Les mots de Thomas Coville à l’arrivée de The Transat bakerly

Thomas Coville à l’arrivée au ponton : « On a rêvé de bagarre comme celle-là en multicoque, et bien ça y est ! Il a fallu oser et félicitations au Collectif Ultime qui a su prendre les bonnes décisions, et aujourd’hui cela prend vie. Des batailles au contact avec des bateaux de trente mètres, qui réduisent les distances avec un temps de course d’une semaine pour traverser l’Atlantique en solitaire, cela donne des ailes pour une course autour du monde en solo… Une nouvelle histoire s’écrit.

Photo by Lloyd Images

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Et de l’intérieur, c’est exceptionnel à vivre, un plaisir immense de se bagarrer face à des athlètes comme François. Et je félicite ce grand vainqueur, ce très grand vainqueur qui nous avait déjà battu lors de la Transat Jacques Vabre en double. Sur un schéma météo qui n’était pas celui que nous attendions et qui ressemblait à la Transat Jacques Vabre, François (Gabart) a réédité : il a su avoir la maîtrise tout de suite en solitaire…

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Je suis évidemment déçu parce que j’avais envie de gagner, mais je ne suis pas déçu de la bagarre, de ce que j’ai mis comme énergie et comme accomplissement dans ce que j’ai fait. Je ne suis pas déçu de la trajectoire que nous avons suivie avec Jean-Luc Nélias et Sam Davies (routeurs à terre). Je peux juste regretter que Sodebo soit un bateau un peu plus lourd, un peu plus puissant que Macif : The Transat bakerly était sensée être une course de près, contre les vents dominants ! Et cette année, il a fallu faire une route Sud…

François est dans le bon timing : lui et son équipe ont une bonne projection de ce que va être leur objectif à deux, trois, quatre ans. Il faut tout de même imaginer, concevoir, réaliser et mettre au point des engins de trente mètres ! François est très bien entouré, mais moi aussi chez Sodebo ! Le bateau est arrivé à New-York en parfait état et ça, c’est le team qui a réalisé cette superbe préparation. L’aspect technologique est essentiel parce que ce type de programme n’aurait pas été envisageable il y a seulement quatre ans.

On n’a pas beaucoup dormi : ce ne sont pas des bateaux reposants ! Mais je ne suis pas fracassé et je suis assez content de mon état physique à l’arrivée. Ce qui ne veut pas dire que je ne me suis pas donné… Notre trajectoire a imposé plus de manœuvres que sur Macif et Jean-Luc (Nélias) est très exigeant : il m’a poussé dans mes derniers retranchements physiques et j’adore ça !

C’était assez atypique dès le départ et l’image qui me revient, c’est le passage du cap Finisterre à l’intérieur du DST : il y avait 35 nœuds de vent avec une grosse mer et il a fallu empanner… Macif avait déjà douze milles d’avance à Ouessant et il fallait bien tenter un coup pour le rattraper ! Et on a recollé. Mais quelles images, c’était irréel !

Au départ de Plymouth, on ne connaissait pas ce qui allait arriver sur la fin de parcours et c’est ça qui est intéressant sur cette transat anglaise. New-York est une zone de cyclogenèse et on peut avoir du petit temps comme cela nous est arrivé ou de la baston terrible comme cela pourrait arriver à Loïck Peyron… Ce n’est pas la même chose avec une Route du Rhum ou une Transat Jacques Vabre où on sait quasiment au départ comment on va finir de l’autre côté, dès le coup de canon.

Ce qui a manqué à Sodebo, c’est la réactivité dans les phases de transition, la vitesse dans les petits airs et les vents medium sur mer plate. En dessous de 15 nœuds, la masse de Sodebo est supérieure de près de deux tonnes ! Mais dans la brise, c’est équilibré voire à mon avantage quand il y a de la mer formée. Ce n’étaient pas mes conditions pour The Transat bakerly ! »

Victoire de François Gabart sur The Transat bakerly, Thomas Coville 2nd

Le skipper du trimaran MACIF, François Gabart a donc remporté The Transat bakerly cette nuit (HF) en 8 jours 8 heures 54 minutes et 39 secondes (Plymouth-New York), il a effectué cette transatlantique à 23,11 nœuds de moyenne réelle.

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Son dauphin, Thomas Coville sur Sodebo, est arrivé en 8 jours 18 heures 32 minutes et 2 secondes, avec une vitesse moyenne de 22,11 noeuds et 9 heures 37 minutes et 23 secondes  de retard sur François Gabart. Le skipper de Sodebo n’a pas démérité sur ce parcours, exploitant au maximum son trimaran (qui présente indéniablement un petit déficit de vitesse face à Macif), afin de mettre la pression à son adversaire.

Yves le Blévec a encore 380 milles à parcourir avant la ligne d’arrivée, il bouclera sa première transat en solitaire sur son ultime Actual.

Les mots du vainqueur François Gabart (Macif) :
« Mes premières impressions sont super bonnes, parce que c’est ma première transatlantique en solitaire ! Et le passage au solo, ce n’est pas rien : c’est un peu magique. Je suis vraiment content de ce que j’ai fait : le bateau a un potentiel extraordinaire et les sensations à bord sont incroyables. Il faut se donner à 100% parce qu’il n’y a pas le choix : sur ces machines-là, il y a tellement de choses à faire ! Et à découvrir : c’est super excitant…
Comparé à d’autres courses, le moment le plus dur fut celui où il a fallu traverser la dorsale, juste cet après-midi. Parce qu’on ne sait jamais trop comment ça va se passer. Ces bateaux vont tellement vite qu’en quelques heures, on peut perdre une trentaine de milles ! Ça va vite, ça va super vite !
Il y en a eu un paquet de moments difficiles : c’est aussi ce qu’on va chercher, mais c’est bon, agréable, enrichissant. L’effort physique est à la base dur, long, exigeant et plus on essaye de le faire bien, plus c’est sollicitant !

