Sidney Gavignet solide leader

Les équipages des MOD 70 ont fait leur entrée en Méditerranée hier soir, après un passage de Gibraltar au près dans des vents faibles.

Sidney Gavignet et son équipage sur Musandam Oman Sail avait déjà fait le break en compagnie de Stève Ravussin sur Race for Water la nuit précédente, grâce à une option au plus près du Cap Sain Vincent, l’équipage suisse perdait ensuite un peu de terrain en approche du Cap de Gibraltar, laissant le leadership au trimaran portant les couleurs omanaises.

L’équipage a su faire fructifier cette position et continue à creuser une avance qui devient conséquente avec 25 milles d’avance sur Race for Water, Michel Desjoyaux et ses hommes sont parvenus à limiter la casse et pointent à une trentaine de milles du leader.

Il n’en est pas de même pour les équipages de Spindrift racing et de Groupe Edmond de Rothschild qui se sont fait décrochés alors qu’ils étaient au contact avant l’entrée en Méditerranée. L’équipage de Yann Guichard a connu des soucis avec le point d’amure du gennaker qui a cédé, leur faisant perdre une dizaine de milles et les laissant dans des vents erratiques d’un à trois noeuds au contact de l’équipage de Sébastien Josse, qui voient toute chance de revenir s’affaiblir puisque le flux devrait se renforcer par l’avant…

Steve Ravussin, skipper de Race for Water à la vacation de midi :

« Depuis hier après Gibraltar, on est dans de toutes petites conditions très légères. On s’est déjà arrêté plusieurs heures : ce sont de vraies conditions lémaniques ! On essaye de faire marcher le bateau le plus possible par rapport à la route, on n’a pas trop le choix. Mais tout va bien, on est calme et on fait du mieux possible.
Cette nuit, c’était incroyable, il y avait énormément de brouillard et une bruine fine, il pleuvait sur le bateau tellement il y avait de l’humidité dans l’air, on voyait les étoiles mais pas les cargos, on entendait juste leur corne de brume. On est dans un entonnoir donc il y a pas mal de trafic, on a eu pas mal de dauphins hier et du krill qui nageait en surface. Ce matin, ça s’est un peu éclairci, il fait chaud, on est en T-shirt, on se protège du soleil. J’ai bien peur qu’on reste encore pas mal de temps dans ces conditions, mais il faut rester positif. Dès ce soir, on aura peut-être plus de vent … on espère que tout cela va nous rapprocher de Marseille ! Sinon, FONCIA est juste derrière nous, on le voit. Les MOD70 sont tous identiques et normalement, ils vont tous à la même vitesse. Mais il faut toujours travailler pour les faire avancer. »

Yann Guichard, Spindrift racing lors de la vacation de la mi-journée. :

« La nuit dernière, ça a été compliqué pour tout le monde et pour nous spécialement. On a eu un problème sur le gennaker. Avant de passer Gibraltar, le point d’amure a cassé, le gennak est parti en vrac sous le vent, c ‘était un peu chaud, on a réussi à l’affaler, à réparer l’amure et à repartir. On a dû perdre une bonne dizaine de milles là dessus. C’est pour ça qu’on s’est fait décrocher par FONCIA et Gitana. Ensuite, la nuit s’est passée avec entre 0 et 2 nœuds de vent. Avec le courant, les instruments (de navigation) étaient complètement à l’envers, donc pas facile de faire avancer le bateau dans ces conditions.
Pour l’instant, ça ne redémarre toujours pas. C’est mer d’huile. Gitana, dans le sud, a redémarré, mais nous, on est encalminé, on essaye de ressortir de ce pot de pus mais on a un peu de mal. Sur les fichiers météo, en plus, ça repart par devant, donc ce n’est pas très bon signe pour la suite. Mais bon, on reste positif. On est là où on est. Il faut maintenant essayer de faire avancer au mieux le bateau le long de ces côtes espagnoles pour ne pas prendre trop de retard. Il faut essayer de ne pas trop se faire larguer par Gitana, parce que je pense que ça va se jouer avec eux jusqu’à la fin. Donc, il faut « être dessus » et rester calme. Sinon, il fait très très chaud, dans le bateau c’est la fournaise. Dehors aussi et là, on est entourés de dauphins… ça serait bien qu’ils nous poussent un peu. »
Sébastien Josse, skipper de Groupe Edmond de Rothschild à la vacation de midi :

« Nous sommes en short, T-shirts, pieds nus, casquette et crème solaire. On a pas mal de petits dauphins un peu partout et pas mal de cargos aussi, il y a de la vie dans le coin. La mer est super plate. Le vent oscille entre 1 et 3 nœuds avec de grosses variations, donc pas évident de se sortir du guêpier. Une seule solution : la patience. La nuit dernière a fait des écarts. Maintenant, il faut attendre que le vent se réinstalle pour pouvoir redémarrer. Aujourd’hui, on va essayer de compter sur des brises thermiques. Il fait chaud, donc ça devrait s’installer en début ou milieu d’après-midi. Puis dans 24 heures, le sud-ouest doit arriver. Mais je pense que les bateaux qui ont un avantage aujourd’hui le garderont jusqu’à la fin. C’est toujours énervant de voir des bateaux qui étaient à moins de 100 mètres s’envoler et de ne pas pouvoir accrocher le wagon. C’est normal, on est là pour faire la course. Quand on a choisi une position et que ça décolle juste à côté, oui, c’est assez rageant mais ça fait partie du jeu de la voile. »

Message de FONCIA envoyé à 10 heures ce matin

« La journée d’hier a été laborieuse. D’abord, il a fallu nous remettre de nos émotions, de s’être fait torpiller par Oman Sail et Race for Water. Ensuite, les conditions ont été très variables, c’est un euphémisme, donc beaucoup de réglages, et pour couronner le tout, on avait du monde autour, ce qui soit dit en passant, rajoute un peu de pression dans les esprits, pour peu qu’on en ait encore ! On s’est battu avec Spindrift et Gitana, qu’on a réussi à décrocher (un peu !) à l’approche de Gibraltar. On a passé Tarifa juste avant la nuit, et fait plusieurs virements de bords pour passer entre le Rail descendant et la côte, dans un vent déjà bien mollissant, puis on s’est pris une bonne pétole en face de Gibraltar, plus un cargo hors rail qui a zigzagué autour de nous, en même temps qu’on virait pour l’éviter aussi. Petite perte de temps, mais c’est rentré dans l’ordre après, et nous voilà à attaquer la mer d’Alboran….Gros dossier, dans un vent qui se faisait discret, alors qu’un clapot de face nous empêchait de glisser tranquillement sous gennaker. Bonne nuit cependant, puisque Spindrift et Gitana, sur une trajectoire proche de la notre, n’ont pas été bien rapides. On voit à nouveau Race For Water, sur une mer d’huile, à quelques milles dans notre sud-est. Il vient de redémarrer un peu avant nous, mais le vent n’est pas distribué à tous les étages, donc, wait and sea, comme ils disent !C’est quand même con, on fait des bateaux qui vont à plus de 30 nœuds, et on s’en sert à 10% depuis quelques temps ! Ils pourraient mettre des ventilateurs ! Si Oman Sail a pris du champ, tout reste cependant à faire, avant la ligne à Marseille, destination qu’on atteindra… plus tard ! »

 

Sidney Gavignet (Musandam-Oman Sail) à la vacation du matin.

