La conférence de presse de Banque Populaire a confirmé les rumeurs qui couraient depuis quelques temps, le sponsor historique de la voile dans l’hexagone poursuit son engagement dans ce sport.
Ceci passera par la construction d’un nouvel Ultime, Banque Populaire XI, Armel le Cléac’h est confirmé au poste de skipper.
Ceci a permis de revenir sur les origines de la casse du Maxi Banque Populaire IX, ayant entrainé son chavirage pendant la Route du Rhum. D’après les expertises et les avis de l’équipe technique et navigante, il semblerait que la casse du bras de liaison avant ait entrainé la perte du flotteur et le chavirage. Ceci pourrait être lié à un choc avec un OFNI ayant eu pour conséquence un délaminage progressif et la rupture du bras.
La construction du nouveau trimaran démarrera au printemps, pour une mise à l’eau prévue fin 2020, début 2021.
Cette construction s’appuiera sur de l’existant, les moules de flotteurs et potentiellement de bras de Banque Populaire IX, avec cependant une structure différente pour éviter de nouveaux problèmes techniques. Le bateau sera donc l’oeuvre du cabinet d’architectes VPLP, avec l’appui de GSea Design pour la structure, en collaboration avec les ingénieurs du bureau d’études du Team Banque Populaire. Le design des appendices sera par contre nouveau, tout comme le positionnement de ceux-ci, ainsi que celui du mât.
Armel le Cléac’h, skipper du Maxi Banque Populaire IX et du futur Banque Populaire XI :
« Nous avons eu une année 2018 compliquée. Malgré cela, la confiance de Banque Populaire a été renouvelée pour repartir sur plusieurs projets et notamment repartir en Ultim. Je suis vraiment très content, malgré ce que j’ai vécu, malgré le stress de la casse et du sauvetage, je suis à 200 % et j’ai envie de naviguer sur ces bateaux. Nous avons la chance d’avoir la construction d’un nouveau bateau, le Maxi Banque Populaire XI, qui va se dérouler sur 18 mois avec une mise à l’eau au cours de l’hiver 2020 / 2021. On est très content avec toute l’équipe de repartir dans cette aventure. Il y a une vraie volonté d’y retourner tous ensemble
Ce qui m’est arrivé pendant la Route du Rhum reste pour moi une casse brutale et cela ne remet pas en cause mon envie et mon engagement. Il y a eu de la peur, l’accident a été soudain. On passe d’un moment où l’on maîtrise à peu près tout ce qui se passe et puis d’un coup, on se trouve en danger, avec un bateau en train de chavirer suite à la casse du bras. Ces événements en course au large et encore plus en solitaire peuvent arriver, le risque zéro n’existe pas, on le sait et on en a conscience quand on fait ce métier-là, même si toute l’équipe avait extrêmement bien préparé le bateau. On a longuement débriefé avec mon équipe et on travaille pour comprendre ce qui s’est passé et être plus en sécurité dans le futur. On a partagé avec les autres équipes dans ce sens car il y a une vraie volonté commune d’avancer. »
A lire également, i’interview d’Armel le Cléac’h sur le Télégramme, et celle de Ronan Lucas, directeur du team Banque Populaire dans Ouest-France.
Les deux leaders ont offert une superbe bataille lors de leur arrivée en Guadeloupe.
Le contournement de l’île aura offert un suspense haletant, Francis Joyon avait déjà amorcé un superbe retour les 24h précédentes, mais les vents évanescents sur l’île ont permis une nuit de régate magnifique.
A la marque de Basse Terre, François Gabart pointait encore en tête avec 17 minutes d’avance, après avoir été totalement scotché pendant plusieurs heures. La victoire semblait encore acquise pour François Gabart sur son trimaran MACIF, mais entre le Sud de l’île et la ligne d’arrivée, Francis Joyon, décalé à terre, prenait une risée qui lui permettait de revenir sur MACIF. Bien que ralenti par un filet de pêche pris dans un de ses safrans, le skipper d’IDEC Sport parvenait à conserver l’avantage pris sur MACIF plus au centre du canal des Saintes. A deux milles de la ligne, le vent tombait à nouveau, l’avantage pris le long de la côte de Francis Joyon fondait de nouveau, MACIF plus rapide, revenait au contact. Les deux trimarans se retrouvaient bord à bord, à 3 nœuds de vitesse. Francis Joyon parvenait à caler un superbe virement qui l’amènera à la victoire.
Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC
Francis Joyon, skipper d’IDEC Sport s’imposait donc en 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes pour à la vitesse moyenne de 19,42 nœuds. Il établit ainsi un nouveau temps de référence sur le parcours en battant de 46 minutes et 45 secondes le chrono réalisé en 2014 par Loïck Peyron. François Gabart sur MACIF prend la 2nde place en 7 jours 14 heures, 28 minutes et 55 secondes de course, concédant 7 minutes et 08 secondes au vainqueur.
Idec Sport devient avec ses victoires triple vainqueur de la Route du Rhum, sur trois éditions consécutives, avec Franck Cammas à la barre en 2010 sous les couleurs de Groupama 3, avec Loick Peyron en 2014 sous les couleurs de Banque Populaire et de nouveau cette année avec Francis Joyon.
Le team Macif Voile avait dévoilé, quelques heures avant le dénouement les soucis qui avaient handicapé François Gabart sur cette course. Le skipper a dû faire face à des soucis de vérin de J3 lors de la première nuit de course.
Puis lors de la deuxième nuit, le skipper perd son fois tribord dans la traversée du Golfe de Gascogne, puis son safran bâbord, qui s’est coupé net sous le casque de safran le lendemain matin. Les soucis de lattes de grand voile étaient quant à eux connus, le skipper de Macif ayant pu réparer la latte 3 mais a du se passer de la 4 non réparable.
Francis Joyon : « Je me suis rendu compte que je pouvais gagner 1 minute 30 avant l’arrivée . Mais avant ça, j’ai cru que François allait me repasser parce qu’il allait beaucoup plus vite avec son code zéro. C’est vrai que ça a été un moment de grande inquiétude parce que je le voyais revenir comme un avion. J’avais l’impression de rééditer un petit peu l’arrivée de Mike Birch pour qui j’ai beaucoup d’admiration ».
François Gabart : « Quand il me vire devant je me dis c’est mort et puis en fait je reviens je reviens je reviens puis je me dis ‘on va se finir tous les deux sur la ligne à une longueur de bateau…’ Et voilà c’est comme ça que ça se termine, mais ce n’est qu’un détail. C’est un détail important car il arrive à la fin de la course, mais ce n’est qu’un petit moment par rapport à une course qui a duré un petit peu plus d’une semaine ! »
Francis : « J’ai appris les problèmes de François au dernier moment mais je me doutais qu’il avait un bateau extrêmement rapide et que si j’arrivais à regagner sur lui c’était qu’il était handicapé d’une manière ou d’une autre. Je pensais que c’était plus un problème de bas étai ou quelque chose comme ça qui le contrariait, je n’imaginais pas que les dégâts étaient aussi importants. Il a eu énormément de mérite de continuer à un rythme aussi élevé alors qu’il avait un safran et un foil en moins. Ce sont quand même de gros handicaps et François a réussi d’une part à prendre sur lui et ne rien dire, et d’autre part à faire une course hyper courageuse et engagée.»