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Sur cette course, il y a deux aspects : le physique avec ces heures sans fin où on tourne les manivelles, et le mental pour gérer un bateau qui fait trente mètres et qui va à 35 nœuds pas loin de la moitié du temps… Mais il y a des moments magiques comme ce matin, sur mer plate, avant d’arriver dans cette zone sans vent : Macif était à plus de 35 nœuds sous pilote, en équilibre au dessus de l’eau, quasiment en vol ! Quelles sensations de glisse…
Je ne me suis pas fait peur, mais il y a des moments où j’ai senti qu’il n’en fallait pas plus. J’étais à la limite.
La bataille avec Thomas (Coville) a été super : cela fait des années qu’on travaille pour qu’il y ait des courses avec ces bateaux-là et aujourd’hui, on régate après la Route du Rhum, après la Transat Jacques Vabre… et on voit que le match est intense. Et qu’est-ce qu’on apprend ! Quel bateau ! Il n’y a pas le choix : il faut se dépasser, aller chercher au fond de soi des choses dont on ne se croyait pas capable. Et à chaque fois, on pousse le bouchon plus loin : comment arrive-t-on à dormir quand le bateau file à 35 nœuds ? Je ne savais pas que j’en étais capable…
C’est quand même unique de traverser l’Atlantique aussi vite sur un trimaran ! Ce n’est pas facile, mais quel bonheur même si je ne recommencerais pas tout le temps. C’est épuisant… Je ne suis jamais allé aussi loin en terme de fatigue : je suis totalement cramé. J’ai pu un peu me reposer, mais hier je ne savais plus où j’habitais : j’ai même eu des hallucinations. Et sur ces bateaux-là, on n’a pas le droit de partir en vrille. Heureusement, j’avais déjà vécu ça en Figaro et cela m’a permis de me recadrer. Mais les bateaux vont tellement vite qu’on n’a pas vraiment de pauses.
Le retour en mode record de la traversée de l’Atlantique en solitaire est toujours d’actualité, mais laissez-moi un peu de temps pour récupérer ! Je pense que le stand-by débutera début juin. Mais ce n’est pas le même format, le même engagement : sur un record, c’est d’abord plus court, plus simple en termes de manœuvres. Là sur The Transat bakerly, on en a fait des manœuvres, des empannages, des virements, des changements de voile, des prises de ris ! Sur un record, le jeu est différent : il y a moins d’engagement physique mais plus de stress des hautes vitesses en permanence… »

En Multi 50,  Lalou Roucayrol a signalé une avarie suite à une collision avec un OFNI, il est en contact avec son équipe à terre pour sécuriser son trimaran.

Fabienne Roucayrol :
” Suite à une collision avec un Objet Flottant Non Identifié, la dérive du trimaran est sérieusement endommagée. Lalou va bien mais part se mettre à l’abri pour constater les dégâts. Cela semble peu réparable en mer. Sans dérive, la navigation au près devient impossible. Karine Fauconnier et Eric Mas travaillent sur un schéma de route au portant pour que le bateau puisse rejoindre New-York en mode course. “

The Transat bakerly : François Gabart en route vers la victoire

Le skipper de Macif devrait franchir la ligne d’arrivée dans les heures à venir, il ne reste qu’une vingtaine de milles à parcourir avant une nouvelle victoire pour François Gabart et son trimaran MACIF. Son dauphin, Thomas Coville, attendu demain n’aura pas démérité et aura maintenu une forte pression sur le leader, qui ne cachait pas la difficulté de naviguer sur ces trimarans ultimes en solitaire.
Actual est ce soir à 500 milles du but. En Multi 50, Gilles Lamiré poursuit sur la route sud avec désormais une confortable avance sur Lalou Roucayrol.
Photo Vincent Curutchet / DPPI / MACIF

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François Gabart, skipper de l’ultime MACIF :

« Cela a été dur, je sais que j’ai fait une super course, je suis super content. Je suis fatigué et content d’arriver. Il y avait un dernier gros obstacle qui était la dorsale et à priori, je pense que je suis passé du bon côté, et là et cela devrait bien se passer. Je crois que c’est le truc le plus dur que je n’ai jamais fait dans l’engagement. C’est hyper exigeant. Il faut aller jusqu’au bout. Je ne me suis jamais autant impliqué physiquement. Je suis cramé.
J’hésite un peu à aller dormir. Je vais faire quelques siestes…. Je ne sais pas combien de temps je vais mettre à m’en remettre, mais il faudra du temps. Je ne suis pas capable d’en faire deux dans l’année des courses comme ça. Ça demande un tel investissement. Il faut faire attention, on approche des côtes. Je suis passé tout à l’heure juste à côté d’une bouée. J’étais à 38 nœuds juste à côté. En arrivant à New York, il va y avoir plein de cochonneries malheureusement. Je vais essayer de ne pas rencontrer des pêcheurs, des cargos. »

Jean-Luc Nélias, routeur à terre de Soedebo : « La route directe est face au vent, nous avons donc pris une option pour nous placer le mieux possible par rapport au vent et à la zone d’arrivée.

Thomas a été sur le pont toute la nuit, entre manoeuvres, changements de voiles, prise et lâché de ris… le vent était instable, mais malgré tout il a pas mal resserré l’écart au leader. D’ici New-York, ils vont rencontrer les mêmes conditions, mais en décalé car Thomas est un peu plus au sud. Ils seront confrontés à un anticyclone et risquent d’être successivement un peu ralentis.
Les derniers routages indiquent un passage de la ligne au petit matin (8h TU, 4h à New York, 10h heure française). François Gabart, lui, y sera plutôt dans la nuit. 
Les dernières heures seront difficiles, mais la perspective d’arriver et de conclure l’effort d’une semaine intense sont plutôt motivants ! »
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Yves Le Blevec (Ultime-Actual) : « Après la pétole de cette nuit, qui n’était pas simple à gérer, là c’est la guerre ! J’ai un ris dans la grand-voile et la trinquette devant, je vais à 30 nœuds en réel, mais à 25 – 26 nœuds seulement sur le fond à cause du Gulf Stream qui est contraire ! On jongle entre vent et courant avec Christian (Dumard, son routeur, ndlr), c’est assez complexe…
Ce n’est pas très drôle cette arrivée, on a beau dépenser beaucoup d’énergie et bien faire marcher le bateau, le gain au but est maigre. Mais le bateau va bien et moi aussi. L’objectif reste de ne rien casser d’ici l’arrivée. Il y a encore plus ou moins 48h de course et on n’est jamais à l’abri d’une bêtise. Je reste très attentif.
J’ai versé une petite larme ce matin pour mon dernier œuf-bacon… mais j’ai encore largement de quoi me nourrir ! Je continue à bien me reposer aussi : tout va bien, même si l’arrivée est longue…»
Gilles Lamiré (French Tech Rennes Saint-Malo) : « C’est une super course, je prends vraiment du plaisir ! J’essaye de bien me concentrer sur ce que je fais, je m’applique, parce que c’est dur. Et je me dis que si je fais tout bien, ça va continuer. On est très content de notre trajectoire. Yvan Bourgnon, qui me route, fait ça aux petits oignons et tout se déroule bien depuis le cap Finisterre. Quand il y a du vent, ça va bien, le bateau supporte bien la toile et peut tenir des cadences élevées. Le choix de cette route Sud a été mûrement réfléchi, ce n’était pas évident au début. Mais, on a pensé qu’au Nord, on n’éviterait pas le gros carton et surtout que les routages étaient peut-être un peu optimistes. Mais c’est vrai que je ne pensais pas faire une transat comme ça au portant au Sud des Açores, c’est incroyable ! »