« Brian est à la barre, Khamis est sur le pont, il dort dans le filet à l’avant. Jeff et Fahad sont dans les bannettes et Thomas Lebreton se fait à manger. Nous sommes grand-voile haute et gennaker. Il  n’y a pas beaucoup d’air mais il y a un peu de mer, donc le gréement bouge dans tous les sens, ce n’est pas très agréable. Cette nuit, j’ai fait un quart où on s’est retrouvé à empanner au près parce que la vitesse était à zéro et la seule façon de relancer le bateau, c’était de se mettre dos au vagues ! On a eu un petit épisode chaud avec un remorqueur qui nous venait droit dessus. Je me suis demandé s’il ne fallait pas démarrer le moteur, mais finalement, ça s’est bien passé. C’est très dur à régler aussi, avec les voiles qui battent dans tous les sens. Mais là, je vois que Brian est à fond : il est à 10 nœuds, je vois même 11,10 nœuds : c’est le record de la nuit ! Forcement c’est sympa d’être devant, en même temps, c’est tellement mou, qu’on croise les doigts pour ne pas tomber dans un trou de vent et à chaque pointage, on a le stress de découvrir ce qui s’est passé. Pour l’instant, ça se passe pas mal pour nous, mais on ne s’emballe pas. D’après Jeff (Cuzon), le vent va monter dans la journée, ça va s’établir au sud-ouest. Nous, nous sommes placés là où on veut, car cette brise devrait plutôt s’établir par le nord. Le premier qui part avec ça va forcément creuser sur les autres. »

 

Foncia mène la flotte

Les cinq MOD 70, en course pour la quatrième étape de l’European Tour ont repris la mer aujourd’hui à destination de Marseille.

Le départ a été donné dans des vents faibles de l’ordre de 6 à 8 noeuds, c’est l’équipage de Spindrift racing, mené par Yann Guichard qui sortait vainqueur du parcours côtier inaugurant cette étape et qui empochait les 3 points bonus, il était suivi à une dizaine de longueurs par Race for Water de Stève Ravussin et par Foncia de Michel Desjoyaux, qui empochent respectivement 2 et 1 point.

Les conditions s’annoncent légères sur toute l’étape, les équipages devront donc déjouer au mieux les effets de sites, le passage de Gibraltar devrait ouvrir le jeu avec la nécessité de choisir sa route le long des côtes espagnoles ou marocaines.

Ce soir, Foncia a pris un petit avantage sur ses adversaires, grâce à une meilleure vitesse, puisque les cinq trimarans suivent une route strictement identique, Race for Water est second à 1,1 mille, Spindrift racing, troisième à 1,9milles, Groupe Edmond de Rothschild et Musandam Oman Sail suivent à 3,2 et 3,6 milles du leader.

Prince de bretagne lance son tour de l’Europe pour 2013

Prince de Bretagne, qui verra bientôt son « nouveau » maxi multicoque de 80′ rejoindre son élément lance une nouvelle course, à savoir un tour de l’Europe avec quatre étapes : Valence, Lisbonne, Cork, Plymouth et Morlaix. Cette course, appelée Route des Princes devrait se dérouler du 9 au 29 juin 2013, elle sera ouverte aux multicoques de plus de 40 pieds, donc à la classe Multi 50′, aux MOD 70 et aux maxis.

Prince de Bretagne espère réunir un plateau d’une vingtaine de bateaux, outre les étapes de ralliement, les équipages devraient se mesurer sur des courses type City Races, à l’image de ce qui est actuellement fait sur l’European Tour avec les MOD70.

Reste à savoir si la classe MOD70 souhaitera intégrer cette course, puisqu’un programme similaire existe déjà, aux mêmes dates. L’autre problème à résoudre sera le classement des maxis, avec une flotte disparate, certains bateaux étant conçu pour des navigations en solitaire, d’autres pour des équipages, ce qui nécessitera peut être une course en temps compensée pour cette classe, ce qui est nettement moins attractif pour le grand public…

Prince de bretagne dévoilera son trimaran de 80′ le 12 octobre, il sera skippé par Lionel Lemonchois, qui espère hisser son trimaran sur la plus haute marche du podium lors de la prochaine Route du Rhum.


Ils ont dit :
Jean-François Jacob, secrétaire général de la Sica de St Pol, un des responsables de Prince de Bretagne :
 » Nous avons ressenti qu’il était dans l’intérêt de tous les armateurs et skippers de multicoques d’avoir une épreuve supplémentaire qui viendrait étayer leur programme. Nous souhaitions une manifestation qui nous ressemble et qui mette en avant notre lien très fort avec les marins. Comme eux nous sommes soumis aux aléas climatiques au quotidien et si nous arrivons à faire pousser des légumes toute l’année en Bretagne Nord, c’est grâce à l’influence de la mer et du Gulf Stream. A travers la Route des Princes, nous voulons montrer que le monde de la terre est source de dynamisme dans de nombreuses régions d’Europe. Les producteurs de Prince de Bretagne sont attachés à cette notion et veulent la partager. Notre but est de valoriser les terroirs et de les faire découvrir au plus grand nombre grâce à un évènement populaire qui sera une fête de tous les métiers de la mer (marins et pêcheurs) et de la terre « .

Lionel Lemonchois, skipper du Maxi80 Prince de Bretagne :  » Le concept est attirant parce qu’il ressemble au Tour de l’Europe, course qui existait dans les années 90 et qui a toujours remporté un franc succès. C’est toujours sympa de changer de pays, surtout sur une course en équipage. La Route des Princes propose vraiment un beau parcours. Il est également important de pouvoir s’associer à autre chose que de la voile, cela amène un intérêt différent, pour nous et pour le public « .