François : « Je pensais que ça allait être simple sur une transat et en fait j’ai passé énormément de temps à bricoler et à adapter ma façon ne naviguer à tous les problèmes que j’ai pu avoir sur le bateau. J’ai passé mon temps à ça, dès qu’il y avait une phase de transition. Ça a commencé dès le passage de Ouessant et ça s’est terminé jusque dans derniers bord où il fallait pomper dans le puits de foil qui se remplissait d’eau »
Francis : « J’ai l’impression d’avoir été plus loin que d’habitude. Là j’ai trouvé des stratégies de sommeil où j’arrivais à récupérer en quelques petits instants de temps en temps et du coup je ne me suis pas mis dans le rouge complètement. Mais c’est vrai qu’en matière de navigation un peu sauvage, les deux premiers jours c’était vraiment très très sauvage. Et je comprends qu’il y ait eu beaucoup de bateaux cassés parce qu’il fallait réussir à passer sans casser le bateau et j’ai failli plusieurs fois casser le bateau moi aussi (…) Le trajet a été difficile, même en croyant avoir du beau temps dans les alizés, on avait des passages de grains assez violents. Les changements de voile étaient difficiles, le bateau était brutal, c’était sportif. C’est ce qu’on venait chercher mais cela restait des moments délicats. Je suis dézingué au niveau auditif car le bateau était en vibration et en sifflement constant… »
François : « Si j’ai la patate comme lui à 62 ans, ce sera bien. C’est la preuve que la voile maintient en forme. Cela dit, quand on regarde ce qu’on a fait… Moi, je n’ai pas beaucoup dormi et parfois, on va un un peu trop loin dans l’extrême au niveau physique et mental donc il ne faut pas faire ça trop souvent. Une fois par an, c’est suffisant »
François : « Je suis content de la course. Cette course aurait pu s’arrêter plus tôt, ça ne se joue pas à grand chose. J’arrive quand même jusqu’ici en Guadeloupe, ravi de m’être tiré la bourre. C’est vrai que je suis deuxième. La victoire, est-ce vraiment ce que je viens chercher systématiquement ? Ces dernières années, j’ai eu la chance de vivre des courses de dingues. Ce que tu retiens à la fin, c’est ça. Ce sont les expériences que tu vis… Je retiendrai que j’ai eu peur, que j’étais tendu quand je voyais Francis revenir, que c’était insupportable. Et ce dernier bord à bord la nuit dans la pétole. Peut-être que demain j’aurais la gueule de bois et que ça fera mal de ne pas avoir gagné, mais je crois surtout que je m’en souviendrai toute ma vie de cette course, parce qu’elle était belle jusqu’au bout. Et j’y ai appris plein de choses.»
Avec la perte de ses deux appendices, François Gabart était donc doublement handicapé, en effet côté tribord l’absence de foil empêchait le soulagement voir le vol du bateau, alors que côté bâbord, l’absence du safran contraignait le skipper a gardé le bateau suffisamment à plat pour garder le contrôle de la trajectoire grâce au safran de coque centrale.
Thomas Coville a quant à lui repris sa route hier matin, avec la 3ème place comme objectif. Le skipper a quitté le ponton du port de La Corogne à 8h ce matin. Après s’être éloigné des côtes il a repris la direction du sud à vitesse modérée afin de tester la réparation réalisée sur Le Bras de liaison.
L’arrivée est désormais proche pour les deux ultimes de tête, François Gabart et Francis Joyon étant à moins de 300 milles de l’arrivée.
Et le suspense est haletant pour cet fin de course, en effet Francis Joyon ne cesse de réduire son écart avec Macif.
Photo Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC
Le skipper d’Idec Sport grappille des milles à chaque classement, affichant parfois un différentiel de vitesse impressionnant avec Macif, il ne pointe plus qu’à 45 milles du leader. Alors qu’hier à la même heure François Gabart comptait 120 milles d’avance.
Ces derniers jours laissent à penser que Macif est probablement handicapé par un souci technique, le plus en vitesse attendu pour le foiler n’ayant jamais été vérifié. Il n’en reste pas moins extraordinaire que Francis Joyon arrive à tenir des moyennes exceptionnelles sur son trimaran d’ancienne génération avec des appendices ne lui permettant pas de voler.
Thomas Coville sur Sodebo Ultime devrait reprendre la mer dans la journée, le skipper devrait faire des teste au large à différentes allures avant de reprendre le chemin de la Guadeloupe.
En Multi50′, Armel Tripon fait cavalier seul en tête, Thibaut Vauchel Camus et Erwan Le Roux ont repris leur route après un arrêt technique au Açores. Gilles Lamiré devrait avoir du mal à maintenir FenêtréA-Mix Buffet dans ses tableaux arrières à ces allures portantes. Reste à savoir si Lalou Roucayrol sur la route sud pourra croiser devant les poursuivants de la route nord.
François Gabart et Francis Joyon poursuivent leur cavalier seul en tête de la flotte de cette Route du Rhum. Ils doivent composer avec des alizés assez irréguliers, l’avantage est toujours pour le skipper de Macif qui maintient environ 140 milles d’avance sur Idec Sport, qui se recale à l’ouest.
Ils restent 1100 milles à parcourir pour les deux leaders, ils devraient couper la ligne d’arrivée dimanche dans la soirée.
Francis Joyon n’a cependant pas dit son dernier mot, le marin cravache pour rester à 100% des capacités de son trimaran :
« Le sommeil, comme l’alimentation, c’est un peu n’importe quoi en ce moment !Je demande tout au bateau, et à moi-même !Je barre beaucoup sous un chaud soleil d’alizé. Je mesure ma chance d’être là, de pouvoir naviguer comme j’aime le faire. Le bateau est en bon état et le bonhomme aussi. Nos foils, à 30 noeuds de vitesse, constituent une réserve de puissance étonnante. Ils sont faits pour la très haute vitesse. Le flotteur décolle, mais IDEC SPORT ne fait plus le fou… C’est un jeu d’équilibriste à la barre. Macif évolue dans un bon couloir de vent. On hésite à le quitter. Il y peu de coups à faire, mais tout se joue à si peu de choses… »
Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC
Romain Pillard évolue au près au large du Portugal dans des conditions difficiles , tandis que l’équipe Sodebo poursuite les réparations sur le trimaran de Thomas Coville.
