Pour les deux ultimes de tête, la situation est moins compliquée que pour le reste de la flotte, avec une mer plus rangée et des vents moins soutenus.
Les deux skippers cherchent à rejoindre l’alizé, Francis Joyon, qui avait regagné une trentaine de milles dans la journée, pointe de nouveau ce soir à 80 milles de François Gabart.
Francis Joyon, Idec Sport :
« Tous ces bords de recalage vers l’ouest ont véritablement été épouvantables, face à une très grosse mer. Le bateau tapait violemment. Travers au vent, sur la forte houle, j’ai connu quelques moments vraiment « chauds », quand IDEC SPORT est monté très haut sur son flotteur. J’ai à plusieurs reprises dû tout larguer un peu en catastrophe. Ce matin, je suis sous la pluie, sous un ciel gris, en bordure du front. Le premier jour, mon souci était de ralentir le bateau sans rien casser. Je suis à présent sous gennaker, pas encore dans l’alizé, mais sur une mer plus confortable. Cette course est un sprint qui ne laisse aucun répit. Je suis depuis la première minute à l’attaque, et je joue ma chance jusqu’au bout ! »
Roman Pillard, sur Remade Use It Again rejoint la Corogne pour remplacer des chariots de grand voile cassés dans la traversée du golfe de Gascogne.
Suite au chavirage de son trimaran Banque Populaire IX sur casse, Armel le Cléac’h a pû être récupéré hier au soir par un navire de pêche. L’équipe chercher maintenant des solutions pour remorquer le bateau, comme l’explique le directeur du team.
Ronan Lucas, directeur du team Banque Populaire Voile :
Comment va Armel ?
Il va bien, il est à bord du chalutier espagnol qui a pu le récupérer hier, il se dirige vers les côtes espagnoles qu’il devrait toucher vendredi. Il est pressé de retrouver sa petite famille.
Quelles étaient les conditions en mer au moment de la casse ?
Au moment de la casse, on est à l’endroit où l’on souhaitait être avant même le départ de Saint Malo. C’était la stratégie que l’on avait. On s’était fixé des conditions de mer et de vent maximums que l’on n’a pas dépassées. Nous n’avons pas pris plus de risque parce que l’on avait fait une escale, en aucun cas.
On était dans le tempo prévisionnel que l’on avait prévu. Il y avait 30/35 nœuds de vent, 5 mètres de mer, Armel maîtrisait parfaitement son sujet, il allait sortir de ce vent un peu costaud dans les 3 à 4 heures de course qui allait suivre, on l’avait eu peu de temps avant et tout allait bien à bord.
Peux-tu nous raconter les circonstances du chavirage ?
De ce que nous a expliqué Armel, au moment du chavirage, il était donc 3 ris J3, la plus petite voilure que l’on peut avoir sur le maxi trimaran. Il faisait donc attention de ne pas aller trop vite avec le bateau parce que la mer était d’une hauteur de 5 mètres et il ne voulait pas prendre de risque particulier. D’un coup, il a entendu un « crac », il a vu le flotteur qui partait et le bateau a chaviré après la perte de ce flotteur.
Comment s’est déroulée l’opération de sauvetage ?
Nous avons appris hier après-midi qu’un chalutier espagnol présent sur zone allait se dérouter pour récupérer Armel. Ce dernier est arrivé en soirée sur le trimaran et ils ont pris la décision avec Armel d’effectuer l’opération de sauvetage. Chose qui a été réalisée relativement rapidement. Armel a mis son radeau de survie à l’eau et il est monté dedans, le chalutier espagnol lui a lancé un cordage pour le ramener et l’a hissé à bord. C’est une opération qui a été rondement menée, Armel nous a appelé aux alentours de 22h00 pour nous dire que l’opération était terminée et que tout allait bien.
Comment se déroule l’opération de récupération du bateau ?