Foncia remporte la 3ème étape et reprend la tête de l’European Tour

Les équipages participants à l’European Tour ont disputé les City Races au large de Cascais, avant de prendre le départ de la troisième étape de ce tour de l’Europe.

C’est l’équipage de Musandam-Oman Sail mené par Sidney Gavignet qui s’était imposé sur ces parcours côtiers disputés au large de la ville portuguaise, empochant les douze points dédiés à ces courses. Spindrift racing se classait second devant Groupe Edmond de Rothschild, Race for Water et Foncia.

Les cinq MOD70 se sont donc élancés hier en début d’après midi pour cette troisième étape du MOD70 European Tour : Spindrift racing prenait le meilleur sur la ligne vite rattrapé par FONCIA, Michel Desjoyaux et son équipage s’adjugeait les points bonus du côtier de ce début d’étape, devant Groupe Edmond de Rothschild qui arrivait également à glisser au dessus de Spindrift racing.

Les marins pouvaient ensuite s’élancer  vers les îles Berlengas puis vers la marque de parcours de Sines, au sud du Tage, sur un parcours réduit à 213 milles du fait de vents faibles au large du Portugal.

A la sortie de la baie de Cascais, la brise thermique montait à une dizaine de nœuds, l’équipage de FONCIA négociait admirablement la remontée vers la première marque de parcours et réussissait à s’extirper d’une zone de calmes avant ses adversaires, Race for Water parvenait à s’échapper du peloton également et talonnait FONCIA lors de la descente vers Sines, mais le professeur parvenait de nouveau à s’échapper.

Derrière, Spindrift racing, Musandam-Oman Sail et Groupe Edmond de Rothschild naviguaient à vue mais ne réussiront pas à rejoindre les deux bateaux de tête dans des vents évanescents en approche de la ligne.

C’est finalement FONCIA qui s’impose devant Race for Water et Spindrift racing, Musandam Oman Sail prend la quatrième place et Groupe Edmond de Rothschild la cinquième.

Les arrivées étaient de nouveau rapprochées avec moins de six minutes entre les deux premiers et 45 minutes de retard sur le vainqueur pour Groupe Edmond de Rothschild.

Au classement général provisoire, Michel Desjoyaux et ses équipiers sur FONCIA reprennent la tête à Spindrift racing, second, les hommes de Yann Guichard ont six points de retard sur le leader, Groupe Edmond de Rothschild conserve sa troisième place à 30 points de FONCIA, l’écart avec les 4 et 5 ème se réduit pour Sébastien Josse puisque Race for Water n’est qu’à 7 points de la troisième place grâce à sa seconde place sur cette étape et Musandam Oman Sail à 9 points.

Michel Desjoyaux, skipper de FONCIA : « On prend un départ qui nous permet de prendre la tête à la première bouée et nous n’avons quasiment pas lâché le commandement sur ces 213 milles. Y compris dans les phases délicates où nous sommes partis seuls au large en remontant vers les îles Berlengas. Nous avons pu prendre la poudre d’escampette mais la descente au portant vers Sines a été laborieuse. Il a fallu jouer le compromis entre la route directe à terre et le large où il y avait plus de pression. Nous n’avons pas été les plus malins puisque Race for Water est revenu sur nous… Ensuite, ce fut quasiment du match-racing de la bouée de Sines jusqu’à l’arrivée ! C’était court, mais difficile parce qu’il n’y avait pas beaucoup de vent : il faut aussi un peu de réussite ! On s’est bien battu pour gagner le maximum de points : nous étions très déçus de nos résultats sur la Cascais City Race et cela nous remet bien dans le match grâce à cette victoire d’étape, mais aussi aux points bonus du départ. Nous avons repris confiance en nous ce qui est bon avant l’étape vers Marseille… »

Stève Ravussin, skipper de Race for Water : « C’était une course compliquée, du début à la fin ! Hier soir, on s’est fait décroché par Foncia dans un trou de vent et il a pris pas mal de milles d’avance. On a pu revenir un peu en tirant à terre avant les îles Berlengas mais il a fallu se battre toute la nuit. Et quand nous avons recollé en arrivant sur Sines, on a pris un filet de pêcheur dans la dérive : nous avons perdu quelques précieuses minutes qui auraient peut-être changé le cours des choses. Les fichiers météo ne disaient pas du tout les mêmes choses : cela crée du doute et ça a été difficile pour notre navigateur Franck Cammas. Il a réussi une belle stratégie pour la descente sous gennaker ce qui nous a permis de revenir sur Foncia. Et il y a encore eu des pièges sur la route… Il faut un peu de chance dans ce type de conditions. C’est une bonne opération pour nous au classement général : nous n’en sommes qu’à un peu plus de la moitié du tour de l’Europe et nous progressons bien. »

Yann Guichard, skipper de Spindrift racing : « Foncia est  parti seul au large tandis que nous restions à la côte, ils ont fait le trou que nous n’avons jamais pu boucher… Nous terminons très fatigués car ce type de parcours et ces conditions de vent ne permettent pas de se reposer vraiment. Au mieux, les gars somnolaient sur le flotteur au vent… Notre classement aurait pu être pire. On a alterné le bon et le moins bon, avec pas mal d’erreurs dans certaines manœuvres. »

Sébastien Josse, skipper de Groupe Edmond de Rothschild : « L’étape a été dure avec comme prévu des vents très légers et instables. Nous n’avons jamais vraiment été arrêtés mais un ou deux nœuds avec ces bateaux ce n’est quand pas terrible ! Nous étions dans une bonne dynamique d’attaque en quittant la baie de Cascais en deuxième place. Très vite après le départ, au niveau du Cabo de Roca, Michel (Desjoyeaux) a choisi d’aller jouer au large et nous sommes restés à quatre bateaux à batailler plus à terre. Ce petit bord lui a permis d’entrée de prendre l’avantage. Lors du louvoyage vers les Iles Berlengas, Race for Water a fait une attaque à terre et a trouvé un trou de souris pour s’échapper à son tour. Nous avions la même idée mais nous l’avons réalisée un peu plus tardivement que lui. Ce petit décalage a, au final, fait une grosse différence. Dans le petit temps, il y a de l’aléatoire et une part de chance c’est certain. Nous en avons manqué mais il y a aussi des problèmes qui ont été identifiés à bord. La nuit dernière, nous avions un déficit de vitesse par rapport à nos camarades environnants. Un point qui tient essentiellement à l’expérience de ce type de navigation en équipage. Nous devons progresser sur cet aspect. Le résultat est bien sûr décevant mais l’équipage est soudé et a de la ressource. Il reste deux étapes offshore et des City Races à Marseille ; à nous de faire le nécessaire.»

