Les marins engagés sur cette Route du Rhum destination Guadeloupe ont offert un superbe départ hier au large de Saint Malo.
Les conditions étaient parfaites pour les multis qui ont très vite atteint le Cap Fréhel avant de s’envoler vers la Pointe Bretonne.
En Ultim, Armel Le Cléac’h annonçait un pit stop dans la soirée, le skipper de Banque Populaire IX faisait un arrêt express à Roscoff (35 minutes seulement ) pour changer une pièce qui empêchait la production électrique du bord, comme l’expliquait le directeur du team.
Ronan Lucas : « On s’est aperçu qu’on n’arrivait plus à recharger nos batteries très rapidement après le début de la course, c’était vraiment problématique. C’est une toute petite pièce qui a cassé sur la génératrice qui fabrique l’énergie, ça nous a vraiment mis dans l’embarras et nous avons décidé de nous arrêter très rapidement. Roscoff était le bon choix, Armel connaissait bien le coin et on a fait une escale de moins d’une heure, la pièce a été changée. C’est toujours dommageable, parce qu’on perd le contact avec nos petits camarades, mais une transatlantique, c’est long, il va se passer plein de choses, on commence par notre lot de galères, on espère que ça va s’arrêter pour le reste de la course ».
Sébastien Josse et François Gabart prenaient donc les commandes suite à cet arrêt. Edmond de Rothschild pointait en tête au petit matin, après s’être extirpé de la molle avant Macif. Mais vers 5h30, le skipper du Gitana Team contactait son équipe pour leur faire part d’une grosse avarie.
En effet, une dizaine de mètres de l’étrave du flotteur au vent s’étaient arrachées. Aucun choc ne semble responsable de la casse, le bateau naviguait dans 30 noeuds de vent et 4 à 5m de houle, le skipper et son bateau font route vers la Corogne où ils devraient arriver ce soir.
Cyril Dardashti, Directeur du Gitana Team : « Concrètement, j’ai reçu coup de fil a 5h38 du bord, Sébastien me disant qu’il avait eu un grand coup d’arrêt et que son flotteur au vent (tribord) qui s’était endommagé. Il a perdu en gros 10 mètres d’étrave. Il a pris toutes les dispositions pour ralentir le bateau, réduit la toile au deuxième ris pour faire en sorte qu’il puisse rejoindre La Corogne en toute sécurité car il y a encore beaucoup de mer, entre 4 et 5 mètres, et 30 nœuds de vent. Il faut donc être relativement prudent – et c’est ce qu’il fait pour pouvoir rejoindre l’Espagne au mieux – le but étant d’éviter la dépression qui va se muscler mardi matin.
» Honnêtement je ne pense pas qu’il y ait eu de choc avec un objet flottant. C’est le flotteur au vent qui est parti. Pour l’instant, on n’a pas d’explication. Sébastien était parti plutôt prudemment. Ce sont des bateaux qui vont vite, les vitesses sont toujours impressionnantes, mais le rythme de course était maîtrisé. Il n’y avait pas de souci technique à bord, Sébastien venait de faire une sieste… Il n’y a pas eu de choc.
Aujourd’hui, il est en sécurité dans le bateau. Il n’y a pas de danger immédiat même si la mer est forte. Il a réduit la voilure, il fait route à sept nœuds de vitesse vers La Corogne : il devrait y être ce lundi soir. Une équipe est déjà partie pour le récupérer et sécuriser le bateau. Nous ferons un point ce soir à La Corogne. Mais on peut imaginer déception de Sébastien et de toute l’équipe. «
Thomas Coville était le second à subir une avarie dans la matinée, le carénage du bras avant bâbord du bateau s’est cassé, contraignant également le skipper à se dérouter vers la Corogne.
Il ne reste donc plus que quatre ultimes en course. Après une petite inquiétude concernant la route de Romain Pilliard sur Remade Use it Again ce matin qui pouvait faire craindre une avarie, il ne s’agissait en fait que d’un changement de voile, pour lequel le skipper a préféré jouer la sécurité.
François Gabart sur Macif pointe en tête avec une vingtaine de milles d’avance sur Francis Joyon, qui tient le rythme de son adversaire dans ces conditions musclées. Armel le Cléac’h a refait une bonne partie de son retard mais s’est décalé dans l’ouest de ses adversaires.
En Multi50′, Erwan Le Roux et le trimaran Multi50 FenêtréA-Mix Buffet ont également dû faire une escale à Roscoff pour assurer une réparation suite à un problème de safran de coque centrale ayant entrainé un début de voie d’eau. Le skipper a repris la course après 4h d’arrêt (durée minimale de l’escale en Multi50′).
Armel Tripon ( Réauté Chocolat ) avait réussi une superbe entame de course mais Lalou Roucayrol (Arkema) a réussi à s’échapper de la molle plus vite que son adversaire et file désormais en tête avec 45 milles d’avance sur Reauté Chocolat. Gilles Lamiré, Thierry Bouchard et Thibaut Vauchel Camus sont quant à eux groupés et se tiennent en une dizaine de milles. A noter le retour tonitruant d’Erwan Le Roux qui devrait recoller au peloton.
Lalou Roucayrol, Arkema :
« C’est humide, c’est la douche. Je suis à la barre. Il y a beaucoup d’air et là je vais être obligé de réduire encore, je suis sous 2 ris et foc ORC, ballasté. Je vais prendre un 3e ris car je n’arrive pas à tenir le cap : il y a vachement de mer et nos bateaux sont un peu handicapés dans ces conditions. On était un peu mieux placé qu’Armel (Tripon) cette nuit mais c’est très aléatoire dans ces conditions, très venté, avec des gros grains donc il faut être au bon endroit par rapport aux grains, mais il n’y a pas vraiment de gloire à tirer. J’ai entre 25 et 30 nœuds, la mer est bien défoncée, il y a bien quatre mètres de vagues, de travers, pas encore dans le sens du vent. Ça déferle un peu sur les crêtes donc la mer c’est assez merdique en fait… »
Thibault Vauchel Camus, Solidaires en Peloton – Arsep :
« Après Ouessant, ça allait vite, mais dans la nuit noire, on ne voyait pas du tout où on allait, ce n’était pas très confortable. Pour l’instant on est encore cul à cul avec Armel (Tripon) et on essaye de s’extirper de l’autre côté de la dépression. Là, il y a de la mer mais pas de vent, les voiles claquent, ce n’est pas super agréable. Et depuis cette nuit, moi j’ai des petits soucis, un mal de mer qui m’a pourri la nuit. Dès que j’étais à l’ordinateur, j’avais le ventre qui gargouillait, une fois dehors ça a été mieux. Il faut manger et se réhydrater. Je pense que la porte de sortie pour retrouver du vent n’est plus très loin. On voit que Lalou est à fond. Il faut espérer qu’il ne va pas partir très loin, très vite, tout seul ».