Trophée Jules Verne Jour 23 : les deux trimarans à vue

Les équipages d’IDEC SPORT et de Spindrift 2 naviguent au sud de la Nouvelle Zélande, ils ont passé l’antiméridien en milieu de journée.
L’événement de la journée est sans doute la proximité des deux multicoques après la moitié de leur tour du monde, ce matin Francis Joyon et ses hommes ont perçu l’écho radar du trimaran de Yann Guichard et Dona Bertarelli. La rencontre a été immortalisée par Yann Riou le média man de Spindrift 2.

© Yann Riou/Spindrift racing

© Yann Riou/Spindrift racing

Les deux bateaux naviguent actuellement dans une dépression qui devrait s’épuiser dans les 48 heures, les routeurs, en relation avec les skippers cherchent la meilleure voie pour rejoindre le Cap Horn, deux options radicalement différentes se profilent. Le contournement d’un anticyclone par le nord, rallongeant la route, ou une route dans le grand sud, probablement au contact des glaces mais ayant l’avantage de raccourcir nettement la distance vers le Horn.

Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :

« Nous avons connu une nuit assez difficile, avec un passage dans la mer « douloureux » pour le bateau. C’était brutal. Découvrir ainsi Spindrift 2 si proche, a été une belle satisfaction. Il arrivait tribord, et nous bâbord dans la brume. Les bateaux sont très différents. Parfois Spindrift va mieux que nous, et parfois c’est l’inverse. Idec Sport aime bien le vent fort, car il est léger, avec un centre de voilure plus bas, plus ramassé.
Il y a plusieurs routes possibles pour rejoindre le cap Horn : une route qui reste relativement orthodromique, qui va tout droit, en restant sur le nord de dépressions et après abordant un anticyclone et une autre route qui est beaucoup plus courte, qui pourrait être plus rapide, qui plonge très très sud dans les glaces. On est hésitant entre les deux routes qui sont possibles, pour le moment. Peut-être qu’un bateau pendra une route différente, ou que les deux bateaux prendront la même route. »

Yann Guichard, skipper de Spindrift 2 :

« Nous sommes dans le Pacifique depuis deux jours et nous venons juste de passer l’antiméridien.
La situation météo est assez compliquée. D’habitude, ce sont des trains dépressionnaires qui balayent le Pacifique d’Ouest en Est et là, c’est plutôt des systèmes assez variés et peu ventés qui nous barrent la route.
Nous avons une option Sud qui se dessine ou une option Nord, il n’y a pas trop d’autres alternatives donc ce sont des choix assez radicaux et nous allons décider cela dans les prochaines heures.
Avec le choix de la route Sud, il y a le problème des glaces car il faut descendre très bas avec une eau qui sera autour de 0 degré pendant quatre à cinq jours. Nous traversons le plus grand des océans, sans personne autour de nous, donc si nous avons un problème par 60 degrés Sud, cela peut devenir assez compliqué. Si on y va, il faut bien être sûr qu’il n’y ait pas de danger de glace sur notre route.
Je ne sais pas si la présence proche de l’équipage d’Idec Sport (F.Joyon) change notre manière de naviguer mais obligatoirement, on s’observe un petit peu, on regarde ce qu’ils vont faire. La route Sud est celle qui parait la plus courte aujourd’hui sur les fichiers météo mais qui comporte pas mal de risques. Mais s’ils y vont, cela pourrait rentrer dans la balance si on est à 50-50 de choisir d’y aller ou pas mais, de ce que je vois sur la carte, ils ont plutôt l’intention de prendre la route Nord pour le moment. »

 

Trophée Jules Verne Jour 21

L’équipage d’IDEC SPORT poursuit sa formidable remontée avec 826 milles en 24h et le record de l’Indien entre le Cap des Aiguilles et le sud de la Tasmanie en 6 jours, 23 heures et 4 minutes. Les six hommes du bord améliorent le temps de référence jusqu’ici détenu par Banque Populaire V de 1 jour, 5 heures et 31 minutes.
Spindrift 2 a également battu le temps de son adversaire virtuel, et détenteur actuel du Trophée Jules Verne, sur ce tronçon mais ne l’aura conservé que deux heures jusqu’au passage d’IDEC.