Spindrift racing leader à Cascais

Spindrift racing, mené par Yann Guichard, a franchi la ligne d’arrivée de la 2ème étape de l’European Tour en première position ce mercredi matin à 7h 37’ 36 (heure française), devançant Foncia de Michel Desjoyaux de seulement 45 minutes.

Les arrivées ont de nouveau été groupées, après un très net ralentissement à l’entrée du Tage ; en effet les cinq multicoques filaient la nuit dernière à 30 noeuds le long des côtes portuguaises, avant d’être encalminé à quelques noeuds dans l’embouchure du fleuve. Spindrift racing arrivait à glisser sous gennaker devant ses adversaires.

Musandam-Oman Sail, Foncia et Groupe Edmond de Rothschild se livraient à un bataille pour le gain des places restantes sur le podium, Michel Desjoyaux et ses hommes arrivaient à passer le trimaran omanais qui se voyait contraint d’effectuer un ultime virement pour passer la ligne. Les trois bateaux passaient la ligne en moins de 11 minutes, alors que Race or Water fermait la marche à 15 minutes du 4ème et à une heure du vainqueur.

© Ricardo Pinto / MOD S.A.

Les écarts restent donc infimes après 975 milles, confortant le choix de la monotypie pour cette classe.

Au classement général provisoire, Spindrift racing prend la tête grâce à cette victoire avec un point d’avance sur Foncia (121 points), Groupe Edmond de Rothschild est troisième avec 106 points devant Musandam Oman Sail (93 points), et Race for Water (90 points).

Les équipages vont désormais s’affronter lors des City Races avant une nouvelle étape le long des côtes portuguaises, les trimarans prendront ensuite la direction de Marseille pour l’étape française de l’European Tour.

Arrivées à Cascais (heure française)

1-Spindrift racing (Yann Guichard) le 12 septembre à 7h 37’ 36 : 2j 15h 37’ 36 à 15,5 nœuds de moyenne

2- FONCIA (Michel Desjoyeaux) à 8h 26’ 49 : 2j 16h 26’ 49

3- Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) à 8h 33’ 22 : 2j 16h 33’ 22

4- Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) à 8h 37’ 36 : 2j 16h 37’ 36

5- Race for Water (Stève Ravussin) à 8h 53’ 30

Classement du MOD70 European Tour

(Kiel City Race + 1ère étape avec bonus + Dun Laoghaire City Race + 2ème étape avec bonus)

1- Spindrift racing (Yann Guichard) 11+47+12+52 = 122 points

2- FONCIA (Michel Desjoyeaux) 12+53+10+46 = 121 points

3-Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) 10+44+11+41 = 106 points

4- Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) 9+34+8+42 = 93 points

5– Race for Water (Stève Ravussin) 8+38+9+35 = 90 points

Les réactions des skippers à l’arrivée de la seconde étape

Yann Guichard, Spindrift racing :

« Encore une arrivée sur le fil ! Incroyable : ça s’est resserré encore une fois… Cinquante milles avant l’arrivée, on a réussi s’échapper un peu du peloton et gagner cette deuxième étape qui fut vraiment dure. La première était exigeante physiquement, mais là, on a tiré sur les bonhommes, on a très peu dormi. Avec des conditions extrêmement variées, à l’image de l’arrivée où on passe de trente nœuds à deux nœuds en quelques minutes, à seulement cinq milles de la ligne ! Cela a été comme ça pendant presque toute la manche, des changements d’intensité qui sollicitent le bateau et surtout les hommes : nous n’avons pas arrêté de manœuvrer parce que nous avions un peu les nerfs…

On a fait une superbe première nuit le long des côtes irlandaises et on passe en tête au Fastnet, alors se faire dépasser comme cela nous est arrivé avant le cap Finistère, ça nous a mis la pression. On a saisi notre chance sur la fin trois heures avant le dernier empannage au large de Péniche. Juste avant, FONCIA sous notre vent nous a déposé sur place et quelques heures plus tard, on s’est retrouvé sous son vent ! Et dès que le pointage de minuit et demi est tombé, on a empanné discrètement dans la nuit sans lune pour aller chercher les premiers le vent de Nord que nous espérions plus à terre.

Pas de problème technique à bord, mais physiquement on arrive rincé, épuisé et surtout nerveusement cramé : il y a tout le temps du stress parce qu’on voit en permanence un autre bateau, et il n’y a pas une seconde de répit. Et l’arrivée dans la pétole était le summum : on s’est dit que ça allait se terminer comme la première étape quand on a vu revenir nos concurrents derrière la pointe de Cascais ! On a réussi à tenir avec un peu de chance parce que nous sommes arrivés avec le dernier souffle de la légère brise thermique… »

Michel Desjoyaux, Foncia :

« Un final pointu dont on se serait bien passé ! On finissait à toute allure sur les côtes portugaises à près de trente nœuds de moyenne depuis plusieurs heures et alors que nous nous préparions à changer de voiles pour contourner les deux dernières marques de parcours, le vent s’est complétement cassé la figure… En pleine nuit, on ne savait pas si cela allait durer deux minutes ou deux heures et la brise a tourné dans tous les sens avec du courant de marée contraire. Nos poursuivants ont eu le temps de réagir et nous ont même dépassé. On a finalement réussi à les passer sur des choix de bord pas faciles à prendre ici, à Cascais : avec le jour qui se levait, le vent était mal distribué entre la brise nocturne qui disparaissait et le nouveau vent qui s’installait tout doucement.

Le mal était fait quand Spindrift racing a empanné en premier au milieu de la nuit dernière : nous étions en tête mais on a navigué un peu trop près du vent quand il a réussi à glisser. Il est arrivé par derrière et nous a dépassé : une fois en route directe vers Cascais, il n’y avait plus grand-chose à espérer, si ce n’est un coup de Jarnac sur la ligne.

Le rythme a été soutenu toute l’étape avec de belles pointes de vitesse après une grosse bataille le long de l’Irlande : nous avons dû faire vingt-six virements de bord sous trinquette et un ris dans la grand-voile ! Puis de grands bords vent de travers sous gennaker ou génois dans de la mer pas toujours plate, puis finir à trente… et trois nœuds. C’était mou du genou et on ne s’y attendait pas du tout.