Armel le Cléac’h a retrouvé la terre aujourd’hui à Vigo, le skipper revient sur la casse de Banque Populaire IX :
« Après Ouessant on se retrouve dans une zone de vent quelque peu compliquée. Il y avait une transition, nous on décide d’aller chercher un peu plus de vent dans l’ouest. Effectivement on se retrouve de nouveau à rattraper nos petits camarades qui s’étaient un peu échappés, il y a quatre bateaux devant moi et très vite on récupère quelques places, dû notamment aux avaries de deux concurrents directs Gitana et Sodebo, et puis je me retrouve en deuxième position dès le lundi soir dans le Golfe de Gascogne où on allait chercher cette deuxième dépression qu’on avait déjà bien surveillée depuis plusieurs jours à Saint-Malo à terre avec mon équipe, donc on continuait finalement notre stratégie comme prévu au départ.
On s’était vraiment donné des limites en force de vent et d’état de mer, pour pouvoir préserver le bateau. Avant tout, l’objectif avec l’équipe était d’arriver en Guadeloupe. On savait qu’on avait le potentiel pour faire une belle place, mais d’abord l’essentiel était d’arriver. Pour ça on s’était mis des limites par rapport aux conditions météo.
Malgré notre retard au départ, on n’a pas changé cette ligne de conduite avec Marcel mon routeur avec mon équipe à terre, donc on a continué cette stratégie, donc on avait un petit contre bord à faire dans l’ouest pour aller chercher une rotation de vent, dans des conditions de vent et de mer un peu plus fortes mais pas du tout dantesques. On est allé chercher jusqu’à 5 mètres de creux, il y avait des rafales à 35, 40 nœuds maximum, mais ça n’allait pas durer très longtemps.
Mardi matin, je suis tribord amure au près direction l’est des Açores et on continue notre plan de route avec notre équipe météo à terre. Les conditions se sont un peu dégradées comme prévu, on a 35 nœuds de vent, de la mer qui s’est un petit peu formée, Je suis à ce moment-là avec le minimum de voile à bord de Banque Populaire, 3 ris dans la grand-voile, le J3 ce qu’on appelle l’ORC, la plus petite voile de près, et le bateau avance normalement.
J’ai vraiment réduit la vitesse pour ne pas faire souffrir le bateau parce qu’on sait que c’est le moment un petit peu compliqué à passer que derrière les conditions dans la soirée vont nettement s’améliorer, et que finalement ensuite ce sera vraiment la descente, la glissade vers les Antilles.
Tout se passe bien, j’ai réussi à dormir quelques heures la nuit précédente pour justement passer ces conditions un peu difficiles, et puis le bateau avance normalement. Je suis à ce moment-là en veille au niveau du piano pour être à même de pouvoir choquer les écoutes parce qu’il y avait de temps en temps des petites surventes.
Tout d’un coup, le bateau bascule sur le côté, en quelques secondes, je ne me rends pas vraiment compte de ce qui se passe, le bateau est complètement gîté, je me rends compte qu’on est en train de chavirer. J’aperçois le flotteur sous le vent qui est détaché du bateau, donc je me dis qu’il y a dû y avoir quelque chose qui a lâché, je ne sais pas quoi, en tout cas, je suis plutôt dans l’urgence de gérer la crise, surtout pour moi d’essayer de trouver une solution pour être en sécurité et me retrouver si possible à l’intérieur du bateau dans la coque centrale quand le bateau aura fini de se retourner.
Je ne sais pas ce qui s’est passé, ça a été très rapide, le flotteur, ou quelque chose qui s’est détaché. Là pour le coup, c’était tellement brutal et tellement rapide que j’ai été surpris, je ne m’attendais pas à ça bien sûr.
Déjà il a fallu que je réussisse à rentrer dans le bateau, ça ne s’est pas fait facilement. J’ai réussi tant bien que mal à rejoindre la coque centrale et à rentrer par le hublot qui est prévu pour ça, à l’arrière, et donc me retrouver à l’intérieur du bateau, en sécurité, pour pouvoir déclencher les secours et notamment la balise de détresse. Je l’ai actionnée assez rapidement, ensuite j’ai pu ouvrir le sac de survie qui est à bord pour pouvoir avoir tout de suite les premiers outils pour pouvoir me mettre en sécurité et enfin contacter la terre.
J’ai appelé mon équipe pour leur dire que j’étais bien à bord et que ça allait même si j’avais assez mal aux côtes, j’étais un peu sonné mais j’étais dans le bateau sain et sauf et que j’attendais maintenant les secours pour venir me chercher. Ça a pris un peu de temps.
Après l’organisation du sauvetage s’est mise en place avec les différents organismes de sécurité, la Marine française, la Marine portugaise, la Direction de course et le Team Banque Populaire. Les choses se sont faites progressivement, moi j’étais en contact avec la terre régulièrement, ils m’ont donné des nouvelles.
Déjà, ils avaient la position du bateau, ce qui était plutôt bien. Ensuite il a fallu dérouter un ou plusieurs bateaux. J’ai su plus tard qu’il y avait un cargo et un bateau de pêche qui allaient rejoindre la zone sur laquelle je me trouvais et qu’un avion français allait décoller pour pouvoir survoler ma position et qu’un deuxième avion portugais allait aussi venir sur zone. Ça a pris 6-7 heures avant l’arrivée du premier avion français, avec qui j’ai pris contact par VHF pour préciser ma position, pour dire que tout allait bien à bord, et à ce moment-là ils m’ont informé qu’un bateau de pêche portugais avait été dérouté et qu’il allait arriver sur zone en début de nuit vers 20h-21h (heure française), pour pouvoir me porter secours.
D’abord j’ai été récupéré par le bateau de pêche, c’était quand même un moment assez chaud, parce que les conditions de mer et de vent ne s’étaient pas vraiment calmées. Sur zone, c’était toujours bien agité, ça remuait pas mal dans le bateau. Le bateau de pêche est arrivé vers 20h. On avait mis en place une organisation pour mon sauvetage : j’avais échangé avec les deux avions pour leur dire comment j’allais pouvoir sortir du trimaran et rejoindre le bateau de pêche. J’avais prévu de mettre mon radeau de survie à la mer, de monter dedans, et de rejoindre si possible le bateau de pêche à ce moment-là pour monter à bord. C’est ce que j’ai réussi à faire vers 21h.
Ça a été un petit peu compliqué parce que la mer était difficile, il faisait nuit mais heureusement, le bateau de pêche et notamment le Capitaine a très bien manœuvré, l’équipage a été formidable, ils m’ont vraiment bien aidé dans cette manœuvre.
Très vite j’ai réussi à monter à bord de ce bateau de pêche portugais où j’ai été très vite bien accueilli, ils m’ont proposé de prendre une douche de me donner des vêtements parce que j’avais uniquement ma combinaison de survie, et se sont souciés de savoir si j’allais bien. Vraiment très sympa l’équipage.
