Thomas Coville évolue ce soir à la latitude des Canaries, avec une avance confortable de plus de 2600 milles sur le record de Francis Joyon, alors que la distance à couvrir jusqu’à Ouessant est de moins de 2000 milles. Le skipper approche donc de la fin de son tour du monde en solitaire, il devra encore contourner l’anticyclone des Açores qui barre la route directe vers Ouessant. La cellule routage du team Sodebo prévoit une ETA sur la ligne d’arrivée entre le 25 dans la soirée et le 26 en fin de journée.
Thomas Coville pourrait donc boucler ce tour du monde en moins de 50 jours.
Thomas Coville pourrait donc boucler ce tour du monde en moins de 50 jours.
Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim :
» Ce tronçon entre la latitude du Cap Vert et celle des Iles Canaries n’est pas la partie la plus drôle de ce tour du monde. Tu es face à la mer, c’est très humide. Dès que je mets le nez dehors, je m’équipe car ça mouille. Depuis deux jours, la météo est très instable avec des vents irréguliers et beaucoup de grains. En température il fait bon mais ça s’est bien rafraîchi.
Le plus difficile ce n’est pas de faire accélérer le bateau mais de le faire ralentir, car face à la mer, on peut tout casser. C’est difficile techniquement, du coup je dors très peu. Mentalement ce n’est pas très agréable. Mais je m’y attendais car ce n’est pas ma première fois. A chaque fois que je fais cette remontée, c’est une bonne piqure de rappel.
Cet alizé c’est la période la plus désertique où il se passe le moins de choses. Quand tu le fais dans le sens de la descente vers les Antilles, c’est plutôt agréable mais dans la remontée c’est très déplaisant. J’aime bien la lumière de l’alizé du soir. C’est le moment où je m’accorde un thé sur le pont et en ciré.
L’enchaînement à suivre va être très physique. On va se faire toute la garde-robe dans les deux sens. Il va falloir redéployer toute la toile. Ça va être très très physique. Ensuite ce sera un long run à faire dans du vent très fort que j’appréhende et qui est loin de me laisser serein. J’ai cette gamberge-là dans la tête de savoir à quelle sauce je vais être mangé et comment ça va se finir.
Je n’ai pas de problème physique, pas de tendinite c’est la preuve que je m’hydrate bien. Je ne suis pas blessé et c’est un point important. J’ai certainement perdu un peu de poids, je me sens comme du coton. Vu tout ce que je donne comme énergie, je dois avoir certaines carences. J’adore manœuvrer et je le fais plutôt bien généralement, mais je vois bien que je suis plus lent, que les manœuvres durent plus longtemps. Je ne me suis pas beaucoup épargné.
Par rapport à mon bateau d’avant, il y a une vraie rupture technologique qui fait que je suis bien plus rapide en termes de vitesse sur l’eau. Avec Sodebo Ultim’ il faut une réactivité énorme pour traverser les systèmes météo. C’est la première fois que quelqu’un s’expose à faire un tour du monde avec un bateau aussi grand et avec des voiles aussi lourdes. Remplies d’eau, les voiles d’avant font entre 110 et 120 kilos, voire plus. Les rouler, dérouler c’est long, et en Atlantique Sud, j’en ai fait ! Les atouts et les avantages dont j’ai retiré le maximum dans la descente jusqu’au Cap Horn, je les paie maintenant. Physiquement c’est le revers de la médaille. J’aurais pu m’accorder d’être plus lent en me disant de faire moins de manœuvres et de rater un système, mais je n’ai pas fait ce choix-là, donc on verra si c’était le bon. »