On a galéré avec notre safran central qui s’est relevé, probablement sur un choc avec un objet flottant : le cordage s’est coincé et nous avons mis beaucoup de temps à réparer. Nerveusement, il y a eu des moments incertains : on ne savait vraiment pas comment on allait se sortir de la zone de calmes avec deux bateaux qui s’étaient légèrement échappés (Musandam-Oman Sail et Groupe Edmond de Rothschild). Mais si on a pu sortir en tête de cette pétole, ça n’a pas suffi puisque Spindrift racing s’est échappé : on s’est un peu endormi… »

Sidney Gavignet :

« Tout s’est joué à trois cents mètres de la ligne d’arrivée… Et je crois que se sera souvent le cas puisque nous arrivons à chaque fois tout près des côtes. Aller bien dans le petit temps comme Foncia, c’est un bon atout. Leur équipage a compris comment faire marcher un MOD70 dans la pétole : cela leur a servi la nuit dernière et sur cette arrivée. Mais nous sommes contents parce que nous avons appris encore et encore : on comble une partie de notre déficit au fil des manches.

On s’était bien décalé dans l’Ouest mardi après-midi pour avoir un meilleur angle pour le dernier sprint vers Cascais, mais tout le monde attendait dix nœuds de secteur Nord et il y a eu vingt nœuds ! Et en étant à l’extérieur du virage, on a eu un peu moins de vent que les autres quand la brise est rentrée. On s’est un peu trompé, mais ce n’était évident pour personne : il n’y a pas de regrets à avoir. Nous ne sommes pas encore aussi à l’aise dans le petit temps que les deux leaders : cela nous fait douter parfois et ce n’est pas bon.

C’était une belle étape, en particulier le long des côtes irlandaises, même si nous avons un peu moins bien négocié l’atterrissage sur le Fastnet. Nous avons trouvé la vitesse au près dans la brise.

On gagne tout de même une place au classement général : il y a de quoi remonter du terrain. Mais nous faisons encore trop de « boulettes », or la monotypie ne pardonne pas les erreurs si petites soient-elles ! Nous ne sommes pas encore au niveau pour les City Race mais nous avons eu aussi des « tuiles » avec notre équipage (malade, blessé). Mais c’est en voie d’amélioration au fil des manches : les deux leaders sont un cran au-dessus, mais le delta se réduit… »

Stève Ravussin :

« C’est forcément décevant d’être cinquième sur cinq ! Mais c’est un petit manque de qualités de notre équipe parce que nous n’avons pas encore assez de rigueur suisse. En fait, on perd une bonne heure avant le Fastnet avec notre histoire de hook qui ne marchait plus quand nous voulions renvoyer la toile. Avec des monotypes et des équipages de ce niveau, il n’y a pas le droit à l’erreur… On a tout de même réussi à revenir au contact le long des côtes du Portugal et nous avons essayé une option qui n’a pas marché : c’était trop tôt. Mais quand on est leader, on prend certaines décisions qui ne sont pas les mêmes que celles des poursuivants, a fortiori celles du dernier. Le but est de gagner, pas de terminer quatrième… Cela n’a pas payé. Tant pis.

Après le départ de Dun Laoghaire, on avait creusé l’écart avec une bonne vitesse au près dans la brise. Notre navigateur Franck Cammas avait bien négocié ce début d’étape. Mais on a aussi des progrès à faire au niveau manœuvres : nous n’avons pas eu autant de temps pour nous entraîner que les autres teams. On voit tout de même que ces MOD70 vont très vite : en moins de six jours, nous avons fait Kiel-Dun Laoghaire-Cascais ! Ce sont vraiment de belles régates. »

La Brest City Race clôt la 1ère épreuve officielle des MOD 70

 Pour clore cette première course, les équipages des MOD70 se sont retrouvés aujourd’hui en rade de Brest pour disputer une City Race. Ce type d’épreuve sera la norme dans toutes les villes étapes du circuit Multi one Championship, afin de faire profiter le public du spectacle des trimarans au plus près des côtes.

La première manche était un parcours côtier d’une douzaine de milles au départ de la pointe de l’Armorique vers la bouée Charles Martel et Camaret avec un final devant le phare du Petit Minou. Les multicoques se sont élancés  au vent de travers dans une brise d’une vingtaine de nœuds, permettant aux skippers d’utiliser toute la puissance de leurs bateaux, l’issue de cette manche était incertaine jusqu’à la ligne d’arrivée. Sébastien Josse sur Groupe Edmond de Rothschild réussissait malgré tout à contenir Yann Guichard et son équipage sur Spindrift racing. Foncia prenait la troisième place devant Musandam-Oman Sail.

Après cet exercice matinal les MOD70 prenaient la direction de l’école navale de Lanvéoc pour deux séries de « runs » dans la rivière de Châteaulin. Michel Desjoyeaux et ses hommes s’imposait sur le premier  double aller-retour et contenait le vainqueur de la Krys Ocean Race Spindrift racing, qui prenait la seconde place devant Groupe Edmond de Rothschild et Musandam.

Une deuxième manche était lancée dans l’après midi, Sébastien Josse prenait le meilleur départ mais Spindrift racing réussissait à se glisser sous ses adversaires et s’imposait devant les hommes du Gitana Team.

Les résultats du jour :

Parcours côtier

1- Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse)

2-Spindrift racing (Yann Guichard)

3-FONCIA (Michel Desjoyaux)

4-Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet)

Premier run (deux aller-retour)

1-FONCIA (Michel Desjoyaux)

2-Spindrift racing (Yann Guichard)

3-Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse)

4-Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet)

Deuxième run (un aller-retour)

1-Spindrift racing (Yann Guichard)

2-Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse)

3-FONCIA (Michel Desjoyaux)

4-Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet)

Stève Ravussin et son équipage sur Race for Water n’ont pas participé à ces courses du fait de leur avarie survenue pendant la transatlantique.

Les équipages se retrouveront fin août à Kiel pour le départ de l’European Tour.

Spindrift racing remporte la Krys Ocean Race

Yann Guichard et ses hommes (Pascal Bidégorry, Jean-Baptiste Le Vaillant, Jacques Guichard, Léo Lucet et Kevin Escoffier) ont remporté  la KRYS OCEAN RACE ce jeudi 12 juillet à 14h 08’ 37 après seulement 4 jours 21 heures 08 minutes 37 secondes, soit une moyenne de 25,3 nœuds. Spindrift racing sur 2950 milles de cette traversée de l’Atlantique Nord, ils devancent d’une heure dix Groupe Edmond de Rothschild et d’une heure quarante FONCIA, les équipages ont bénéficié de conditions parfaites pour cette première transat de la classe MOD 70, qui est une réussite avec des écarts très faibles à l’arrivée grâce à la monotypie.