IDEC SPORT est revenu à moins de 80 milles de Spindrift 2, les équipages vont maintenant s’atteler avec leurs routeurs respectifs à choisir la meilleure trajectoire dans le Pacifique, ce qui n’a rien d’évident comme l’expliquent les skippers.

Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
 » On a fait notre meilleure journée . On est super content, super heureux de voir qu’on a bien progressé. Depuis 24 heures on a filé avec la bonne toile sur l’avant du front. C’était sympa. Un peu violent au début.
On savait que Loïck avait fait un très très bon temps à Bonne Espérance et un temps aussi très bon à Leeuwin, donc on n’imaginait pas être aussi bien placé à ce moment là. On est vraiment content de voir qu’on est dans le coup. C’est une vraie satisfaction de voir qu’on arrive à être dans le coup avec notre bateau.
Là on a un petit peu ralenti, depuis une heure, parce qu’on approche de la dorsale. On va glisser un petit peu à gauche de la dorsale et on reprendra de la vitesse au moins jusqu’après la Nouvelle Zélande. Il y aura peut-être quelques bords à tirer au portant.
Le Pacifique s’avère un peu plus compliqué parce qu’il y a une dépression au niveau du 50ème. L’idée la plus simple parait être de la contourner par le nord, seulement après on se retrouve au milieu du Pacifique et le raccord n’est pas vraiment visible pour redescendre après l’avoir contournée et rejoindre le flux d’ouest. Sinon il y a une autre route qui pourrait être le long de la banquise, par 60° de latitude sud. Ça on connait déjà… « 

© Yann Riou/Spindrift racing

© Yann Riou/Spindrift racing

Yann Guichard, skipper de Spindrift 2 :
« Un joli temps pour l’Indien et surtout un joli temps depuis le départ depuis Ouessant, puisqu’on est trois heures plus rapides que le record de Banque Populaire V. Donc c’est plutôt bien.
Ce record va être très éphémère car on vient de battre le temps détenu par Loïck Peyron et son équipage, mais juste derrière nous il y a IDEC qui va couper la même ligne que nous, deux ou trois heures plus tard. Mais il a coupé la ligne de départ de cet océan Indien, au sud du cap des Aiguilles, plus d’une journée après nous donc il va faire un meilleur temps que nous. On ne va garder ce record que pour deux ou trois heures.
La première raison c’est que depuis cinq jours on bute sur une dorsale, devant nous où il n’y a pas de vent, qui se déplace à 25 noeuds donc on ne peut pas aller plus vite que 25 noeuds. Si on les dépasse, il n’y a plus de vent et on ralentit. IDEC, c’est l’inverse, il est devant une dépression, donc derrière lui il y a du vent fort, devant lui il y a du vent aussi, donc plus il va vite, plus ça va vite ! Il a aussi fait une route plus Sud que nous, il a raccourci son parcours en se rapprochent du pôle Sud. Ces deux raisons font qu’il a fait un super temps sur l’océan Indien. Mais sur le temps de référence, depuis le départ, on est toujours en avance sur Loïck Peyron et son équipage et sur IDEC.
Nous n’aurions pas pu faire cette route Sud avec les conditions météos qu’on avait, on était en avant du front au début, il n’y avait aucune raison qu’on plonge au Sud. En plus, il y avait pas mal de glaces, la route qu’on a faite était en fonction des conditions qu’on avait, on n’aurait pas pu aller plus vite que ce qu’on a pu faire.
Il n’est pas encore très clair cet océan Pacifique car les conditions sont assez imprévisibles et pas vraiment calées. On ne sait pas encore si ce sera une route Nord, une route Sud ou une route intermédiaire. Ça va se décider dans les 24 ou 36 prochaines heures. Ça paraît compliqué, c’est là que Banque Populaire V a perdu beaucoup de temps, c’est là où on a une possibilité de gagner un ou deux jours sur le record. Il va falloir essayer d’aller vite sur ce Pacifique pour avoir de l’avance au passage du Cap Horn, qu’on devrait atteindre d’ici huit à dix jours maintenant. »

Trophée Jules Verne Jour 20 : le record de l’Indien pour IDEC SPORT

Francis Joyon et ses cinq hommes d’équipage sur IDEC SPORT ont effectué une superbe remontée, passant de 800 milles de retard au Kerguelen à moins de 100 depuis 24 heures, l’équipage s’empare d’ailleurs de l’intermédiaire entre le Cap des Aiguilles et le Cap Leeuwin, en 5 jours, 11 heures et 23 minutes.