J’ai pu à ce moment-là prévenir mon équipe et les différents moyens de sauvetage pour dire que j’étais bien à bord et que l’opération de sauvetage s’était bien passée et qu’ensuite on allait rejoindre Vigo (Espagne), mais que ça allait prendre un petit peu de temps parce qu’il fallait deux jours et demi pour rejoindre le port de destination.
Toute l’équipe est mobilisée pour essayer de récupérer le bateau, aujourd’hui les choses se mettent en place. C’est pas simple, parce que le bateau est entre les Açores et le Cap Finisterre, les conditions de mer et de vent sont un peu agitées en ce moment, il faut trouver les bons bateaux, il y a normalement un bateau qui va partir dans les heures qui viennent avec une partie du team Banque Populaire pour aller récupérer le bateau le plus vite possible. »
En Multi50′, les escales se font plus nombreuses, dans le groupe nord, Thibaut Vauchel Camus est contraint de se dérouter vers les Açores, tout comme Erwan Le Roux. Le premier ayant été victime la casse de chariot de têtière de grand-voile, alors que le second est privé de pilotes automatiques. Thierry Bouchard arrive pour sa part à Cascais également pour un souci de chariot de têtière de grand-voile.
Armel Tripon poursuit donc sa route, en tête de la flotte sans grosse pression, Lalou Roucayrol pointant à 400 milles de son tableau arrière. Gilles Lamiré dans le nord tire un bord vers les Açores, il n’a pas annoncé l’intention de faire un arrêt technique.
Pas de changement notable en cette 4ème journée de Route du Rhum.
En Ultime, François Gabart sur Macif et Francis Joyon sur Idec Sport ont rejoint les alizés la nuit dernière. Le skipper de Macif en a terminé avec son aile de mouette et pointe les étraves de son maxi trimaran vers le sud. Son poursuivant devrait en faire de même dans quelques heures.
Les deux marins sont distants d’une centaine de milles, en toute logique François Gabart devrait accroitre son avance sur son poursuivant, grâce aux capacités de vol de son bateau dans les jours à venir. Mais Francis Joyon est loin d’abdiquer, menant son trimaran au delà de ses polaires.
Les quelques options météos à venir ou des soucis techniques pourraient faire pencher la balance pour l’un ou l’autre d’ici l’arrivée en Guadeloupe.
Romain Pillard sur Remade Use It Again est reparti après son escale à la Corogne après le changement de chariots de grand voile. Sodebo Ultime’ est de son côté toujours en réparation dans le port espagnol.
Photo Jean Marie Liot / DPPI / MACIF
François Gabart (MACIF) : « Ça se passe vraiment pas mal ! Je suis bien content de ce que j’ai fait cette nuit. Je me suis bien battu pour faire avancer le bateau, ça va pas trop mal parce que je me suis repositionné. C’était un peu plus compliqué parce qu’on avait pas trop de vent. On est dans le prolongement du front qui permet de descendre vers l’alizé. Je suis assez content, le bateau ne va pas trop mal. Les tensions de lattes ne sont pas parfaites mais il y a moins de tension d’écoute de voile au portant. C’est vraiment du détail et ça ira sans souci jusqu’en Guadeloupe.
Je suis à fond sur le bateau, je ne vais pas me relâcher même si je vais veiller à ne pas perdre d’énergie inutilement. Je ne vais pas faire n’importe quoi et attaquer comme un malade mais on va tenter de gagner par-ci- par-là quelques milles. À priori, il n’y a pas d’options très Nord ou très Sud pour confirmer la trajectoire. Je vais essayer de gérer la fatigue et l’engagement. Ça demande encore beaucoup de concentration. Là, le ciel est plutôt couvert, il y a entre 13 et 20 nœuds de vent et on est au portant. Il y a une petite houle de Nord de travers mais les conditions sont loin d’être difficiles. »
Francis Joyon (Idec Sport) :
« J‘ai bien fait marcher cette nuit » raconte le colosse de 62 ans. « J’ai beaucoup changé de voiles pour m’adapter à ce début d’ alizé qui était très irrégulier. La houle est toujours forte, résiduelle des dépressions passées. Je cherche en permanence l’angle de vent le plus efficace, dans cet alizé qui varie beaucoup, de 15 à 20 degrés. C’est un travail d’attention permanente qui laisse peu de place au sommeil. Je suis plutôt satisfait des foils posés cette années sur IDEC SPORT. Je les ai gardé en permanence y compris dans la tempête, et je crois qu’ils ont été pour moi un gage de sécurité, à défaut de faire voler le bateau. Je suis heureux de disposer d’un bateau au maximum de ses possibilités, avec 100% de ses moyens pour cette deuxième partie de course dans l’alizé vers Pointe à Pitre. Tout peut arriver dans cette course, et je ne veux avoir aucun regret à l’arrivée, quelle que soit l’issue finale ! »
En Multi50′, Thierry Bouchard sur Ciela Village se déroute vers Lisbonne suite à la casse d’un chariot de tête de grand-voile cette nuit. Le reste de la flotte se scinde toujours en deux groupes, les sudistes, Armel Tripon (Reauté Chocolat) et Lalou Roucayrol (Arkema) et les nordistes emmenés par Thibaut Vauchel Camus (Solitaires en Peloton-ARSEP) suivi d’Erwan Le Roux (FenêtréA-Mix Buffet) et Gilles Lamiré (La French Tech Rennes Saint Malo).
Les trois nordistes devraient de nouveau subir une phase météo difficile ce soir avec le passage d’une nouvelle dépression, au sud malgré des conditions plus clémentes, le danger est tout de même présent comme l’a expliqué Armel Tripon à la vacation de ce matin.