L’équipage de Spindrift racing avait réussi à faire le break sur ses concurrents au cours de la deuxième nuit grâce à un décalage sur une route un peu plus nord, qui leur permettra de creuser un écart suffisant pour contrôler la fin de course et empêcher tout retour de leurs adversaire, Foncia et Groupe Edmond de Rothschild auront quasi navigué à vue sur une bonne partie de ce parcours.

Sidney Gavignet et ses hommes devraient en terminer cette nuit avec un retard somme toute faible malgré leur avarie de foil, Steve Ravussin, plus handicapé par l’avarie de dérive suite à un choc avec un OFNI devrait en finir samedi.

Yann Guichard (Spindrift racing)

« Cette transat s’est vraiment bien passée : on a pris du plaisir et je crois que cette victoire est méritée car nous avons fait une belle route tout au long de ces cinq jours. L’arrivée était un peu une libération car sur les cent derniers milles avant les Scilly, nous n’avons pas eu beaucoup de vent par rapport à nos poursuivants qui revenaient fort sur nous. Les fins de course sont toujours difficiles… On est un peu étonné de cette traversée express car notre trajectoire ressemble à une sinusoïde parfaite, tout en tribord amures. C’étaient des conditions que nous n’avions pas rencontrées auparavant, mais tout s’est déroulé au portant et on était bien sous l’eau ! Le bateau est très sain : c’est une belle réussite… »

© Chris Schmid / Spindrift racing

Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild)

« Je suis très content de cette deuxième place parce que nous n’avons pas voulu suivre Spindrift racing dans une mer que nous savions assez dure : je préférais assurer pour cette première course transatlantique. Le bateau est très fin, marin, solide mais on se rend compte qu’il supporte énormément de toile et plus ça allait, plus on poussait loin, parfois à la limite du raisonnable ! »

Michel Desjoyeaux (FONCIA)

« Je suis satisfait parce qu’on aurait pu faire plus mal que troisième ! Déçu parce que la sortie de New-York nous a un peu handicapé au départ. On s’est bien battu : on est revenu sur Spindrift racing et sur Groupe Edmond de Rothschild. Ça ne s’est pas joué à grand-chose comme les écarts à l’arrivée le montrent. En tous cas, c’était express… Traverser l’Atlantique à ces vitesses-là sans quasiment aucun problème technique, c’est déjà un bon point. »

Arrivée de la Krys Ocean Race demain

Le trio de tête de la Krys Ocean Race touche au but avec moins de 600 milles à parcourir avant l’arrivée au large de Brest, les trois équipages des trimarans ont successivement choisi de passer en mode furtif aujourd’hui, permettant de disparaitre de la cartographie pendant 9 heures, afin de négocier au mieux les quelques empannages nécessaires pour rejoindre les îles Scilly.

© MOD70 Spindrift racing / On board

Foncia a lancé le mouvement, suivi 3 heures plus tard par Groupe Edmond de Rothschild, et dans l’après midi par Spindrift racing.

Le trimaran mené par Yann Guichard a peu de chances d’être rejoint grâce à ses 60 milles d’avance, la seconde place reste très disputée entre Sébastien Josse sur Groupe Edmond de Rothschild et Michel Desjoyaux sur Foncia. Les deux bateaux se tenaient en 10 milles lors de leur passage en mode furtif, le final s’annonce donc crucial pour le gain de la place de dauphin. Les trimarans filent toujours à près de 30 noeuds vers la pointe sud ouest de l’Angleterre, avant de piquer vers le sud après le passage des Scilly pour rejoindre Brest.

Cette transat devrait donc se terminer en 5 jours, avec des conditions exceptionnelles tout au long de celle-ci, les équipages ayant pu profiter de la même dépression pendant cette traversée de l’Atlantique.

L’arrivée des trois premiers est prévue demain après midi, malgré tout les équipages resteront au large afin de rejoindre le port de Brest vendredi vers 15 heures pour l’ouverture des fêtes nautiques des Tonnerres de Brest.

Musandam Oman Sail reste 4ème, l’équipage de Sidney Gavignet poursuit sa route à des vitesses élevées grâce au foil tribord qui a été déplacé sur le flotteur babord, Race for Water poursuit sa route à 400 milles de la tête de flotte, Stève Ravussin et ses hommes doivent faire face à une voie d’eau en avant du puit de dérive, après un choc avec un OFNI.

Yann Guichard (Spindrift racing)

« La mer est devenue plus plate depuis le milieu de la nuit : on se remet à attaquer ! On va pouvoir aller tout droit jusqu’aux Scilly, toujours à près de trente nœuds de moyenne. On devrait passer la marque anglaise vers jeudi midi. Stratégiquement, il n’y a pas vraiment d’option : il nous faut juste tenir le rythme de nos poursuivants…

Les modèles météo convergent pour cette fin de traversée avec un peu plus de brise ces prochaines heures. Et un vent de travers pour finir sur Brest. On avait la sensation la nuit dernière d’être sur les bancs de Terre-Neuve : il y avait une bruine dense mais ça commence à s’éclaircir même si le plafond reste bas et gris. Nous sommes en veille permanente au radar : cela nous permet de bien anticiper la route des cargos mais aussi de voir les grains qui se forment. On reste vigilant. »

Sébastien Col (FONCIA)

« C’était un peu notre dernière cartouche avant le Fastnet pour se cacher et tenter des choses… L’intérêt, c’est surtout de mettre la pression sur notre concurrent direct, Groupe Edmond de Rothschild. Il ne sait plus comment on mène le bateau, même si la route pour les Scilly est assez directe. On n’avait plus trop de possibilités d’utiliser ce monde fantôme après… Ces prochaines heures, on va reprendre un peu de terrain au leader, mais pas suffisamment pour l’inquiéter. Mais en ce moment, on a mis la barre vitesse un peu plus haute ! Là, on va directement se coucher après son quart : ça ne rigole plus… Seb cherche à nous contrôler : à nous de saisir une opportunité pour revenir au contact ! »

Sidney Gavignet (Musandam-Oman Sail)

« On ne peut pas être au maximum de la vitesse, mais les conditions sont bonnes avec une mer relativement plate et une belle brise. On profite de notre position pour faire barrer Farad et Moshin parce qu’il y a peu de chance de gagner une place à moins d’une avarie. Pour installer le foil tribord à bâbord, il a d’abord fallu enlever le morceau cassé, puis hisser l’appendice qui fait autour de 90 kg avec une drisse. Ce matin, on a réussi du premier coup à glisser le foil dans le puits bâbord avec trois équipiers en basculant le mât sous le vent pour que ce soit plus facile à encastrer. Mais on ne peut le descendre que de 80% ! Cela ne nous empêche pas de faire des « plantés » dans une vague de temps en temps… Autrement, l’équipage se porte bien. »

Stève Ravussin (Race For Water)

«  Attendez : je reviens ! Je vais pomper mes 150 litres d’eau… Me revoilà, quelques coups de pompes et c’est reparti ! Nous nous sommes donnés un timing de 40 minutes max pour ne pas avoir trop d’eau devant, la fissure à l’air de ne pas s’agrandir donc c’est bon signe….