CREDIT : IDEC SPORT

CREDIT : IDEC SPORT


Spindrift 2 navigue environ 200 milles devant IDEC SPORT par 51° sud, comme son adversaire, mais peine à progresser à plus de 30 noeuds puisque l’équipage de Yann Guichard et de Dona Bertarelli buttent dans une
dorsale anticyclonique.
L’avance se porte à 41 milles pour Spindrift 2 et IDEC SPORT pointe avec 79 milles de retard.

Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
« c’était un truc délicat de descendre aussi sud dans la brume et les icebergs, mais il fallait ça pour raccourcir la route. Donc oui bien sûr on est très contents ! L’équipage avait froid partout mais il n’avait pas froid aux yeux… Là on est à fond vent de travers, on se prend des paquets de mer et des embruns, le bateau fait vraiment le fou. Ce n’est pas vraiment confort, mais on va garder ce vent pendant encore deux jours et ça permet d’avancer très vite.La météo est assez indécise sur le Pacifique, mais pour l’instant on devrait rattraper encore beaucoup de milles d’ici la Nouvelle-Zélande »

Trophée Jules Verne Jour 16 : Spindrift 2 et IDEC SPORT réduisent leur retard

L’équipage d’IDEC SPORT a profité d’un flux soutenu pour reprendre 215 milles sur Banque Populaire V en 24h, le déficit reste cependant conséquent avec 550 milles de retard.
Spindrift 2 a également repris 60 milles avec un déficit de 277 milles contre plus de 330 hier.

© Eloi Stichelbaut

© Eloi Stichelbaut

Les équipages doivent composer avec les risques du grand sud, à savoir la présence de glaces, ce qui nécessite une veille permanente afin de détecter la présence de growlers, non visibles par les satellites.
Francis Joyon et ses hommes, qui naviguent par 53°sud s’y sont frottés hier, comme l’explique le skipper d’IDEC SPORT :
« Hier dans la journée, nous étions totalement dans la brume et nous sommes passés à moins d’un mille d’un iceberg, ça nous a un peu refroidis. Il n’y avait aucune visibilité on voyait environ à 30 mètres. On l’a repéré au radar, impossible de percer la brume même aux jumelles. On est passé à côté de cet énorme iceberg sans le voir, à environ un mille. D’après la taille de l’écho sur le radar, il faisait environ 150 mètres, la longueur d’un cargo…»

Malgré tout, IDEC SPORT continue à se recadrer au sud, envisageant une plongée d’un degré supplémentaire, avant d’atteindre les Kerguelen demain : 
« Je regarde l’anémo, et là il y a plus de 30/ 31 nœuds de vent réel qui monte à 37/38 nœuds par moments. Du coup, le bateau cavale bien, on est à plus de 30 nœuds en permanence avec des pointes à plus de 35. On est contents. Effectivement, on savait qu’en descendant un peu vers le Sud on retrouverait un peu plus de vent. Nous sommes déjà très bas mais toute notre route dans l’océan Indien va se faire très sud. On imagine descendre peut-être jusqu’à 54 degrés sud.»

Sur Spindridt 2, Yann Guichard, son navigateur Erwan Israel et le routeur à terre Jean Yves Bernot ont adopté une route moins risquée avec un passage au nord des Kerguelen. Le maxi-trimaran de 40m accompagne une dépression laissant la possibilité au skipper et au navigateur de choisir les conditions idéales pour le bateau.

Navigateurs, skippers et routeurs n’auront pas de répit dans les prochains jours avec une dépression au niveau de Madagascar qui  va se déplacer vers les cinquantièmes.

 

 

Trophée Jules Verne Jour 13

Spindrift 2 a franchi la longitude du Cap de Bonne Espérance cette nuit, à 02h06 GMT (3h06 Heure Française) puis le Cap des Aiguilles,  à 04h04 GMT soit un temps de 12 jours et 2 minutes depuis son départ de Ouessant le tout à 27,64 nœuds de moyenne. Yann Guichard, Dona Bertarelli et leur équipage ne décroche pas le meilleure partiel sur le tronçon, celui-ci reste à l’actif de Banque Populaire V pour 12 minutes et 44 secondes.
L’équipage profite toujours du front froid qui continue à les accompagner, plus longtemps que prévu dans du vent de Nord Ouest de 20-25 noeuds.
Ce front devrait s’épuiser demain, il faudra alors que le trimaran s’aventure au delà des 50°sud pour retrouver du vent en prenant en compte la dérive des glaces signalées dans la région.
Spindrift 2 possède 172 milles d’avance à 18h.