Thierry Bouchard (Ciela Village) : « C’est un peu difficile parce que j’ai le courant contre moi. Je me bats pour arriver, j’ai pris un grain à 55 nœuds alors que j’étais à 2 ris. Ca m’a fait empanner, le chariot de têtière s’est arraché de la grand-voile. Là, je suis en train de ranger le bateau, les conditions sont assez mauvaises pour demain. Je m’échappe et j’essaie d’arriver à Lisbonne avant de choper le mauvais temps. Le front va arriver sur le Nord du Portugal et il faut absolument aller au sud pour éviter ce front. On va essayer, en arrivant au port, de voir si on peut changer la pièce. Si c’est le cas et que les conditions le permettent, on pourra essayer de repartir. C’est vraiment dur mais je sais que je peux compter sur le soutien de tous ceux qui sont autour de moi. »
Armel Tripon (Réauté Chocolat) : « C’est la première journée où l’on voit le soleil qui se lève et ça fait du bien ! La nuit a été un peu chaude mais les conditions se sont améliorées. Il y a de la houle qui pousse bien, le bateau surfe facilement. Là, on commence à s’approcher de l’anticyclone, le vent a molli. Il va falloir adapter la trajectoire. Mais c’est parfait : il y a de superbes couleurs et le bateau glisse. J’ai encore le ciré parce qu’il y a pas mal de sel et d’embruns mais quand je serais au portant, en début d’après-midi, je pourrais me mettre en tenue estivale. J’ai croisé Yann Eliès cette nuit : j’ai tenté un appel VHS mais ça n’a rien donné. La nuit était tendue, avec de gros grains et jusqu’à 30 nœuds. J’ai failli me mettre à l’envers ! Mais j’ai la chance d’être sorti plus vite que les autres du piège du golfe de Gascogne qui a foutu la pagaille. Je m’en sors bien ! Maintenant, on va bien contourner la bulle anticyclonique et ne pas se faire empétoler. Sur mon tableau dans mon cockpit, j’ai marqué « concentration » ! Il faut surtout rester vigilant car sur nos bateaux, tout peut aller très vite »
Lalou Roucayrol (Arkema) : « Ça va très bien ! Je vais vers le Sud, il y a une très grosse houle. Moi, je suis vachement mieux. Je pense beaucoup à mes copains qui sont là haut et qui se sont enfermés comme des c… J’espère qu’ils vont en sortir le plus vite possible ! L’idée, c’est de continuer comme ça, d’aller au Sud et d’essayer de combler mon retard. On est parti pour une vraie Route du Rhum de multicoques en passant par le sud. J’espère trouver les alizés plus rapidement que mes petits camarades, pourquoi pas vers les Canaries. Là, c’est maniable et surtout, on voit le ciel bleu. C’est agréable, surtout pour le moral. Ça aide à positiver. «
Pour les deux ultimes de tête, la situation est moins compliquée que pour le reste de la flotte, avec une mer plus rangée et des vents moins soutenus.
Les deux skippers cherchent à rejoindre l’alizé, Francis Joyon, qui avait regagné une trentaine de milles dans la journée, pointe de nouveau ce soir à 80 milles de François Gabart.
Photo Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC
Francis Joyon, Idec Sport :
« Tous ces bords de recalage vers l’ouest ont véritablement été épouvantables, face à une très grosse mer. Le bateau tapait violemment. Travers au vent, sur la forte houle, j’ai connu quelques moments vraiment « chauds », quand IDEC SPORT est monté très haut sur son flotteur. J’ai à plusieurs reprises dû tout larguer un peu en catastrophe. Ce matin, je suis sous la pluie, sous un ciel gris, en bordure du front. Le premier jour, mon souci était de ralentir le bateau sans rien casser. Je suis à présent sous gennaker, pas encore dans l’alizé, mais sur une mer plus confortable. Cette course est un sprint qui ne laisse aucun répit. Je suis depuis la première minute à l’attaque, et je joue ma chance jusqu’au bout ! »
Roman Pillard, sur Remade Use It Again rejoint la Corogne pour remplacer des chariots de grand voile cassés dans la traversée du golfe de Gascogne.
Suite au chavirage de son trimaran Banque Populaire IX sur casse, Armel le Cléac’h a pû être récupéré hier au soir par un navire de pêche. L’équipe chercher maintenant des solutions pour remorquer le bateau, comme l’explique le directeur du team.
Ronan Lucas, directeur du team Banque Populaire Voile :
Comment va Armel ? Il va bien, il est à bord du chalutier espagnol qui a pu le récupérer hier, il se dirige vers les côtes espagnoles qu’il devrait toucher vendredi. Il est pressé de retrouver sa petite famille.
Quelles étaient les conditions en mer au moment de la casse ? Au moment de la casse, on est à l’endroit où l’on souhaitait être avant même le départ de Saint Malo. C’était la stratégie que l’on avait. On s’était fixé des conditions de mer et de vent maximums que l’on n’a pas dépassées. Nous n’avons pas pris plus de risque parce que l’on avait fait une escale, en aucun cas. On était dans le tempo prévisionnel que l’on avait prévu. Il y avait 30/35 nœuds de vent, 5 mètres de mer, Armel maîtrisait parfaitement son sujet, il allait sortir de ce vent un peu costaud dans les 3 à 4 heures de course qui allait suivre, on l’avait eu peu de temps avant et tout allait bien à bord.
Peux-tu nous raconter les circonstances du chavirage ? De ce que nous a expliqué Armel, au moment du chavirage, il était donc 3 ris J3, la plus petite voilure que l’on peut avoir sur le maxi trimaran. Il faisait donc attention de ne pas aller trop vite avec le bateau parce que la mer était d’une hauteur de 5 mètres et il ne voulait pas prendre de risque particulier. D’un coup, il a entendu un « crac », il a vu le flotteur qui partait et le bateau a chaviré après la perte de ce flotteur.
Comment s’est déroulée l’opération de sauvetage ? Nous avons appris hier après-midi qu’un chalutier espagnol présent sur zone allait se dérouter pour récupérer Armel. Ce dernier est arrivé en soirée sur le trimaran et ils ont pris la décision avec Armel d’effectuer l’opération de sauvetage. Chose qui a été réalisée relativement rapidement. Armel a mis son radeau de survie à l’eau et il est monté dedans, le chalutier espagnol lui a lancé un cordage pour le ramener et l’a hissé à bord. C’est une opération qui a été rondement menée, Armel nous a appelé aux alentours de 22h00 pour nous dire que l’opération était terminée et que tout allait bien.
Comment se déroule l’opération de récupération du bateau ? Après le sauvetage d’Armel qui était vraiment la priorité, nous nous consacrons maintenant à la récupération du bateau. Une équipe du Team Banque Populaire est parti aux Açores rejoindre une autre équipe affrétée par les assureurs du Maxi Banque Populaire IX. On espère pouvoir prendre la mer d’ici 24 heures pour rejoindre la position du bateau et pouvoir le tracter vers la côte.
Concernant la casse, l’architecte du trimaran Vincent Lauriot Prevost estime qu’il faut prendre le temps d’analyser cette casse avant de tirer des conclusions potentiellement hâtives. A lire sur : Ouest-France.
Thomas Coville et son équipe travaillent, de leur côté, toujours d’arrache pied à la Corogne pour réparer le bras de liaison fissuré du trimaran Sodebo Ultime’.
En Multi50′, Armel Tripon a poursuivi sa route vers l’ouest , tout comme Lalou Roucayrol, le groupe des quatre autres trimarans de 50′, mené par Thibaut Vauchel Camus ont quant à eux une route plein sud. les deux groupes pourraient se rejoindre demain, et devraient enfin sortir des conditions de mer difficiles avant de rejoindre les alizés.