Quand nous avons appelé le bateau « Race For Water », je n’ai pas pensé qu’à la première transat en course, nous allions finir dans un container ou un sous marin américain ? Qui sait ? En tout cas, je pense que lui n’a rien eu… Comme je le disais, le nom du MOD 70 est encore plus justifié quand on n’arrive pas à traverser l’Atlantique sans taper quelque chose : c’est qu’il y a vraiment un souci quand on voit la surface de la mer sur le globe ! »

Avarie de foil pour Musandam, Spindrift et Foncia en tête de la flotte

Comme prévu, la brise a forci cette nuit, et les conditions de mer se sont durcies avec l’entrée dans le flux du Gulf Stream qui apporte deux nœuds de courant portant à l’Est,mais aussi un renforcement de la houle près des Grands Bancs de Terre-Neuve.

Les équipages naviguent désormais sous deux ris dans la grand-voile et solent ou foc de brise, avec des vitesses de l’ordre de trente nœuds, la prudence reste cependant de mise au sein avec les avaries d’appendices survenues à bord de Race for Water (dérive endommagée suite à une collision avec un OFNI hier) et celle de Musandam-Oman Sail ce jour ; comme l’explique le skipper Sidney Gavignet : « En milieu de nuit, tout allait bien avec une vitesse moyenne oscillant entre 30 et 33 nœuds sous deux ris dans la grand-voile et foc solent. Le foil s’est rompu mais nous n’avons pas eu l’impression d’avoir touché quelque chose… Nous l’avons retiré de son puits et stocké dans la coque centrale. Nous devons donc naviguer désormais sous deux ris et foc de brise ORC à 70% de notre vitesse normale. Ce qui fait que nous allons perdre 200 milles par jour ! Mais nous pouvons arriver sans encombre jusqu’à Brest : il faut juste rester plus prudent car le bateau enfourne dans la mer plus brutalement. On garde le moral… Nous aurons besoin d’un nouveau foil à Brest, car une escale technique aux Açores n’est pas envisageable : il n’y a pas de vent en ce moment autour de l’archipel. »

Le potentiel du trimaran omanais est donc largement entamé et l’équipage se trouve relégué à plus de 100 milles de la tête de flotte ce soir.

Ce soir Spindrift racing mène la flotte devant Foncia et Groupe Edmond de Rothschild, ces trois bateaux filent toujours à près de 30 nœuds avec une route nord est, avec des moyennes sur 24 heures supérieures à 700 milles ; le déclenchement de l’empannage prévu demain ou mercredi s’annonce crucial pour la suite de la course avec le front où le vent va mollir à une vingtaine de nœuds puis s’orienter au secteur Ouest. Il faudra alors choisir entre deux options soit plonger vers le Sud-Est et l’anticyclone des Açores sur une mer calme mais un vent faiblissant, soit continuer vers le Nord-Est pour longer le front et se rapprocher de la route directe avec une mer plus agitée et un vent plus instable.

Les skippers à la vacation :

Michel Desjoyeaux (FONCIA)

« Côté conditions météo, ça commence à mollir doucement et on ne devrait pas tarder à renvoyer de la toile. Cette nuit, nous n’avions pas beaucoup de repères et il fallait se fier à l’électronique qui nous donne la force et la direction du vent, la vitesse du bateau et son cap. On a bien eu un bout de lune en fin de nuit, mais on ne voyait pas grand-chose parce que c’est très nuageux à l’avant du front. Côté stratégie, il n’y a pas d’initiatives à prendre dans l’immédiat et tout le monde suit à peu près la même route. Mais à la longitude des Açores, il y aura des opportunités… On ne voit plus Spindrift racing mais on le suit avec l’AIS. Tout est trempé à bord ! Parce qu’il y a quand même de belles vagues. Et il y a toujours quelqu’un à l’écoute pour gérer la situation dans une bouffée d’air. A l’intérieur, c’est un véritable shaker ! »

« C’est plutôt sympa d’avancer si vite vers la maison. C’est très grisant, mais un peu stressant aussi. Dans ces conditions, on libère la puissance, ou on réduit la toile par l’arrière. Mais, on adapte en bordant ou choquant l’écoute de voile d’avant. Cela nécessite une vigilance de tous les instants et c’est la condition sine qua non pour rester à l’endroit. A la barre, on porte un casque avec une visière pour se protéger des gerbes d’embruns qui déferlent par dessus le pont. Il faut avouer que depuis cette nuit, c’est un peu ambiance sport de combat ! »

Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild)

« Nuit mouvementée et assez ventée : on a eu jusqu’à 30-35 nœuds avec pas mal de grains et une houle croisée qui ne facilitait pas le pilotage. La brise devrait se calmer un peu en milieu d’après-midi ou en début de nuit prochaine, mais on aura quand même 25 nœuds et une mer de 2,5 mètres… Ce midi, comme nous sommes juste au Sud des bancs de Terre-Neuve, il y a parfois des zones très chaotiques avec les méandres du Gulf Stream, puis vingt milles plus loin, ça se réorganise… On navigue sous deux ris et solent à 140-150° du vent réel, un angle assez abattu pour gérer la vitesse et glisser vers le Nord-Est progressivement. On se maintient à 28 nœuds de moyenne et c’est plus « supportable » que les 30-32 nœuds de dimanche soir : c’est important que le barreur joue avec les creux pour ne pas trop solliciter le bateau. Alors avec cette « molle » à venir, ça sera tout de même plus aisé pour négocier les vagues. »