© Yann Riou/Spindrift racing

© Yann Riou/Spindrift racing

Yann Guichard contacté par téléphone peu avant l’entrée dans l’océan Indien :
« Il fait un petit peu froid parce que nous sommes en train de descendre vers le Sud, mais tout se passe bien à bord de Spindrift 2. Depuis trois jours, nous sommes en avant d’une dépression partie d’Argentine avec du vent soutenu : c’est un peu comme si on surfait sur une vague. Mais nous n’avions pas le droit de tomber parce qu’on loupait alors le train vers le cap de Bonne-Espérance et on perdait au moins une journée sur le temps de référence établi en 2011… Hier (jeudi), nous avons parcouru près de 1 500 kilomètres en 24 heures (827 milles entre le 02/12 et le 03/13 à 13h TU, mieux que Banque Populaire V dont la meilleure journée sur ce tronçon était de 812 milles) : c’était assez sportif, mais ce soir, cela s’est un peu calmé. On descend encore en latitude pour aller chercher un autre système météo. »

IDEC SPORT et son équipage réduit mené par Francis Joyon poursuit sa descente dans le grand sud (49° actuellement), coincés dans la dorsale qui les accompagne à petite vitesse. La passage à la longitude du Cap de Bonne Espérance est prévu demain.

Francis Joyon :
 » Il ne nous a pas été possible de demeurer en avant du front qui aurait pu nous porter dès la nuit dernière au niveau du Cap de Bonne Espérance. Cette dépression circulait à plus de 35 noeuds vers l’est, et nous a dépassé. Les gars se sont bien accrochés mais nous avons dû empanner derrière le front. Nous subissons depuis cette zone de transition peu ventée, et notre vitesse a considérablement chuté. « 

Trophée Jules Verne Jour 12

Spindrift2 reste toujours en avant du front froid, ce qui a permis à l’équipage de conserver de la vitesse (816 milles en 24h) et de poursuivre sa descente dans le grand sud.

 

© Yann Riou/Spindrift racing

© Yann Riou/Spindrift racing

Jean Yves Bernot, Yann Guichard et Erwan Israel planchent désormais sur le passage sous l’anticyclone qui grossit au sud de l’Afrique. Une fois cette difficulté passée, il faudra que les marins s’attellent à accompagner la prochaine dépression à des latitudes extrêmes puisqu’il faudra aller la chercher à plus de 51° sud, ceci en prenant en compte les zones où des icebergs sont signalés.

Francis Joyon et son équipage réduit attendent également la prochaine dépression pour accélérer, ils ont ce soir 310 milles de retard sur le record. Le passage de la longitude de Bonne Espérance est prévu samedi.

Trophée Jules Verne Jour 11

Les deux trimarans engagés sur le Trophée Jules Verne sont désormais dans des systèmes météos différents.

IDEC SPORT a été dépassé par le front froid et plonge donc au sud afin d’éviter l’anticyclone et accrocher la prochaine dépression.
Spindrift 2 est toujours en avant de ce front dans une brise de Nord-Ouest de 30-35 nœuds. Il devrait y rester jusqu’à demain. La problématique sera alors de glisser vers les 40èmes en conservant de la vitesse.

Les deux bateaux sont désormais en retard sur le temps de Banque Populaire V, qui naviguait nettement plus sud lors de son Jules Verne. IDEC SPORT a désormais 320 milles de retard, Spindrift 2 en compte 7.

