodromie (la route directe) et impose d’aller encore plus vite. A 500 milles du Cap Lizard, Francis Joyon avance devant la dépression à l’angle optimal et tout se joue une fois de plus sur cet exercice délicat de rester en phase avec le déplacement du front. La trajectoire est alors imposée par l’angle que tu fais avec le vent.  On sent bien sa volonté d’aller chercher ce record. Je lui ai laissé deux ans de répit en allant gagner la Volvo Ocean Race et il les a saisis pour aller s’attaquer avec panache à ces records référents. Il faudra y retourner pour faire mieux. La tâche sera difficile. Depuis que nous avons entamé ensemble en 2008 cette course aux records océaniques en solitaire, la bataille est devenue une compétition de haut niveau. Il est le premier à réussir  ce grand chelem. Chapeau bas Monsieur Joyon ! »

Lionel Lemonchois, skipper du maxi 80′ Prince de Bretagne :  » Il est incroyable, Francis ! Il n’arrête pas de nous étonner. Il est là où on l’attend, et il n’en finit pas de nous surprendre. Cela ne va pas être facile de passer derrière lui. Même si les records sont faits pour être battus, il place la barre très haut. L’Atlantique en solo à 25 noeuds de moyenne environ cela commence à faire ! Bravo « 

 

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