The Transat bakerly : Macif en tête, attendu demain à New York

La Transat anglaise 2016 approche de son épilogue, celle-ci aura été atypique pour les ultimes avec une route sud au portant sur une bonne partie du parcours. Les trois skippers ont donc eu des conditions propices à la glisse, et à ce jeu, c’est de nouveau François Gabart sur le trimaran Macif qui s’en sort le mieux. Il a dominé son principal adversaire Thomas Coville sur cette route sud, l’écart est de 122 milles ce soir, et de plus de 400 sur Yves le Blévec (Actual).
Aujourd’hui, les trois solitaires ont dû enchainer les manœuvres pour passer un front puis batailler dans les petits airs. Macif a été le premier à s’extirper de cette zone de calme, Thomas Coville devrait suivre dans les heures à venir.
Les ETA s’affinent avec une arrivée de François Gabart prévue demain vers 18h (HF), Thomas Coville étant attendu mercredi à 5h et Yves le Blévec jeudi dans la soirée.
Photo Vincent Curutchet / DPPI / MACIF

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François Gabart (Ultime / MACIF) : « On est au près, ce qui n’était pas arrivé depuis le départ et ce qui, sur une transat anglaise, reste un scénario peu surprenant. Mais cela fait partie du jeu et on en aura à peu près jusqu’à la fin ! Il y a pas mal de vagues, c’est assez inconfortable. Ce matin en revanche au reaching, je progressais pleine balle et je faisais du saut de vagues. J’ai clairement ralenti le bateau. Cela ne m’arrive pas souvent, mais il y a des moments comme celui là, où tu arrives à la fin de la course, tu es en tête… et il ne faut pas prendre le risque de casser quelque chose à bord. Avec le vent qu’il y avait, ça pouvait monter à 35-38 nœuds, j’ai volontairement levé le pied. L’idée de finir, cela ne rajoute pas forcément de pression supplémentaire. Cette pression, on l’a depuis le début et c’est celle de naviguer sur le trimaran Macif : c’est un fabuleux bateau et il faut en prendre soin. Arriver au terme de la course, ça rajoute juste un peu de piment, d’autant que terminer la transat anglaise, ce n’est pas rien ! Là même si je suis en tête, on sait que tout reste possible dans les courses à la voile. Jusqu’à la fin, il peut se passer plein de choses. Il ne faut pas faire de bêtises ou de mauvaises manœuvres. »
Thomas Coville (Ultime / Sodebo) : « Depuis hier dimanche, c’est très physique ! La mer est forte, toute cabossée, ça tape bien et on navigue au près dans du vent fort. Au moment où je parle, Sodebo Ultim’ s’élève de toute sa hauteur, l’étrave décolle, la dérive sort carrément de l’eau et quand ça retombe, c’est impressionnant comme ça tape et ça vibre ! J’ai très peu dormi, jusqu’au bout ce sera très physique ! Quand tu es un compétiteur, tu joues pour la gagne. On fait un beau duel depuis une semaine avec François. Il reste encore un front à passer, il faut être prudent, faire attention au bateau, surtout ne rien casser. Une petite erreur peut vite arriver. La nuit dernière, c’était un peu la folle cavalcade, et on est revenu sur Macif… Il peut encore se passer des choses, alors je ne veux rien lâcher, ce n’est pas le moment ! »

Yves Le Blévec (Ultime – Team Actual) : « J’ai passé un front en fin de nuit : toute la garde-robe du bateau y est passée. Renvoyer deux ris d’un coup, c’est sport ! Au moins dix minutes de colonne de winch non-stop, il ne faut pas partir trop vite, sinon on n’arrive pas au bout. Là, en revanche, le vent est tombé, c’était prévu, mais ce n’est jamais agréable, d’autant que les deux autres Ultime n’ont pas eu ce passage-là, ils profitent de conditions plus favorables, c’est un peu frustrant, mais ce n’est pas si grave. Je ne cesse de me réjouir d’avoir le privilège de mener une telle machine à vent sur les océans. Plus je passerai de temps à bord, plus j’apprendrai. La mer est restée formée, le bateau bouge dans tous les sens… Ce soir, il y a un nouveau front avec 25 à 30 nœuds, il va passer vite. Et le vent tombe à nouveau ensuite. Je vois beaucoup plus clair maintenant dans la façon d’enchainer les manœuvres et de les anticiper, j’ai les schémas en tête, mais tous les enchainements ne sont pas possibles. Je continue à bien réussir à me reposer. Je mange bien, ce bateau est quand même beaucoup plus confortable que le Multi 50 dans la mesure où l’habitacle est sec et en hauteur. Le seul point noir c’est que je mangerai demain matin mes derniers œufs-bacon… »

© Th.Martinez / Sea&Co. Trimaran ULTIM “ACTUAL”

© Th.Martinez / Sea&Co.
Trimaran ULTIM “ACTUAL”

En Multi50, l’option sud de Gilles Lamiré (French Tech Rennes-Saint Malo) reste toujours avantageuse avec un avantage de 175 milles sur Lalou Roucayrol (Arkema) revienne du diable vauvert, vu qu’il est encore phagocyté par les airs anticycloniques…

Transat bakerly duel Coville Gabart en tête de flotte

Deuxième jour de course sur The Transat bakerly, Thomas Coville et François Gabart bataillent en tête. Les deux solitaires sont sur des routes identiques avec une vingtaine de milles  d’écart en latéral.

MACIF et Sodebo filent vers les Açores, à 30 nœuds environ, avec en point de mire l’anticyclone à négocier puis une dépression ensuite.