Photo Jean Marie Liot / DPPI / IDEC

Photo Jean Marie Liot / DPPI / IDEC

Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
« Je pensais perdre davantage de temps dans le franchissement de cette zone de transition au large du Brésil. Si nous parons Bonne Espérance avec une quinzaine d’heures de retard, ce sera pour nous un bilan satisfaisant. On aborde le sud en sachant qu’on va devoir descendre très sud. Le passage normal se fait vers une latitude 45 Sud. On va devoir descendre plus bas pour éviter un anticyclone qui bouche la route normale. C’est la quatrième fois que je suis dans ces mers. C’est toujours magique. »

Gwénolé Gahinet, équipier sur IDEC SPORT :
« Les quarts d’une heure et demi à la barre, avec la vitesse et les vagues désordonnées vous épuisent vite. C’est grisant, et heureusement, IDEC SPORT est un bateau très sain qui pardonne beaucoup d’erreurs. Il faut être vigilant à ne pas se laisser embarquer sur une vague trop rapide. Nous sommes à 100%, mais toujours en limite d’une zone rouge à ne pas franchir, celle qui met en péril certains organes mécaniques du bateau. »

 

Message du bord de Spindrift 2
Depuis hier, Spindrift 2 fait la course. La course avec son adversaire virtuel détenteur du record bien sûr, la course avec Francis Joyon et son équipage, mais aussi et surtout la course avec un front chaud. Car rester bien calé devant ce front revient à naviguer vite, en ligne droite, et sur une mer à peu près plate. Un objectif presque réaliste, pas tout à fait utopique… Car ce front a tendance à se déplacer plus vite que le maxi-trimaran. Alors il faut s’attendre à tous moments à voir le vent mollir et adonner, ce qui reviendrait à devoir empanner, se résoudre à laisser passer ce système météo et se positionner pour attendre le prochain.

En attendant, il n’y a pas grand chose à faire que de tirer parti de ces conditions idéales pour avaler des milles. Alors les barreurs se relaient et affichent des moyennes assez exceptionnelles. 805 miles sur ces dernières 24 heures. Des conditions idéales pour la vitesse, parfois à peine altérées par l’arrivée de grains synonymes de vent plus instables en force et en direction. Des grains qui demandent l’attention permanente du chef de quart et des hommes sur le pont.

Côté moral, tout va pour le mieux. L’équipage sait que ces conditions sont potentiellement éphémères, mais prend tout cela avec philosophie. Ce qui est pris n’est plus à prendre, et la route est encore très longue.

 

Trophée Jules Verne J10 : les deux trimarans en avant du front

IDEC SPORT et Spindrift 2 naviguent en avant du front, sur une mer relativement plate. Le flux devrait forcir dans la nuit à 35 noeuds, demain il devrait virer légèrement vers le Nord ce qui permettra à Spindrift 2 d’infléchir la route vers le Sud.
La situation est légèrement moins favorable pour IDEC SPORT qui navigue plus au nord et en retrait et qui pourrait être contraint d’empanner dès demain après le passage du front et plonger au sud vers les quarantièmes.

 Photo Jean Marie Liot / DPPI / IDEC

Photo Jean Marie Liot / DPPI / IDEC

Le retard d’IDEC SPORT se porte aujourd’hui à 395 milles, tandis que l’avance de Spindrift 2 sur le record est de 27 milles.

Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
« On a eu le mors entre les dents toute la nuit pour rester devant le front. Les routages annonçaient qu’on allait se faire rattraper par le front, mais on a réussi à avancer sur une mer encore carrossable, avec le vent. On va demeurer ainsi le plus longtemps possible sur l’avant du front. Dès que l’on se fera rattraper, on empannera pour plonger au delà des quarantièmes, vers 45 degré de latitude sud. »

Clément Surtel, équipier sur IDEC SPORT :
« On est à 110% du potentiel du bateau. IDEC SPORT est dans sa parfaite configuration avec le petit mât. On a ainsi moins de fardage dans les hauts. Le bateau est super agréable, très stable. C’est aujourd’hui plus difficile de se reposer à cause de la vitesse. On a de belles sensations à la barre. On va aller vite avec le front le plus longtemps possible. On s’apprête à rentrer dans le Sud, avec la longue houle et les albatros. On en profite, et on se gave !»

Le message du bord de Spindrift 2 :
Ca y est, Spindrift 2 a attrapé le front. C’était hier en fin de journée. Une bonne nouvelle pour les équipiers de Spindrift 2, qui ont rangé les shorts et les lunettes de soleil, pour ressortir polaires et cirés. La transition a été rapide. Tout juste le temps, pour certains, de prendre une dernière douche à l’eau de mer sur le pont, avant… trois bonnes semaines ? Probablement dans la même région, après avoir fait le tour de l’Antarctique.

