Les équipages ont des routes relativement similaires (Spindrift 2 est légèrement décalé dans l’ouest de la trajectoire d’IDEC).
Les routages semblent donner un temps de moins de 5 jours à l’équateur, les conditions de mer qui s’améliorent devraient donc permettre aux multicoques de conserver des vitesses proches de 30 noeuds.
La tendance devrait s’inverser demain, en effet Banque Populaire avait été contraint de faire une route assez proches des côtes sur ce début de parcours et avait ensuite dû mettre de l’ouest dans sa route. Idec et Spindrift faisant route directe plein sud, les trajectoires actuelles et celles du détenteur actuel devraient converger demain. Les deux trimarans engagés cette année devraient donc combler ce retard très rapidement et accroitre une avance jusqu’au Pot au Noir.
Francis, vous venez d’empanner, peux-tu nous expliquer la situation ?
Francis JOYON : « Oui, nous sommes passés bâbord amures et nous avons envoyé le gennaker. Le but est bien sur de faire une route qui nous rapproche de l’équateur. Le flux dépressionnaire de nord nous donnait un cap qui allait de plus en plus vers l’ouest, donc au bout d’un moment il faut y aller pour retrouver une route plus directe. Là nous sommes cap au 180 °, plein sud, route directe sur l’équateur ! »
Cela veut dire qu’IDEC SPORT pourrait couper l’équateur via un seul empannage en tout et pour tout ?
« Un routage nous indiquait un petit contre-bord à faire en fin d’après-midi, un autre nous faisait espérer qu’on puisse aller tout droit. Le cap s’est bien amélioré donc oui on espère aller tout droit… et même s’il faut faire un petit contre-bord de recalage, ce ne sera pas bien grave. »
Vous espérez donc franchir l’équateur en plus ou moins 5 jours ?
« C’est ce qu’on espère oui ! Hier nous avions du mal à aller aussi vite que nous aurions voulu car il y avait beaucoup de mer, en particulier en face du cap Finisterre. Le bateau bondissait à travers la houle au portant… c’était assez spectaculaire ! Mais maintenant que la mer s’est un peu calmée, depuis quelques heures, nous allons pouvoir atteindre les vitesses-cible plus facilement. »
Peux-tu revenir sur les 24 premières heures de votre tentative?
« C’était quand même chaud ! Le bateau faisait un peu le fou. La mer n’était pas orientée dans le même sens que le vent, ce qui complique beaucoup le truc. Le bateau tapait énormément par moments… On s’en sort sans trop de casse, juste avec deux ou trois bricoles à réparer comme la protection pour le barreur, mais rien de grave. On a affronté ces 24 premières heures avec un peu de réussite, pour ce qui est du passage dans la mer et de la route accomplie. »
On te sent plutôt satisfait de ce début de record…
« Oui, je crois bien que je n’ai jamais traversé aussi vite le golfe de Gascogne ! Malgré les vagues et les rafales, ça n’a pas trainé ! On a tenu de bonnes vitesses moyennes et le fait de pouvoir être en route directe vers le sud maintenant c’est bien. C’est sympa! »
Quelle ambiance à bord avec l’équipage ?
« Nous sommes forcément un petit peu fatigués, car le rythme a été très soutenu depuis le départ. C’est normal : on n’a pas beaucoup dormi, pas beaucoup récupéré, pas beaucoup mangé… On est contents maintenant de pouvoir nous restaurer sans voir la nourriture sauter par dessus-bord ou tomber par terre! Avec les grains, il fallait être vigilants et nous étions à fond sur le bateau… Sinon l’ambiance est à l’entraide, tout le temps, nous avons mis en place un système de quarts avec des changements très souvent et ça fonctionne bien. Il y a une énorme entraide pour bien faire marcher le bateau. »
En allant vers le sud, vous devez avoir un peu moins froid à bord…
« Effectivement, il a fait très froid la première nuit et aussi au cap Finisterre. Mais maintenant les températures remontent nettement. Dehors, au lever du jour tout à l’heure, on voyait des énormes nuages noirs avec des grains, mais maintenant le soleil perce les nuages et ça se dégage progressivement. Il n’est pas impossible qu’on ait un peu de belle lumière dans la journée, ça va être très sympa… »
L’état de la mer s’est-il bien amélioré?
« Le phénomène de mer croisée qui rendait le passage très brutal s’est calmé Le bateau glisse maintenant, c’est vraiment agréable. Gwénolé (Gahinet) m’a remplacé à la barre et on retrouve du vent au moment où je te parle. On va accélérer assez rapidement, je pense. »
Yann Riou, médiaman à bord de Spindrift 2, à 7h ce matin :
« Toujours au portant dans une mer qui semble bien vouloir se ranger un peu. On est passé il y a environ une heure sous gennaker medium (on avait auparavant le petit gennak’ de brise), signe que le vent a tendance lui aussi à se calmer.
Tout est relatif, il y a encore 25 nœuds et on fait encore des pointes de vitesse régulières à 35 nœuds, ce qui est pas mal pour du portant. On sent aussi clairement que la température de l’eau et de l’air augmentent rapidement. Les 24 premières heures ont été toniques. Il y a eu une mise en place de gennaker de brise très humide et des pointes jusqu’à 46 nœuds.
A l’intérieur, il fallait s’accrocher pour se déplacer sans se faire éjecter sur une paroi. Disons que pour réussir à manger, il fallait avoir très faim et que pour réussir à dormir, il fallait avoir très sommeil.
L’équipage va bien, tous semblent être contents être là. Le bateau fonctionne bien. On a juste eu un petit problème d’entrée d’eau par le puits de dérive. Une petite piscine d’eau de mer mais rien de grave. Antoine (Carraz) nous a arrangé cela.
Au niveau stratégique, on est plutôt satisfait de ces premières 24 heures, et de cette fenêtre. Il va y avoir un empannage à venir et c’est ce qui accapare toute l’attention d’Erwan (Israël) et de Yann qui se relaient à la table à cartes. »
Une première version de cartographie regroupant les deux trimarans en lice et celle du détenteur du Trophée Jules Verne est disponible sur Volodiaja.net