François Gabar, skipper de MACIF : « Il y a pas mal de vagues, c’est un peu chaud, il faut faire attention. Tu passes ton temps à rattraper les vagues et à un moment, il y en a une un peu plus haute qui te bloque. Hier au passage du Cap Finisterre, comme il y avait du vent et beaucoup de vagues, j’ai passé trois heures à la barre. J’ai réussi à bien dormir depuis le départ, j’ai trouvé ma petite organisation entre les écoutes dans la main, les alarmes et en gardant toujours un œil un peu ouvert. Sur un tel bateau, il faut garder toute sa lucidité, on ne peut absolument pas se permettre d’être dans le rouge. C’est donc impératif de trouver du temps pour se reposer en enchaînant les petites siestes. En moyenne, je dors entre 3 et 5 heures par tranche de 24 heures. Etre aussi proche après deux jours de course, c’est exceptionnel. Le fait d’avoir Thomas à côté du trimaran MACIF me pousse forcément à aller vite, ça ne donne pas envie de mollir. C’est aussi la compétition qui permet de se dépasser, de trouver des solutions pour grappiller quelques nœuds par-ci par-là. Grâce aux classements et parfois à l’AIS, je comprends tout de suite si ce que je fais sur le bateau me fait gagner en performance, c’est génial pour progresser. »

Thomas Coville, skipper de Sodebo : « Il y a grosse bagarre ! Ça croise, ça recroise, ça tricote, on empanne… ça joue bien avec Macif depuis le départ ! L’écart s’est stabilisé, ce qui est bon pour nous. François a un léger avantage en vitesse. Grâce au travail à terre de Jean-Luc et Sam (Davies) à la cellule routage, nous avons réussi quelques coups stratégiques un peu audacieux, comme au passage du cap Finisterre où nous avons choisi d’aller chercher le vent fort en passant à l’est de la zone interdite au trafic. C’était payant puisque je suis bien revenu sur François. C’est comme si on était en Figaro au milieu de l’Atlantique mais le fait d’être à deux trimarans Ultime, ça permet de pousser sur le bateau et ça va super vite à 37 nœuds de moyenne ! On est loin de la dernière Transat anglaise où nous étions passés par la route nord ! Là, je suis au portant, le flotteur sous le vent touche à peine l’eau avec le foil qui pousse. Sodebo Ultim’ est bien calé et stable. Il y a un peu de mer et le bateau fait quelques bonds mais globalement il passe les vagues de crêtes en crêtes. C’est le paradis de naviguer dans ces conditions. Les vitesses du vent oscillent régulièrement entre 17 et 24 nœuds, on s’adapte. »

Yves Le Blevec sur Actual pointe en 3ème position, cette transat lui permet d’appréhender la navigation en solitaire sur son ultime : « J’ai bien dormi, je suis en forme ! Hier, il a fallu beaucoup manœuvrer. Là, je viens de faire encore un changement de voile : c’est du job ! Chaque manœuvre prend environ une heure : il faut rentrer la voile, la ranger, renvoyer l’autre, dérouler, régler, etc. À chaque fois, cela ralentit beaucoup le bateau. Sur le dernier changement de voile, j’ai réussi à relancer avant la fin de la manœuvre, c’était pas mal.Hier après-midi, après la première nuit blanche et la journée à manœuvrer, j’ai eu un coup de mou, ça n’a pas duré. Je suis bien dans mon rythme, j’ai une bonne « patate » ! Nous allons continuer sur une trajectoire assez sud. La route est bien sûr plus longue que la route directe, mais le bateau sera plus rapide, ça se présente bien… »

En Multi 50 Lalou Roucayrol a choisi une route plus nord que  celle de Gilles Lamiré, deux visions d’aborder la prochaine dépression pour les deux marins.
Erwan le Roux est arrivé en Espagne, aidé par son équipe technique pour l’entrée dans le port. Le skipper espère pouvoir mettre en place une réparation de fortune avant de convoyer son trimaran vers la Bretagne.
 

Transat berkely J2 : Macif talonné par Sodebo, casse de flotteur pour FenêtréA Cardinal

Après une journée et demi de course,  deux des trois ultimes se détachent de la flotte, Macif mené par François Gabart et Sodebo de Thomas Coville qui talonne son adversaire à moins de 5 milles. Actual d’Yves Le Blévec ne peut pas lutter en vitesse pure face aux deux derniers nés des maxis multicoques et pointe à une soixantaine de milles au large du cap Finisterre. Les deux leaders ont mis de l’ouest dans leur route après le passage de ce cap.

En Multi50, la flotte était emmenée par Erwan Le Roux (FenêtréA-Cardinal) jusqu’à 19h, le skipper a alors averti la direction de course de The Transat bakerly d’une avarie. Le 50′ progressait au portant dans 25-27 nœuds de vent de nord-est à une soixantaine de milles au large du Cap Finisterre, lorsque le flotteur bâbord a cassé. Le skipper de FenêtréA-Cardinal a sécurisé son trimaran, il fait désormais route au 135° à allure réduite et cherche avec  son routeur Jean-Yves Bernot, un port sur la côte portugaise ou espagnole Portugal ou l’Espagne qu’il pourrait rejoindre en sécurité.

Erwan le Roux,  skipper du Multi50 FenêtréA-Cardinal,«  J’étais sous ORC, avec deux ris dans la grand voile. Il y a eu un premier gros choc. Je n’ai pas vu ce qui s’est passé car j’étais sur la caquette. Après ça, je suis parti au tas comme si j’allais chavirer. Il a fallu que j’intervienne tout de suite. Je suis allé rouler le gennaker et c’est là que je me suis rendu-compte qu’il manquait à peu près la moitié de la partie du flotteur située entre le bras avant et l’étrave »

 

Thomas Coville (Sodebo Ultim’) à la vacation du matin : « C’était un départ pas forcément facile à exécuter car la ligne était proche du break water et surtout, le départ s’est fait juste après un front. Il fallait faire le bon choix de voile avant de partir. Il y avait beaucoup de choses à anticiper avant ce départ. Je n’avais pas envie de prendre trop de risques. Je voulais faire ça proprement. François était un peu tôt sur la ligne, il a dû faire une petite abattée. On était l’un à côté de l’autre, un peu comme dans les livres. C’était magique. François, qui est un peu plus rapide à cette allure, m’a distancé progressivement mais rien de dramatique. En fait, depuis quelques jours, on voit que la route Sud est un peu moins exposée que la route Nord. Et surtout pour la fin, avec cette porte des glaces assez Sud qui oblige à redescendre si l’on part vers le Nord. Cette route Sud n’a que des avantages. On était à vue jusqu’à Ouessant avec François, à 5-6 milles l’un de l’autre et on a passé le Fromveur à plus de 30 nœuds. »

