Le passage de l’équateur est prévu en fin de nuit pour les deux équipages engagés sur ce Trophée Jules Verne. Le chrono devrait être de plus ou moins cinq jours, le meilleur partiel était jusqu’ici détenu par Banque Populaire V en 5j 14 h 55 minutes, ce temps devrait être amélioré de plus de douze heures et devenir la propriété de l’équipage de Yann Guichard et Dona Bertarelli sur Spindrift 2. Francis Joyon et ses hommes qui naviguent quelques dizaines de milles derrière devraient améliorer le temps de Banque Populaire V également.
Les deux trimarans sont en train de sortir du Pot au Noir et naviguent dans un alizé d’une quinzaine de noeuds. Leur avance sur le record sur porte ce soir à environ 240 milles pour Spindrift 2 et 190 pour IDEC SPORT.
La difficulté principale sera d’accrocher une dépression qui emmènera les équipages dans le grand sud.
Marcel Van Triest, le routeur à terre d’IDEC SPORT :
« Il reste ce que j’appelle deux ‘grumeaux’ de zones sans vent mais l’alizé est tout proche maintenant, ils vont retrouver du vent et accélérer de nouveau. Je ne regarde pas du tout le passage à l’équateur – c’est surtout la suite qui m’intéresse maintenant – mais s’il faut tout de même donner une estimation je dirais pour résumer qu’ils y seront vers 3 ou 4 heures du matin. Comme ils sont partis à 3h02, le match c’est de savoir s’ils vont mettre plus ou moins de 5 jours à l’équateur… mais ce sera proche de 5 jours pile ! Pendant 600 à 800 milles il nous faudra profiter de notre angle au vent avec ce passage du pot au noir qui s’est fait un degré plus à l’est que d’habitude. Puis il y aura une zone de transition pas simple pour savoir si on réussit ou pas à attraper une dépression venant de l’Uruguay. C’est cela qui déterminera si on fait un très bon temps au cap de Bonne Espérance ou seulement un temps honnête. »
Dona Bertarelli, barreuse de Spindrift 2 :
« Sacré Pot-au-Noir ! Il n’y en a que pour lui ces dernières heures à bord. Erwan, notre navigateur, nous raconte que lors d’une de ses participations à la Volvo Ocean Race, à l’approche du Pot-au-Noir, ils naviguait à 30 nœuds de vitesse et d’un coup, rideau. Plus rien, pas un souffle d’air !
Alors voilà, sur Spindrift 2 on guette chaque nuage, chaque risée, chaque changement de couleur de la mer ou intensité de vague. Pour l’instant, il n’est pas bien méchant. On réussit tant bien que mal à avancer et n’avons pas encore eu droit à l’arrêt buffet. Le plus dur ce sont les changements de voiles et prises de ris répétitifs lorsque le vent passe de 5 nœuds à 25 noeuds. Le mot clef des chefs de quart : ne pas se faire surprendre et bien anticiper. »