Francis Joyon et les cinq hommes qui l’accompagnent sur IDEC SPORT devrait parer le Cap avant minuit, conservant un petit avantage sur le temps du détenteur du record.
Yann Guichard, skipper de Spindrift 2 :
» Mon plus beau souvenir sera de passer ce cap Horn parce que, pour en avoir discuté avec ceux qui l’ont passé plein de fois, là il faisait soleil, la mer est plate, on a eu le temps d’apprécier, il y avait 15 nœuds de vent, on a longé toute la côte… Franchement, c’était fantastique. C’était assez magique. Dona a parlé avec le gardien du phare, c’était vraiment un moment sympa, tout le monde était réveillé et sur le pont. Cela marque un mois d’aventure qui s’est bien passée. Mon objectif depuis le départ était d’arriver au Horn dans les temps de Banque Populaire V, c’est chose faite, maintenant ça va être la météo qui va décider. Mais on a déjà fait un beau parcours, je suis ravi de mon équipage et de l’ambiance qu’il y a à bord, c’est vraiment top.
L’important c’était que ça se passe bien avec tout le monde, je crois que l’équipe est vraiment soudée, il y a une super ambiance, ça fonctionne bien, les quarts fonctionnent, le rythme est bon et on est ravi. Passer le cap Horn ensemble avec tout l’équipage et Dona ; c’est unique dans une vie d’aller voir ce caillou au bout du monde après 30 jours de plaisir partagé en mer. On a été entourés d’oiseaux tout l’indien et pacifique, c’était assez sympa. On a eu les albatros mais pas la grande houle. Sinon j’ai un stress matériel continu car je sais que si on finit, on sera dans les temps du record donc je veille à ce que le bateau soit en parfait état. C’est vraiment la gestion des hommes et de la machine qui me préoccupe au quotidien et qui est fatigant, usant mais aussi sympa.
Le schéma est assez complexe. On va essayer d’attraper une dépression dans 30 heures qui va nous amener jusqu’en Uruguay où, j’espère, il y aura un anticyclone à gérer. Des conditions pas faciles en Atlantique sud, mais c’est souvent le cas. C’est clair qu’on n’ira pas aussi vite que Banque Populaire V qui avait fait une trace assez rectiligne. Nous, ça va être plus compliqué mais il faut déjà sortir du passage de Le maire pour y voir un peu plus clair. Ça va être complexe à négocier. On devrait avoir une grosse dépression assez forte aux vents des Malouines dans quelques jours, mais ça va bien se passer. On est encore dans les temps, j’espère que ce sera toujours le cas à l’équateur. On aura surement perdu du terrain mais j’espère qu’on sera encore dans les temps pour essayer de battre le record quoi qu’il arrive. Je pense que ça va être vraiment serré jusqu’au bout.
Tu te rends compte qu’au delà du bateau, c’est vraiment la météo qui décide. Le jour où on arrivera à inventer un bateau assez rapide dans le petit temps pour dépasser les dorsales, c’est clair qu’on pourra faire 40 jours sur un tour du monde. Mais là, dans l’Indien et le P¬acifique, on a dû passer sept jours à buter dans des zones de molle où le vent revenait tout le temps par derrière. Avec IDEC qui revenait. Là, on a fait un petit break avec lui, il est peu bloqué derrière le front. C’est ça qui peut être frustrant, c’est qu’à un moment tu butes, tu butes, tu peux bourriner mais ça ne sert à rien d’aller vite puisque de toute façon tu vas buter sur un système. Mais ça, on ne peut pas y faire grand chose ! «
Gwénolé Gahine, équipier sur IDEC SPORT :
» Les dernières 36 heures ont été compliquées avec un grosse zone de pétole et pas mal de doutes sur la stratégie. Ce bord vers le nord, hier matin, n’était pas forcément le meilleur, donc pas mal de doutes. On est très soulagé d’avoir retrouvé le vent de nord-ouest qui permet d’avancer vers le but. On a hâte de voir le Cap Horn. «
Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT :
» Le retour du vent nous fait du bien. Nous faisons de nouveau des pointes de vitesse à 32 et 33 nœuds. Mais ça peut encore mollir en arrivant au cap. Disons qu’on a pour objectif de rester devant le chrono de Banque Populaire V. Je pense que c’est possible. «