Yves Le Blevec ; skipper d’Actual Ultim : « Je viens de passer la dorsale (la limite sud de l’anticyclone, ndlr), j’ai donc retrouvé du vent et je peux commencer à faire cap à l’ouest. Je ne chercherai pas à descendre plus vers le Cap Finisterre, il y a beaucoup de pression là bas, avec une mer très formée, ce ne serait pas productif.
Nous sommes en train d’échanger avec Christian
(Christian Dumard, son routeur, ndlr) car même si tout le monde a choisi la route sud, le jeu stratégique reste très ouvert !
La nuit s’est bien passée, mais j’ai quand même traversé quatre zones réservées au trafic des bateaux de commerce ! Je n’ai donc pas beaucoup dormi… L’horizon commence à s’éclaircir de ce côté-là.
Les deux grands Ulitms s’échappent logiquement, je fais ma course. Tout va bien à bord, j’ai fait très attention à chaque manœuvre, j’ai pris le temps nécessaire pour que tout aille bien. Je suis pour l’instant sous gennaker et grand-voile haute, je suis très attentif à tout. »

Bon départ pour The Transat bakely

Les skippers engagés sur la Transat anglaise ont pris le départ de la célèbre transatlantique à 15h30 aujourd’hui, un flux d’une quinzaine de noeuds a accompagné les solitaires vers le phare d’Eddystone avant de plonger au sud en direction de Ouessant.

Erwan Le Roux  sur son Multi50 FenêtréA-Cardinal était le plus prompt sur la ligne, suivi de près par François Gabart  sur l’ultime Macif.  Thomas Coville sur son Sodebo ultime suivait de près son principal concurrent, Yves le Blévec choisissait la prudence avec un ris dans la grand voile et était donc un peu plus en retrait sur Actual, le dernier des maxis trimarans engagés.

En Multi-50 le peloton était emmenés par Erwan Le Roux (FenêtréA-Cardinal) et Lalou Roucayrol (Arkema), Gilles Lamiré (French Tech) était légèrement décroché.

La route nord, un temps envisagée ne semble plus être au programme aujourd’hui, celle-ci devait emmener les concurrents à plus de 56° nord avec des conditions de mer difficiles, les équipages des multis ont opté pour une route plus sûre et moins casse bateau.

« Nous allons devoir gérer l’arrivée d’un anticyclone dans la nuit de mardi à mercredi, un moment déterminant sur la manière de le traverser. Nous risquons de rencontrer des dépressions actuellement en formation : chaque transition est importante et la bonne gestion du rythme de vie à bord sera prépondérante. » Lalou Roucayrol (Multi-50 – Arkema)

The Transat Bakerly yacht race. The start of solo transatlantic race start from Plymouth UK  - New York. USA. Image licensed to Lloyd Images

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Séb Josse et Charles Caudrelier remportent la Transat Jacques Vabre en MOD 70

Sébastien Josse et Charles Caudrelier sur le MOD 70 Groupe Edmond de Rothschild ont remporté aujourd’hui la Transat Jacques Vabre. Ils ont franchi la ligne d’arrivée à Itajaí au Brésil à 18h03’54’’ (heure française) après 11 jours, 5 heures, 3 minutes et 54 secondes de course, soit une vitesse de 20,7 nœuds sur la route (22,12 nœuds de vitesse moyenne), le duo aura mené la course de bout en bout devant leur adversaire Oman Air-Musanda, mené par Sidney Gavignet et Damian Foxall. Les deux marins naviguant sur le trimaran omanais avaient pourtant refait une partie de leur retard dans la traversée du pot au noir avec seulement 2 heures d’écart au passage de l’équateur, puis se réduisant à 20 milles (en distance au but), à 48 heures de l’arrivée, mais les skippers du MOD70 du Gitana Team aidés par  leurs routeurs à terre,  Jean-Yves Bernot et Antoine Koch, ont parfaitement négocié l’arrivée sur le Brésil et remportent donc cette course.

 

Leur sentiment à l’arrivée :
Charles Caudrelier : « Je ressens du soulagement car ces bateaux sont stressants. On vit avec la peur permanente du chavirage, il faut trouver la bonne limite. Niveau stress, fatigue et dépassement de soi, cette Transat Jacques Vabre dépasse largement tout ce que j’ai pu faire avant. Nous avons mené la course depuis le début mais le retour d’Oman Air-Musandam ces derniers jours nous a fait peur. Je ressens aussi du bonheur, et de la fierté : je réalise un rêve de gosse. »
Sébastien Josse : « C’est effectivement un soulagement d’arriver à Itajai. En monocoque, la quille apporte une sécurité. En multi, le stress est omniprésent. On s’est fait une grosse frayeur au large de Gibraltar : je me suis endormi et nous avons failli chavirer par l’avant. J’ai eu le réflexe de tirer la barre, le flotteur a planté dans l’eau. Le bateau est heureusement retombé du bon côté. On ne pouvait même pas se préparer une boisson chaude : pas de petits plaisirs à bord d’un MOD70, rien de superflu. »

La navigation en double en MOD70 :
Sébastien Josse : « En équipage on est toujours très proche de la limite. Nous avons essayé de nous approcher de cette limite en double. Nous avions un bon rythme. Il fallait trouver le bon curseur face à Sidney Gavignet et Damian Foxall qui savent eux-aussi pousser leur bateau. Le mot d’ordre : garder la plateforme à plat en allant vite.»
Charles Caudrelier : « C’était très usant car il y avait en permanence l’un de nous deux à la barre. Et on ne la lâchait pas pendant nos quarts. Pour faire la moindre action il fallait réveiller l’autre. Dans les grosses conditions, on ne peut pas se permettre d’aller régler seul une voile sans prendre un risque de chavirer. L’autre option aurait été de ralentir : mais sommes des compétiteurs donc on n’a pas fait ça. On a eu une météo exceptionnelle, des conditions très rapides. Ce qui nous a permis d’aller quasiment aussi vite qu’en équipage.Nous avons beaucoup travaillé ensemble en amont, nous nous connaissons bien. On a bien préparé notre coup. Nous avons tous les deux une bonne expérience du solitaire et du double. »

Début de course sans problème pour les MOD, un chavirage en 50′

Après 4 jours de course, les duos engagés sur la Transat Jacques Vabre  dans les classes multicoques ont désormais tous parés le Cap Finistère.