Après le sauvetage d’Armel qui était vraiment la priorité, nous nous consacrons maintenant à la récupération du bateau. Une équipe du Team Banque Populaire est parti aux Açores rejoindre une autre équipe affrétée par les assureurs du Maxi Banque Populaire IX. On espère pouvoir prendre la mer d’ici 24 heures pour rejoindre la position du bateau et pouvoir le tracter vers la côte.
Concernant la casse, l’architecte du trimaran Vincent Lauriot Prevost estime qu’il faut prendre le temps d’analyser cette casse avant de tirer des conclusions potentiellement hâtives. A lire sur : Ouest-France.
Thomas Coville et son équipe travaillent, de leur côté, toujours d’arrache pied à la Corogne pour réparer le bras de liaison fissuré du trimaran Sodebo Ultime’.
En Multi50′, Armel Tripon a poursuivi sa route vers l’ouest , tout comme Lalou Roucayrol, le groupe des quatre autres trimarans de 50′, mené par Thibaut Vauchel Camus ont quant à eux une route plein sud. les deux groupes pourraient se rejoindre demain, et devraient enfin sortir des conditions de mer difficiles avant de rejoindre les alizés.
Gilles Lamiré (La French Tech Rennes Saint-Malo) :
« C’était très très dur ! Ces dernières heures, on avait jusqu’à 40 nœuds de vent. Hier, j’ai essayé de faire le dos rond. Après, il fallait se reposer et paf ! ça repart dans l’autre front qui arrive, c’est compliqué pour le début. Ce n’est pas une Route du Rhum facile, on le savait… Moi, j’enchaîne les problèmes, notamment de pilote automatique. Je continue à avancer mais c’est dur. Là, ça s’est un peu calmé même s’il y a encore beaucoup de mer avec 25 nœuds et encore beaucoup de grains. Ça reste compliqué, d’autant que ça va encore se renforcer, même s’il est possible que ça soit moins fort que la nuit prochaine. Je continue à descendre au Sud et plus je serai au Sud, plus ça ira. Je pense surtout à tous ceux qui sont au Nord. Mais je préfère être sur mon bateau ! On va encore déchiffrer avec le routeur pour voir quelle stratégie on va choisir. »
Armel Tripon (Réauté Chocolat) :
« Le soleil est là ! C’est vachement sympa, le vent Nord-Ouest est très fluctuant entre 10 et 15 nœuds avec grosse houle de Nord-Ouest. C’est top de naviguer avec un peu de lumière. On est encore loin des alizés parce qu’il y a encore une dépression qui arrive. On va essayer de négocier ce passage vent d’Ouest, puis Sud-Ouest pour aujourd’hui avant de voir si on continue. La dépression sera moins forte mais on récupère le même flux de Sud-Ouest, même en étant au Sud. Là, c’est une petite pause avant la dépression.
J’ai essayé un peu de dormir mais j’avoue que ça commence à tirer un peu. Je vais profiter du calme pour dormir un peu. Je continue à regarder les copains, je m’interroge sur ce qu’ils vont faire. Je suis très admiratif de ce qu’ils font, comment ils sont capables d’assurer dans le Nord. C’est dur pour eux, la mer est forte et ce n’est pas fini. Là, il y a une dépression, derrière il y en a une et c’est un peu copieux pour eux… Je regarde ce qu’ils font, ça jouera dans ma stratégie… Mais je préfère être cent fois plus à ma place plutôt qu’au Nord ! »
Erwan Le Roux (FenêtréA-Mix Buffet) : « en mode survie »
« C’est l’enfer, c’est vraiment pas facile. Là encore, on a passé une petite dépression et ça continue avant de plonger vers les Açores. Je me suis mis à bâbord pour chercher la dépression, c’est la dernière difficulté. J’en ai marre, il est temps que ça s’arrête. Entre les problèmes techniques, la mer, le vent… Je n’arrive pas à dormir, je suis malade. Je ne sais pas du tout où sont les autres bateaux. On en a parlé hier et j’ai su globalement ce qu’il s’était passé. Là, je ne suis pas du tout en mode course, je suis en mode « survie ». J’essaie de faire attention à ne pas mettre le bateau sur le toît et à ne pas l’endommager. »