Photo Jean-Marie Liot / ALeA / TJV17
Gilles Lamiré (La French Tech Rennes Saint-Malo) : « C’était très très dur ! Ces dernières heures, on avait jusqu’à 40 nœuds de vent. Hier, j’ai essayé de faire le dos rond. Après, il fallait se reposer et paf ! ça repart dans l’autre front qui arrive, c’est compliqué pour le début. Ce n’est pas une Route du Rhum facile, on le savait… Moi, j’enchaîne les problèmes, notamment de pilote automatique. Je continue à avancer mais c’est dur. Là, ça s’est un peu calmé même s’il y a encore beaucoup de mer avec 25 nœuds et encore beaucoup de grains. Ça reste compliqué, d’autant que ça va encore se renforcer, même s’il est possible que ça soit moins fort que la nuit prochaine. Je continue à descendre au Sud et plus je serai au Sud, plus ça ira. Je pense surtout à tous ceux qui sont au Nord. Mais je préfère être sur mon bateau ! On va encore déchiffrer avec le routeur pour voir quelle stratégie on va choisir. »
Armel Tripon (Réauté Chocolat) : « Le soleil est là ! C’est vachement sympa, le vent Nord-Ouest est très fluctuant entre 10 et 15 nœuds avec grosse houle de Nord-Ouest. C’est top de naviguer avec un peu de lumière. On est encore loin des alizés parce qu’il y a encore une dépression qui arrive. On va essayer de négocier ce passage vent d’Ouest, puis Sud-Ouest pour aujourd’hui avant de voir si on continue. La dépression sera moins forte mais on récupère le même flux de Sud-Ouest, même en étant au Sud. Là, c’est une petite pause avant la dépression.
J’ai essayé un peu de dormir mais j’avoue que ça commence à tirer un peu. Je vais profiter du calme pour dormir un peu. Je continue à regarder les copains, je m’interroge sur ce qu’ils vont faire. Je suis très admiratif de ce qu’ils font, comment ils sont capables d’assurer dans le Nord. C’est dur pour eux, la mer est forte et ce n’est pas fini. Là, il y a une dépression, derrière il y en a une et c’est un peu copieux pour eux… Je regarde ce qu’ils font, ça jouera dans ma stratégie… Mais je préfère être cent fois plus à ma place plutôt qu’au Nord ! »
Erwan Le Roux (FenêtréA-Mix Buffet) : « en mode survie » « C’est l’enfer, c’est vraiment pas facile. Là encore, on a passé une petite dépression et ça continue avant de plonger vers les Açores. Je me suis mis à bâbord pour chercher la dépression, c’est la dernière difficulté. J’en ai marre, il est temps que ça s’arrête. Entre les problèmes techniques, la mer, le vent… Je n’arrive pas à dormir, je suis malade. Je ne sais pas du tout où sont les autres bateaux. On en a parlé hier et j’ai su globalement ce qu’il s’était passé. Là, je ne suis pas du tout en mode course, je suis en mode « survie ». J’essaie de faire attention à ne pas mettre le bateau sur le toît et à ne pas l’endommager. »
La situation météo s’est un peu plus dégradee pour la majorité de la flotte de la Route du Rhum. Seuls François Gabart et Francis Joyon qui caracolent en tête ont pu échapper au plus gros du mauvais temps. Les deux marins suivent des routes identiques, cherchant à se placer au mieux pour viser le trou de souris qui les mènera vers les alizés.
Armel Le Cléach, qui était positionné plus au nord-ouest avait subi le renforcement du vent de sud-ouest et de la mer la nuit dernière.
La mauvaise nouvelle vest tombé vers 14h, Banque Populaire IX, qui était non localisé sur deux classements successifs avait chaviré vers midi. Armel le Cléac’h est sain et sauf et en sécurité à l’intérieur du trimaran.
Il semblerait que le flotteur bâbord du bateau se soit rompu, ce qui a entrainé le chavirage de celui-ci. Armel le Cléac’h est à 340 milles dans le nord-est des Açores, dans 30-35 noeuds de vent et 5m de houle. Il devait être survolé par un avion de la marine et être récupéré par un autre bateau. La récupération du skipper étant coordonnée l-par le CROSS Gris Nez.
Romain Pillard sur Remade Use It Again est quant à lui toujours dans le Golfe de Gascogne.
Sébastien Josse et le Gitana Team ont officialisé l’abandon du Maxi Edmond de Rothschild.
La situation est moins claire du côté de Sodeb’O, un premier communiqué faisait état de l’abandon de Thomas Coville, avant un démenti. Ce revirement pourrait-être lié au chavirage de Banque Populaire avec une possible place sur le podium en fonction de la faisabilité et du délai de réparation de Sodebo Ultim’.
En Multi50′, le görs de la flotte est amené à subir le gros remps, le peloton composé de Thierry Bouchard, Gilles Laminé, Thibaut Vauchel Camus et Erwan Le Roux doivent faire face à de grosses conditions de mer (40 noeuds de vent et 5m de creux). Les deux leaders, Lalou Roucayrol et Armel Tripon ont choisi deux stratégies différentes.
Lalou Roucayrol (Arkema), sur les conseils de sa cellule météo a fait le choix de faire un stop à Porto pour s’abriter du plus gros de la dépression. Le skipper espère reprendre la mer demain matin. Armel Tripon a lui choisi de continuer sa route au large du Portugal.
Lalou Roucayrol (Arkema): « Je suis en train de tourner dans le port, j’attends mon équipe qui arrive pour amarrer le bateau. La marina n’est pas super facile à Porto… Je travaille avec Eric Mas depuis 1999 et il n’a jamais hésité à m’envoyer au charbon. Là, il n’a pas voulu qu’on y aille. Donc je l’écoute, il doit avoir ses raisons. Depuis le départ, on a entre 30 et 35 nœuds et surtout la mer est défoncée. Hier, je parlais de 4 mètres de creux, mais au Finisterre, c’était plutôt entre 5 et 8 mètres. Ce qui est râlant c’est que j’avais fait un bon trou, Armel (Tripon) était dans le rétro, mais rien n’est terminé. On pense repartir dès demain matin dès que le gros du front est passé. Je vais me reposer et je serai à l’attaque pour repartir à bloc. Ce que je vais faire d’ici là ? Dor-mir ! Le rythme était dur depuis Saint-Malo et il faut rester d’attaque. On va faire un gros point météo avec Karine et Eric et on aura les idées plus claires sur la suite »
Armel Tripon (Reauté Chocolat) :
« Je n’ai jamais eu plus de 33 nœuds de vent, là j’ai 25 à 28 nœuds et une mer pas trop formée, correcte, qui me permet d’aller encore vite. J’ai allumé pour revenir sur Lalou(Roucayrol) mais surtout pour gagner le plus de terrain possible vers le sud. Je vise un waypoint vers 40° (un peu au nord de Lisbonne) où je vais faire un virement de bord pour partir dans l’Ouest et aller affronter le front. Cela ne veut pas dire que ce sera facile. Rien n’est fait ! Mais si tout se déroule comme on l’imagine, moi je n’aurai cet après-midi que 35 à 40 nœuds de vent et 3 à 4 mètres de creux au moment de traverser le front. Ce qui reste encore maniable, alors que ce sera bien plus fort et bien plus violent pour ceux qui sont restés dans le nord où, encore une fois, moi je ne voulais pas aller. Voilà pourquoi je dis que je suis très heureux d’être ici, en forme, avec un bateau à 100% qui n’a subi aucune avarie. La journée va être dure, bien sûr, mais elle le sera bien moins que pour mes collègues du nord. Et si tout va bien, je peux espérer être passé derrière le front dès ce soir. »
Les marins engagés sur cette Route du Rhum destination Guadeloupe ont offert un superbe départ hier au large de Saint Malo.