En MOD 70, les deux bateaux en course ont déjà passé les Canaries, après avoir dégolfé sans réel problème malgré des conditions soutenues. Les trimarans suivent la même trajectoire avec un avantage pour Groupe Edmond de Rothschild mené par Seb Josse et Charles Caudrelier, Oman Air Musandam, de Sidney Gavignet et Damian Foxall pointent à 45 milles du leader. Ils devraient entrer dans le pot au noir d’ici 48 heures.

Sébastien Josse : «Nous avons actuellement 14 nœuds de vent, la mer est quasiment plate (1,5 mètres). Ce devrait être notre première journée de navigation au sec depuis le départ ! On ressent nettement le changement de température et le soleil est enfin de la partie ; il va falloir bien se protéger à la barre. Juste après le dévent de Madère, nous avons fait notre premier beau planté de la Transat. J’étais à la barre, le bateau sous gennaker et un grain est arrivé. Dans l’abattée, le bateau a enfourné»

Damian Foxall : « Nous avons modifié les réglages du bateau durant les six dernières heures, et nous allons maintenant un peu plus vite. Notre safran central est remonté, nous avons donc dû ralentir pour le remettre en place, mais tout va bien maintenant, même si nous avons perdu un peu de terrain sur Gitana, nous allons nous battre pour revenir. Nous sommes plutôt contents de ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes toujours dans du vent d’est, ce qui nous permet de faire route à l’ouest, et c’est ce que nous devons faire. Nous avons dû monter dans le mât au large du Cap Finisterre pour débloquer une drisse, ce qui nous a coûté quelques milles. Quelques autres petits soucis se sont ajoutés et nous ont fait perdre quelques milles de plus, mais nous nous en sortons bien et nous espérons les rattraper, il y a encore un long chemin à parcourir ! »

Les MOD 70 dans le raz de Sein

En Multi 50, le Golfe de Gascogne a contraint l’équipage de Maitre Jacques a stoppé, en effet les deux Loic (Fequet et Escoffier) ont vu l’étrave tribord de leur flotteur se casser nette avant hier. Les skippers ont rejoint la Corogne sans assistance.

Loïc Féquet : « Nous avions eu une nuit difficile, mais le vent et la mer ont été beaucoup moins forts que ce qui avait été annoncé. Nous avions d’ailleurs fait un contre bord à l’ouest à l’entrée du golfe de Gascogne (sur les conseils de notre routeur), non seulement pour éviter la mer plus formée dans le sud du golfe, mais aussi en prévision de la redescente sur le cap Finisterre. Le vent était même tombé à 10 nœuds samedi matin, et nous attendions d’être sûrs qu’il ne se renforce pas trop pour renvoyer de la toile. Les deux vagues qui ont provoqué la casse du flotteur n’étaient pas plus grosses que les autres, et nous n’attaquions pas du tout. D’où l’hypothèse de l’usure… «Nous avons pas mal échangé à ce sujet avec notre équipe et l’architecte du bateau. C’est encore difficile à dire, mais il semble que l’âge du bateau*, mis à l’eau en 2005, soit une cause assez plausible. 

Lorsque le flotteur a cassé, nous n’avions pas des conditions dantesques et nous naviguions de façon à préserver le bateau justement. Nous étions à 100° du vent, avec deux ris et la trinquette, il y avait 20 à 25 nœuds, et la mer était maniable. Cela n’avait rien à voir avec les conditions vraiment musclées rencontrées il y a deux ans sur cette même Transat Jacques Vabre. 
Une cause possible serait aussi qu’il y ait eu un point d’impact un jour, lors d’une manœuvre ou à cause d’une grosse vague et que cela ait créé un point de faiblesse… »
Aujourd’hui nouvelle déconvenue dans la classe hier au soir, Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet sur Arkema ont chaviré à 200 milles des côtes portuguaises. Ils naviguaient au contact de Fenêtréa Cardinal au moment de l’incident, le duo n’a pas demandé d’assistance, un remorqueur a été affrété, la plate forme a été sécurisée et le trimaran sera retourné avant de rejoindre Lisbonne.
Les explications sur le chavirage,  Mayeul Riffet : « On avait 12-18 nœuds de vent, le bateau est parti au lof, les safrans ont décrochés, et en 3 secondes le bateau s’est retrouvé à l’envers. On a voulu choquer, c’était bien trop tard. On était sous gennaker donc ça a enfourné quand même. J’étais à l’intérieur, j’ai essayé de sortir mais je n’y suis pas arrivé. Lalou (Roucayrol) est arrivé à nager par dessous et rentrer par la petite trappe. Le trimaran, ou tout du moins la plateforme, est complètement sécurisé. Nous avons passé la matinée et le début d’après-midi dans l’eau afin de couper tout ce qui trainait sous le bateau. Il restait quelques morceaux du mât et nous avons tout lâché. Toute la nuit dernière, la bôme et le reste du mât tapaient dans la coque centrale et nous avions peur que cela crée des dommages plus importants. Il y a encore beaucoup de mer et nous sommes ballotés dans tous les sens. Nous avons la chance d’avoir de l’énergie pour recharger le téléphone satellitaire, à boire et à manger. Cette nuit, nous ferons des quarts de surveillance à l’extérieur du trimaran pour éviter toute collision avec d’autres navires. Nous sommes bien sûrs très secoués et attendons avec grande impatience que notre équipe et le remorqueur viennent à notre rencontre. »
Deux des favoris sont donc hors jeu, Yves Le Blévec et Kito de Pavant ont quant à eux fait un arrêt technique à Madère pour réinstaller une pièce de l’anémomètre en tête de mât d’Actual. L’arrêt a duré environ une heure, le duel face à FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux/Yann Elies) a donc repris. Les deux trimarans ont pris un cap à l’Ouest afin d’aller chercher de la pression.