Cela dit, les conditions restent très vivables, et favorables à la vitesse. Du portant sur une mer plate, du moins à l’échelle de ce bateau. Du coup, Spindrift 2 allonge la foulée, et c’est entre 30 et 35 noeuds et dans un relatif confort que le maxi-trimaran surfe sur l’avant de ce front pluvieux. L’enjeu va être d’y rester pendant les trois ou quatre prochains jours. En attendant, l’équipage se réhabitue aux grandes vitesses, mais aussi au ciel gris et aux conditions humides.

Trophée Jules Verne J9 : à la poursuite de la dépression

La problématique reste la même qu’hier pour les équipages de Spindrift2 et d’Idec Sport, à savoir tenter de se faufiler sous l’anticyclone afin d’attraper le front froid qui accompagnerait les trimarans pendant 3 à 4 jours vers le Cap de Bonne Espérance.

© Yann Riou/Spindrift racing

© Yann Riou/Spindrift racing

Les deux équipages ont manoeuvré aujourd’hui afin de maximiser leurs chances, Francis Joyon et ses hommes plus nord que Spindrift risquent de rater celle-ci et pourraient être contraint de plonger plein sud afin d’attraper la prochaine dépression.

L’avance de Spindrift 2 s’est réduite à 56 milles ce soir, le retard d’IDEC SPORT est de 194 milles.

Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
« On vient d’empanner car on est allé vite cette nuit et on s’est rapproché de la courbure anticyclonique. On repart un peu vers l’ouest pour retrouver de la pression, avant de reprendre notre progression vers le sud. On savait depuis le départ qu’on serait en avance à l’équateur, mais qu’on pourrait être en retard à Bonne Espérance, avec des difficultés entre 10 et 20 degrés sud. C’est ce qui s’est passé, de manière un peu plus pénible que prévu. Notre objectif est d’avoir un retard minimum à Bonne Espérance car Banque Populaire V avait fait un temps extraordinaire sur cette partie du trajet. On tricote aujourd’hui le long des hautes pressions sans trop de vitesse. C’est une journée délicate à négocier après un très beau dimanche, où on a filé comme des flèches vers le sud. ».

Trophée Jules Verne J8 : IDEC SPORT et Spindrift 2 retrouvent de la vitesse après une nuit difficile

Nuit difficile pour les équipages d’IDEC SPORT et de Spindrift 2, qui ont du effectuer de nombreuses manoeuvres pour progresser dans un vent erratique, les vitesses étaient faibles, bien souvent inférieures à 5 noeuds.

CREDIT : IDEC SPORT

CREDIT : IDEC SPORT

Dans l’après midi, les deux trimarans ont retrouvé des vitesses « décentes », le but est de progresser le plus vite possible au sud sud ouest afin d’accrocher la dépression qui les emmènera vers le Cap de Bonne Espérance.

L’avance d’IDEC SPORT est réduite à néant, tandis que Spindrift 2 conserve 88 milles d’avantage sur Banque Populaire V.

Dona Bertarelli, co-fondatrice de Spindrift racing et barreuse sur Spindrift 2:
« On m’avait annoncé un Pot-au-noir difficile, raconté des histoires incroyables de bateaux bloqués dans cette zone sans vent pendant des jours. Et bien, ce ne fut pas si terrible que cela car nous avons toujours eu du vent.
Nous étions enfin sur l’autoroute menant tout droit au ‘Sud’, à ces fameux 40ème Rugissants qui marqueront le début de notre circonvolution autour de l’Antarctique. Mais voilà, c’était crier victoire trop tôt.
Loïck (Le Mignon) m’avait d’ailleurs mise en garde : la route est longue et truffée d’embuches ! Il sait de quoi il parle. A lui tout seul, il est passé ici une quinzaine de fois.
Cela fait donc plus de 20 heures que nous naviguons dans des airs oscillants de 4 à 6 nœuds. Les 23 tonnes de Spindrift 2 se trainent depuis hier comme un mastodonte résolument lent. Ce front orageux qui s’étend sur 1 000 milles nautiques de large, nous bloque la route.
Ce matin, au lever du jour, nous pensions être sortis de cette zone car un vent établi de 8-10 nœuds nous réveille et met en émoi tout l’équipage. Cela ne dure malheureusement pas. Jean-Yves Bernot nous envoie un mail. Lui est plutôt optimiste, la sortie n’est plus trop loin. »