Antoine Kock (Groupe Edmond de Rothschild)
« Tout va bien à bord de Groupe Edmond de Rothschild, sauf qu’il est très compliqué, voire impossible de taper sur le clavier !! La vie est encore plus compliquée à l’intérieur du bateau que sur le pont. C’est aussi humide, mais comme on ne voit pas les vagues arriver, lorsque le bateau plante- ce qui arrive environ une fois toutes les heures – on fait de beaux vols planés à l’intérieur… Les déplacements sont vraiment longs et difficiles… A part ça, cette transat express tient ses promesses, et le speedo ne descend que rarement en-dessous de 30 nœuds. Florent a amélioré le record de vitesse du bateau : 40,7 nœuds… A demain, Antoine Koch »

© Yvan Zedda / Sea&Co / Gitana Team

Yann Guichard (Spindrift racing)

« C’est humide, très humide ! On a passé une bonne première partie de nuit, mais c’est difficile de tenir des vitesses élevées sans risque à cause des vagues, car la mer est assez agitée… On a pris notre rythme, mais ce n’est pas facile de dormir parce qu’il faut être tous à l’arrière du bateau et il n’y a pas de bannettes derrière : ça secoue beaucoup. On prend quelques petits grains qu’on anticipe bien au radar : en ce moment, on a 32 nœuds de vent réel mais il n’y a pas trop de méchantes rafales et c’est moins stressant. Nous sommes quatre barreurs à nous relayer toutes les quarante minutes parce que c’est assez éprouvant. On a pu manger correctement jusqu’à hier soir où nous avons fait notre premier lyophilisé : c’était assez rock & roll ! Il faut garder des forces et c’est vrai que le sommeil, ce n’est pas aisé…   Nous avons fait un joli « planté » ce matin. Nous avons réduit la voilure. L’expérience de garçons comme Jean-Baptiste Levaillant et Pascal Bidégorry est précieuse. »

A noter que la direction de course envisage de mettre en place une nouvelle marque de parcours, en imposant aux équipages le passage entre une porte préfigurée par les îles Scilly et le phare de Wolf Rock, afin de faire coïncider  l’arrivée des trimarans avec le début de fêtes de Brest vendredi.
Un aperçu des conditions de navigation sur une vidéo transmise par l’équipage du MOD 70 Groupe Edmond de Rothschlid .

Les MOD à haute vitesse

Les premiers milles de la Krys Ocean Race au pied des buildings new-yorkais à petite vitesse ont vite été oubliés pour les équipages des cinq MOD 70 qui ont rencontré des conditions musclées mais maniables au cours de cette première journée de course.

Les trimarans ont navigué sous grand-voile haute et gennaker une bonne partie de la nuit avant que les équipages ne prennent un ris et établissent le génois afin d’éviter tout risque d’enfournement et de possible chavirage.

Sidney Gavignet et son équipage sur Musandam-Oman Sail ont gardé la tête de la flotte jusqu’au classement de 18 heures, avant de céder la place de leader à Groupe Edmond de Rothschild mené par Sébastien Josse, cette belle tenue de l’équipage aux couleurs d’Oman est une petite surprise, puisque l’équipage est celui qui dispose du moins d’entrainement sur le trimaran monotype. A 21h, c’est Michel Desjyaux sur Foncia qui était crédité de la première place, en fait trois bateaux, Groupe Edmond de Rothschild,  Foncia et Spindrift racing naviguent en tête de la flotte et risquent de s’échanger le leadership lors des prochains pointages, Oman Sail a décidé de prendre une route un peu plus sud pendant l’après midi, s’éloignant de la route directe.

Quant à Race for Water, la nouvelle est est tombée au petit matin, le trimaran de Stève Ravussin a touché un container flottant entre deux eaux cette nuit et la dérive a été sérieusement endommagée. Yvan Ravussin, frère du skipper et spécialiste du composite, a effectué avec deux équipiers une réparation et l’équipage a pu reprendre sa route à plus de 25 noeuds au cours de l’après midi comme l’explique le skipper : «  Notre dérive est cassée à plusieurs niveaux. Il n’y a pas grand chose à faire. Nous l’avons remise à poste. Elle est désormais en position haute. Nous avons perdu du temps dans la réparation et le check du Race For Water. On reprend notre rythme de course. Nous sommes dans un vent de 25 nœuds avec des vagues de 3 mètres environ. »

Les réactions des skippers :

Sébastien Josse, Groupe Edmond de Rothschild : « La première nuit a été plutôt agréable sur une mer relativement plate et avec une belle lune. Ce midi, le temps commence à se dégrader : la mer se forme et devient plus hachée car nous sommes rentrés dans le Gulf Stream, mais cela reste maniable parce qu’il n’y a pas plus de 20-25 nœuds de brise. Les conditions actuelles sont celles attendues, c’est-à-dire une mer en cours de formation et un vent de Sud-Ouest d’une vingtaine de nœuds qui nous permettent d’aligner des vitesses assez élevées ! Samedi soir, nous étions à vue de Race For Water mais on s’est perdu avec la nuit. On s’attend à des conditions météorologiques assez similaires bien que le vent doive se renforcer à plus de trente nœuds encore au cours de l’après-midi, voir de la nuit. Mais la bonne nouvelle, c’est que nous sommes bien dans le flux qui va nous propulser vers l’Angleterre : on va essayer de rester dans ce couloir pour gérer au mieux notre trajectoire. Nous sommes deux ou trois sur le pont selon les moments, car le troisième équipier s’occupe aussi de faire le ménage ! C’est de plus en plus humide : il y a quelques entrées d’eau et il faut écoper…  »

Yann Guichard, Spindrift Racing : « C’est très humide à bord. Avec le bruit et la vitesse, il est très difficile de se reposer. Nous sommes au moment où je parle à… 39 nœuds de vitesse instantanée. C’est ainsi depuis plusieurs heures. Cela ne va pas durer car la mer se forme, avec l’entrée dans le Golfe Stream. Nous sommes à vue de Foncia et on calque notre rythme sur celui de Musandam Oman sail. Il faut faire très attention aux excès de vitesse. Au-delà de 35 nœuds, surtout la nuit, la moindre erreur est fatale… On est aussi vigilant aux OFNIs (Objets Flottants non Identifiés), comme celui qu’a percuté Race for Water.»

Les conditions vont se durcir lors des prochaines heures, puisque les équipages vont rencontrer une mer plus dure avec des creux de 4 mètres et des vents d’une trentaine de noeuds en rafale.

La cartographie Géovoile,  les interviews de Michel Desjoyaux et de Stève Ravussin avant le départ sur Sports.fr