Edmond de Rothschild et Arkema vainqueurs de la Route des Princes

Cette dernière off-shore de la Route des Princes aura de nouveau été très disputée dans la classe des MOD70, en effet Oman Air Musandam et Edmond de Rothschild pouvaient prétendre à la victoire finale hier au moment de départ de ce dernier sprint à destination de Morlaix.

L’équipage de Sidney Gavignet  était le premier à franchir le  point de passage obligatoire au niveau de Land’s End hier, pui c’était Sébastien Josse et ses hommes qui empochaient le point bonus au passage de la Roche Gautier.

L’équipage du MOD 70 Edmond de Rothschild décrochait dans la foulée sa première victoire d’offshore sur cette route des princes et s’adjugeait la première place au général. Oman Air-Musandam  prenait la 2e place sur cette étape et au général. Spindrift prend la troisième place,  malgré son chavirage en baie de Dublin le 22 juin dernier en raison du système d’attribution des points spécifique de l’épreuve,  Virbac-Paprec 70 termine 4e , malgré tout l’équipage de Jean Pierre Dick n’aura pas démérité sur cette course, en restant le plus souvent au contact de la flotte.

Sébastien Josse, skipper du MOD70 Edmond de Rothschild :

« On arrive à gagner l’épreuve en remportant la dernière étape. C’est la victoire qui nous manquait au large. Le Large où on n’avait pas connu beaucoup de réussite depuis le début de l’épreuve. Là, on a navigué au contact. On n’a pas très bien régaté au début. On a joué au chat et à la souris avec Oman Air-Musandam jusqu’à cette nuit. Ensuite, on a entamé une petite bataille d’empannages et on a tiré notre épingle du jeu au petit matin en passant Roche Gautier en tête. Après, on a contrôlé. On a essayé de naviguer au mieux pour franchir la ligne d’arrivée le plus vite possible. On voulait que ce soit le plus propre possible. On voyait que Virbac-Paprec 70 n’était pas très loin et on ne savait pas ce qui pouvait se passer avec la renverse du courant. On s’est dit que plutôt que de stresser sur la fin du parcours, il fallait continuer à faire au mieux pour ne pas avoir de regret. Le bilan est très positif. L’année dernière, sur l’European Tour MOD70, on n’avait pas très bien marché mais on avait montré notre potentiel. Cette année, on confirme notre potentiel et c’est une bonne chose. On a quand même un peu manqué d’audace sur certaines étapes off-shore mais une fois que chacun a eu trouvé ses marques à la fin, c’était plus facile. C’est plus que satisfaisant. »

Sidney Gavignet, skipper du MOD70 Oman Air-Musandam :

« C’est très râlant, en arrivant j’étais un peu triste, j’aurais bien aimé offrir ça à l’équipe, au sponsor, à la famille, et je n’ai pas réussi. C’est une belle deuxième place, on a animé la course, on a été de bons acteurs. Je suis très content de l’ambiance qu’il y avait dans l’équipe, pour un skipper c’est très important, ça veut dire que tu fais une bonne partie du boulot. Toute l’équipe avec les omanais, on a augmenté notre niveau de jeu, Farhad a progressé, Ahmed est tout jeune, c’est une bonne recrue.

Sur la dernière manche, il fallait aller plus à l’est de tout le monde, et Edmond de Rothschild a réussi a nous pousser, il ont bien joué.

C’est une très belle course, je voulais remercier Prince de Bretagne, on a beaucoup de chance d’avoir un sponsor qui organise une si belle course. »

© M. Mochet/RDP

Jean Pierre Dick, skipper du MOD70 Virbac Paprec 70 :

« On est parti au près jusqu’à Wolf Rock cette nuit et ça a été assez orageux. Cela a donc créé quelques surprises. De notre côté, on a tiré un petit bord qui nous a été un peu fatal. Du coup, on est passé troisième mais on est arrivé à bien se refaire sur  le bord de portant et on a passé la bouée Roche Gautier très près d’Oman Air-Musandam qu’on a doublé ensuite. Malheureusement, il a bien tricoté après et on est arrivé quelques secondes derrière lui. La satisfaction, c’est qu’on a navigué au contact avec les cadors de la série et ça c’est une bonne chose. La petite déception, c’est qu’on soit derrière bien sûr, mais Paris ne s’est pas fait en un jour. Il faut un peu de temps. On a beaucoup appris. Dans les transitions, on manque toujours un peu de fluidité et on perd un peu pied à certains moments mais bon, ça se joue vraiment dans le détail. On est un peu déçu de terminer 3e mais ce n’est pas grave, on va vite passer à autre chose. »

Yann Guichard, skipper du MOD70 Spindrift :

“Je tiens vraiment à saluer le vainqueur de la course Edmond de Rothschild pour sa victoire dans la course, ils ont été notre concurrent le plus redoutable pendant les épreuves. Notre chavirage à Dublin a fait s’évaporer toutes nos chances de victoire sur la Route des Princes, mais grâce à tous les points engrangés sur les premières étapes, nous terminons quand même sur le podium et pour ça on est super contents”.

En Multi50, Erwan le Roux, sur FenêtréA Cardinal a remporté cette dernière étape devant Lalou Roucayrol, malgré un bel enchainement de performance sur la fin de course, l’équipage de FenêtréA Cardinal (ex Crèpes Whaou 3) termine à la seconde place du général, Lalou Roucayrol remporte l’épreuve sur le dernier Multi50 mis à l’eau. Le skipper d’Arkema réalise une superbe performance et s’est assuré du potentiel de son trimaran, « dérivé » d’Actual. Yves le Blévec termine 3ème de l’étape et au général, devant Gilles Lamiré qui découvrait son nouveau bateau, l’ex Prince de Bretagne, vainqueur de la Route du Rhum 2010.