Les conditions étaient parfaites pour les multis qui ont très vite atteint le Cap Fréhel avant de s’envoler vers la Pointe Bretonne.
En Ultim, Armel Le Cléac’h annonçait un pit stop dans la soirée, le skipper de Banque Populaire IX faisait un arrêt express à Roscoff (35 minutes seulement ) pour changer une pièce qui empêchait la production électrique du bord, comme l’expliquait le directeur du team.
Ronan Lucas : « On s’est aperçu qu’on n’arrivait plus à recharger nos batteries très rapidement après le début de la course, c’était vraiment problématique. C’est une toute petite pièce qui a cassé sur la génératrice qui fabrique l’énergie, ça nous a vraiment mis dans l’embarras et nous avons décidé de nous arrêter très rapidement. Roscoff était le bon choix, Armel connaissait bien le coin et on a fait une escale de moins d’une heure, la pièce a été changée. C’est toujours dommageable, parce qu’on perd le contact avec nos petits camarades, mais une transatlantique, c’est long, il va se passer plein de choses, on commence par notre lot de galères, on espère que ça va s’arrêter pour le reste de la course ».
Sébastien Josse et François Gabart prenaient donc les commandes suite à cet arrêt. Edmond de Rothschild pointait en tête au petit matin, après s’être extirpé de la molle avant Macif. Mais vers 5h30, le skipper du Gitana Team contactait son équipe pour leur faire part d’une grosse avarie.
En effet, une dizaine de mètres de l’étrave du flotteur au vent s’étaient arrachées. Aucun choc ne semble responsable de la casse, le bateau naviguait dans 30 noeuds de vent et 4 à 5m de houle, le skipper et son bateau font route vers la Corogne où ils devraient arriver ce soir.
Cyril Dardashti, Directeur du Gitana Team : « Concrètement, j’ai reçu coup de fil a 5h38 du bord, Sébastien me disant qu’il avait eu un grand coup d’arrêt et que son flotteur au vent (tribord) qui s’était endommagé. Il a perdu en gros 10 mètres d’étrave. Il a pris toutes les dispositions pour ralentir le bateau, réduit la toile au deuxième ris pour faire en sorte qu’il puisse rejoindre La Corogne en toute sécurité car il y a encore beaucoup de mer, entre 4 et 5 mètres, et 30 nœuds de vent. Il faut donc être relativement prudent – et c’est ce qu’il fait pour pouvoir rejoindre l’Espagne au mieux – le but étant d’éviter la dépression qui va se muscler mardi matin.
» Honnêtement je ne pense pas qu’il y ait eu de choc avec un objet flottant. C’est le flotteur au vent qui est parti. Pour l’instant, on n’a pas d’explication. Sébastien était parti plutôt prudemment. Ce sont des bateaux qui vont vite, les vitesses sont toujours impressionnantes, mais le rythme de course était maîtrisé. Il n’y avait pas de souci technique à bord, Sébastien venait de faire une sieste… Il n’y a pas eu de choc.
Aujourd’hui, il est en sécurité dans le bateau. Il n’y a pas de danger immédiat même si la mer est forte. Il a réduit la voilure, il fait route à sept nœuds de vitesse vers La Corogne : il devrait y être ce lundi soir. Une équipe est déjà partie pour le récupérer et sécuriser le bateau. Nous ferons un point ce soir à La Corogne. Mais on peut imaginer déception de Sébastien et de toute l’équipe. «
Thomas Coville était le second à subir une avarie dans la matinée, le carénage du bras avant bâbord du bateau s’est cassé, contraignant également le skipper à se dérouter vers la Corogne.
Photo Jean-Marie Liot / DPPI / SODEBO
Il ne reste donc plus que quatre ultimes en course. Après une petite inquiétude concernant la route de Romain Pilliard sur Remade Use it Again ce matin qui pouvait faire craindre une avarie, il ne s’agissait en fait que d’un changement de voile, pour lequel le skipper a préféré jouer la sécurité.
François Gabart sur Macif pointe en tête avec une vingtaine de milles d’avance sur Francis Joyon, qui tient le rythme de son adversaire dans ces conditions musclées. Armel le Cléac’h a refait une bonne partie de son retard mais s’est décalé dans l’ouest de ses adversaires.
En Multi50′, Erwan Le Roux et le trimaran Multi50 FenêtréA-Mix Buffet ont également dû faire une escale à Roscoff pour assurer une réparation suite à un problème de safran de coque centrale ayant entrainé un début de voie d’eau. Le skipper a repris la course après 4h d’arrêt (durée minimale de l’escale en Multi50′).
Armel Tripon ( Réauté Chocolat ) avait réussi une superbe entame de course mais Lalou Roucayrol (Arkema) a réussi à s’échapper de la molle plus vite que son adversaire et file désormais en tête avec 45 milles d’avance sur Reauté Chocolat. Gilles Lamiré, Thierry Bouchard et Thibaut Vauchel Camus sont quant à eux groupés et se tiennent en une dizaine de milles. A noter le retour tonitruant d’Erwan Le Roux qui devrait recoller au peloton.
Lalou Roucayrol, Arkema :
« C’est humide, c’est la douche. Je suis à la barre. Il y a beaucoup d’air et là je vais être obligé de réduire encore, je suis sous 2 ris et foc ORC, ballasté. Je vais prendre un 3e ris car je n’arrive pas à tenir le cap : il y a vachement de mer et nos bateaux sont un peu handicapés dans ces conditions. On était un peu mieux placé qu’Armel (Tripon) cette nuit mais c’est très aléatoire dans ces conditions, très venté, avec des gros grains donc il faut être au bon endroit par rapport aux grains, mais il n’y a pas vraiment de gloire à tirer. J’ai entre 25 et 30 nœuds, la mer est bien défoncée, il y a bien quatre mètres de vagues, de travers, pas encore dans le sens du vent. Ça déferle un peu sur les crêtes donc la mer c’est assez merdique en fait… »
Thibault Vauchel Camus, Solidaires en Peloton – Arsep :
« Après Ouessant, ça allait vite, mais dans la nuit noire, on ne voyait pas du tout où on allait, ce n’était pas très confortable. Pour l’instant on est encore cul à cul avec Armel (Tripon) et on essaye de s’extirper de l’autre côté de la dépression. Là, il y a de la mer mais pas de vent, les voiles claquent, ce n’est pas super agréable. Et depuis cette nuit, moi j’ai des petits soucis, un mal de mer qui m’a pourri la nuit. Dès que j’étais à l’ordinateur, j’avais le ventre qui gargouillait, une fois dehors ça a été mieux. Il faut manger et se réhydrater. Je pense que la porte de sortie pour retrouver du vent n’est plus très loin. On voit que Lalou est à fond. Il faut espérer qu’il ne va pas partir très loin, très vite, tout seul ».