© M. Mochet/RDP

Erwan le Roux, skipper du Multi50 FenêtréA-Cardinal :

« Sur cette quatrième étape, on a fait la course parfaite. Il fallait partir devant et c’est ce qu’on a fait. On est sorti de Plymouth bien en tête et on a attaqué le bord de portant pour aller sur les Minquiers en confiance, avec un peu d’avance sur les copains. En fin de nuit, on a vu un Lalou (Roucayrol) conquérant arriver, et nous passer comme une fusée. Je crois que son bateau est fait pour le portant et on n’a rien pu faire. Il ne manque pas grand-chose pour qu’on prenne ce fichu point de bonus spécial qui nous aurait permis d’être devant mais voilà… Après, on a cravaché pour revenir sur lui, même si on savait qu’on ne gagnerait plus la Route des Princes. Cependant, on voulait la victoire d’étape et on est allé la chercher au plus près des cailloux, dans le courant… On a tout fait. C’était très sympa, on a fait une belle navigation. Je pense qu’on a montré un bel état d’esprit et je suis assez fier de mon team. Sur la course, on a été un peu un diesel, il aurait fallu une 5e étape ou des points sur les in-shore (rires), mais bon, c’est comme ça ! En tous les cas, je suis super content pour Lalou. C’est un nouveau bateau dans la classe, il est bien servi et tant mieux pour lui et ses partenaires. Je crois qu’on a tous livré une belle bataille. Malheureusement, il faut un classement. Le plus triste dans l’histoire, je pense que c’est Yves (Le Blévec), mais on va aller le consoler quand il arrivera à terre ! »

Lalou Roucayrol, skipper du Multi50 Arkema-Région Aquitaine :

«On a fait une très belle descente sous gennak’ entre Eddystone et les Minquiers et franchement, on s’est régalé parce qu’il y avait 17-18 nœuds et du brouillard. C’était donc de la navigation au feeling et on marchait vraiment comme des avions. Cela nous a permis de repasser tout le monde parce qu’on était parti avec un peu de retard après s’être fait enfermé sur la ligne de départ. A partir d’Eddystone, on a commencé à attaquer un peu et on a doublé nos concurrents les uns après les autres. On a passé la bouée cardinale des Minquiers en tête, décrochant ainsi le point et demi de bonus spécial. Après, on s’est retrouvé un peu empétolé dans du clapot et c’était assez merdique. On a plutôt bien navigué mais on a eu un coup malheureux et Erwan Le Roux est repassé devant. En fait, il n’y a rien eu de très significatif sur la partie pour revenir jusqu’à Roscoff parce que c’était quand même très mistoufleux. Mayeul (Riffet) aime bien jouer avec la caillasse. On était à contre-courant tout le long et on est allé virer sous Code 0 à 10 mètres des rochers, au milieu des pêcheurs. C’était chaud mais ça a permis de découvrir le paysage (rires !). C’est la première régate du bateau et donc sa première victoire. Je suis super content pour toute l’équipe. Au total, c’est une belle récompense pour les 17 mois de construction et les 22 0000 heures de travail. Je suis super heureux. L’équipage et moi sommes aux anges. Au départ, on partait sur une course d’entraînement et au final, on gagne. C’est totalement inespéré. C’est le résultat de beaucoup d’efforts et de beaucoup de travail de plein de gens. C’est vraiment le top ! »

Yves le Blévec, skipper du Multi50 Actual :

« On est très content de terminer cette Route des Princes. C’est une épreuve vraiment sympa et son format est génial. Evidement, on est quand même un peu déçu de terminer 3e parce qu’on était bien parti dans cette manche et, hier, à la tombée de la nuit, il nous est arrivé un truc incroyable ! On est tombé dans un trou de vent alors qu’il y avait de l’air soutenu en Manche. On s’est arrêté complètement pendant une demie heure. Du coup, on a pris un retard énorme qu’on a rattrapé toute la nuit. On est arrivé pas très loin des autres aux Minquiers mais on a perdu grave. Ca, on le vit avec un petit peu d’amertume quand même. Le point de bonus, on le sentait bien parce qu’au portant on avait vraiment la vitesse. Mais cela fait partie du jeu de la régate et c’est pour compenser toutes les fois où on a eu de la réussite. Reste qu’il y a une vraie déception. Il n’empêche que les vainqueurs sont des beaux vainqueurs et que tout le monde s’est bien bagarré. Je pense qu’on a participé à un beau spectacle sur cette Route des Princes. On a appris plein de choses, l’équipage s’est super bien entendu. Ce sont vraiment de bons moments. On a globalement bien navigué mais évidement on aurait préféré être à la place de Lalou (Roucayrol). »

Gilles Lamiré, skipper du Multi50′ Rennes Métropole-Saint Malo agglomération:

« Le départ ne s’est pas trop mal passé à Plymouth. On était bien sorti du Sound mais après on a eu un grand bord de portant et c’est vrai que notre grand gennak est plus petit que celui des autres. On savait donc qu’on n’arriverait pas à tenir leur cadence. On a réussi à rester au contact avec Actual mais les autres se sont échappés. A la cardinale ouest Roche Gautier, on est un peu passé deux heures après les autres et on a subi l’influence du courant. On a eu notamment eu le courant défavorable plus longtemps que nos camarades. Après, évidement, c’était dur de recoller d’autant que c’était plutôt assez mou et brumeux. Côté bilan, nous sommes arrivés deux heures après les autres Multi50, ce qui  n’est pas non plus catastrophique. On en tire plutôt du positif, on a bien manœuvré sur cette étape qui ne laissait pas trop de place à la stratégie. On vient de récupérer le bateau et cette Route des Princes était une excellente occasion de se mesurer aux autres bateaux de la classe pour arriver à jauger un peu la concurrence. Cela nous a aussi obligé tout de suite à prendre le bateau en main et en quelque sorte cela a boosté notre apprentissage, c’est bien. »

Enfin, Lionel Lemonchois sur le maxi80 Prince de Bretagne, a terminé devant les MOD70 sur cette dernière étape, démontrant le potentiel de son trimaran, conçu pour les épreuves en solitaire, dont la prochaine Route du Rhum.

Cette épreuve, organisée par son sponsor aura été un beau succès sportif avec des courses inshore et offshore très disputées dans les deux classes.

© M. Mochet/RDP

Lionel Lemonchois :

« C’est toujours bien de finir sur une bonne note. C’est l’artichaut sur le gâteau ! On s’est bien arraché, il fallait qu’on passe devant pour faire un beau final. On voyait qu’on était mieux en vitesse. Mais depuis le début de la course, on arrivait moins facilement à transformer parce qu’on ne connaissait pas aussi bien le bateau, donc là on a transformé ce potentiel qu’on voyait au départ. On sait mieux l’utiliser qu’il y a trois semaines. Nous avons constaté depuis Valence une belle marge de progression. La Route des Princes, c’est génial ! Se balader en Espagne, au Portugal, on devrait le faire plus souvent ! C’est sympa de voir d’autre pays d’Europe, d’aller à leur rencontre. »