Le départ de la Route du Rhum sera donné demain à 14h02, les conditions météo pour le départ sont très favorables à une sortie de Manche très rapide pour les deux classes de grands multis (Multi50 et Ultimes). Les skippers évolueront au reaching et devraient « démancher » sur un seul bord.
Les choses se corseront ensuite avec une petite dépression à contourner au large de la Bretagne et dont la position est encore susceptible d’évoluer. Les trimarans devraient essayer de s’échapper au plus vite vers le Sud-Ouest afin d’éviter le plus gros d’une très dépression qui arrivera sur le plan dans la nuit de lundi à mardi. Celle-ci va détériorer les conditions de mer. Les rafales pourront dépasser les 45 nœuds et les creux culminer à plus de six mètres. À l’arrière, la traîne sera très active.
Les conditions s’annoncent donc idylliques pour les trois ultimes avec plans porteurs : Banque Populaire IX d’Armel le Cléac’h, Macif de François Gabart et Edmond de Rothschild mené par Sébastien Josse. Ils pourraient ensuite être plus à la peine dans la mer formée, les creux de 5 à 6m, les ramèneront à des trimarans archimédiens, Francis Joyon sur Idec Sport et Thomas Coville sur Sodebo Ultim devraient profiter de la connaissance de leurs bateaux respectifs et de leur fiabilité dans ces conditions musclées. Romain Pilliard, sur Remade-Use It AgainRomain Pilliard, sur Remade-Use It Again (ex Castorama) devrait quant à lui jouer la sécurité, l’essentiel pour le marin étant de rallier l’arrivée.
En Multi50, six marins s’affronteront également, Thibaut Vauchel-Camus part sur le dernier né de la flotte, un plan VPLP, Solidaires en Peloton ARSEP, mais il aura fort à faire face à Lalou Roucayrol, sur Arkema, Erwan Le Roux sur FenétréA-Mix Buffet et également Armel Tripon sur Reauté Chocolat. Thierry Bouchard sur un plan VPLP également très abouti fait figure d’outsider, tout comme Gilles Lamiré sur son trimaran La FrenchTech Rennes Saint Malo. Le malouin étant le seul à ne pas disposer de foils.
Photo Jean-Marie Liot / ALeA / TJV17
Le départ sera diffusé en direct sur les chaines d’info en continu, ainsi que sur la chaine L’Equipe, France 3 assurera un long direct.
Pour les chanceux qui pourront être sur place, la pointe du Grouin et le Cap Fréhel restent les sites à privilégier.
Après un peu plus de 3jours de course, et après plusieurs changements de leader, c’est finalement l’équipage de Thomas Coville sur Sodebo Ultim’ qui s’est imposé hier à Nice.
L’équipage de Francis Joyon termine à environ une heure de son adversaire, après l’abandon d’Actual-Grand Large Emotion et le forfait de Banque Populaire IX suite à son chavirage pendant son convoyage.
Photo Jean-Marie Liot / DPPI / SODEBO
Les deux équipages auront connu des conditions variées sur ces 1109 milles du parcours, et les zones de pétales ont permis plusieurs retours. Par ailleurs cette confrontation entre les deux ultimes a confirmé un potentiel de vitesse proches pour les deux trimarans Sodebo et IDEC SPORT.
Une parade nautique clôturera l’événement à 14h, elle sera visible depuis la promenade de anglais.
Bernard Stamm, équipier sur IDEC SPORT :
« Sans surprise, la Grande Bleue nous a dévoilé toutes les facettes de sa réputation d’inconstance. On a en effet connu un peu toutes les allures, toutes les mers, et toutes les conditions, depuis le fort vent lors de la descente depuis Marseille vers le sud Sardaigne, jusqu’à la franche pétrole Il faut désormais apprivoiser la bête. Le flotteur se lève plus vite que lors du Trophée Jules Verne. Les appuis du bateau sont différents. Il faut s’y habituer….»
Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
« Notre grande satisfaction réside dans la qualité des modifications effectuées cet hiver. Je suis heureux et fier que Sébastien (Picault) et Antoine (Blouet) aient pu profiter lors de Nice UltiMed de l’excellent travail qu’ils ont réalisé sur l’électronique et l’accastillage. Nos nouveaux plans porteurs sont un peu la cerise sur le gâteau. Nous n’avons guère eu le temps de les tester par le menu, et il est clair, à l’issue de cette première course, qu’il nous faut encore beaucoup travailler pour en saisir et en maitriser toutes les subtilités. Ce format d’épreuve m’a replongé dans le passé, et dans ces Tours de l’Europe qui nous menaient ainsi, lors de courtes étapes de deux ou trois jours, dans les plus beaux ports Méditerranéens. »
Photo Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC
Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim :
« Nous faisons du sport pour ces moments-là : Ces moments de voile sont des moments rares et magiques. La Méditerranée ? C’est toujours plus dur que ce qu’on pense. C’est un terrain de jeu exigeant et difficile. Nous avons été ambitieux sans jamais rien lâcher. Sans des garçons comme ça et mes deux rocks stars Matthieu Vandame et Thomas Le Breton, c’est impossible de réaliser ce genre de combat. Ils sont tout le temps à l’attaque, ils sont quasiment hors normes. Ils se jettent sur les manivelles quand il faut manœuvrer, ils sont impressionnants. Gagner c’est toujours rare et c’est précieux d’y arriver.
IDEC Sport est la référence en course au large. C’est le bateau qui a le plus grand palmarès en France. A bord, Francis (Joyon) a réuni un équipage très expérimenté. On s’est livré une belle bagarre jusqu’à cette nuit. L’adversaire était redoutable. On a eu beaucoup de plaisir à régater contre eux.
C’est à la fois très physique et mental avec beaucoup de manœuvres et des émotions difficiles à canaliser. Avec nos multicoques de plus de 30 mètres de long, on passe des vitesses folles où on se laisse griser suivies par des frustrations énormes de voir le bateau arrêté dans la pétole. Ce que vous avez construit, vous pouvez le perdre en un rien de temps sans pouvoir rien faire. Il faut alors se concentrer sur ce qu’on peut modifier. »
Jean-Luc Nélias, équipier sur Sodebo Ultim :
« J’ai vécu cette course sans véritable stress mais avec une grande philosophie. Je savais qu’en Méditerranée, tu peux te faire rattraper et tu peux rattraper. Je ne me suis jamais étonné qu’un bateau puisse nous reprendre 40 milles et qu’on puisse lui remettre 10 milles en deux heures. Ce qui est important c’est d’être premier à la fin ! »