Les deux maxis trimarans IDEC SPORT et Spindrift 2 sont attendus au large d’Ouessant dans l’après midi. Yann Guichard, Dona Bertarelli et leurs douze équipiers devraient précéder l’équipage réduit de Francis Joyon de quelques petites heures.
La nuit dernière a été plus difficile que prévu pour les hommes d’IDEC SPORT avec de nombreuses manoeuvres pour passer le front.
La nuit prochaine, qui sera la dernière en mer pour les deux équipages s’annonce musclée avec des vents de 25 à 30 noeuds et une houle de 5 à 6 mètres.
A l’issue de ce tour du monde, IDEC SPORT fera route vers Brest, où le trimaran devrait accoster en début de soirée, Spindrift 2 rejoindra son port d’attache de la Trinité sur Mer.
Dona Bertarelli, co-fondatrice de Spindrift racing et barreuse sur Spindrift 2 :
» A 13h TU nous avons donc empanné juste à quelques milles de L’île de Sao Miguel aux Açores. C’est à ce moment là que Yann a choisi de traverser le front et de se retrouver ainsi au plus fort de la tempête. Il fallait bien le faire à un moment donné au risque de rallier le Portugal au lieu de la Bretagne. Le « bacalhau” on en a assez mangé sur ce tour du monde même si c’était un de mes plats préférés.
Le dévent des Açores passé, nous nous sommes vite retrouvés dans le vif du sujet : grosse mer croisée, vagues de 6 mètres par le travers et vent de plus de 30 nœuds.
Une fois de plus je suis émerveillée par la capacité de Spindrift 2 de filer sur l’eau et de traverser les vagues quasi sans effort. Cette machine tient la mer comme nulle autre ! Elle est taillée pour ça. Pascal (Bidégory) avait dû en rêver, fatigué de planter jusqu’au mât avec ses précédents bateaux. De là où je me trouve, je ne peux que le remercier !
Une fois de plus, sur ce tour du monde, nous sommes les spectateurs privilégiés d’un coucher de soleil magique.
Le ciel est bleu. Au loin, la trainée de nuages bas, plats, noirs si typiques d’annonce de vent fort. La mer est démontée avec des creux parfois si prononcés que l’on est pour quelques cours instants amenés en apesanteur. Une brume, épaisse, au ras des vagues se crée par les embruns : les nôtres, mais aussi ceux des vagues déferlantes.
Et puis soudain, alors que nous étions en pleine manœuvre pour réduire notre voilure, en un instant, tout est devenu rouge pourpre. Le ciel, la mer, les hommes du bord… Le soleil, en se couchant derrière cette masse nuageuse effrayante, nous a fait vivre un moment d’une rare beauté. «
Francis Joyon :
« Nous avons essayé de traverser à un endroit où il y avait un double front froid qui était à priori très facile à traverser. Cela ne s’est pas passé comme on espérait. On a été pas mal ralenti. On a même eu des vents inférieurs à 10 nœuds. On a beaucoup galéré à manœuvrer, à régler, à affaler des voiles, à renvoyer. Du coup on a perdu un petit peu de temps sur notre heure d’arrivée.
On a retrouvé un bon vent et le bateau va vite sous gennaker dans 28 nœuds de vent qui est en train de forcir. Il y a un beau ciel, une mer avec une grosse houle bretonne… très beau paysage marin. On a pris des fichiers de vagues et la houle grossit fortement en montant vers le nord. Si elle est dans l’axe du bateau ça va, si elle est un peu plus en travers ce sera plus embêtant. On surveille ça
On a lancé deux routages qui nous font arriver à 16 h TU à Ouessant. Après il faudra bien compter une heure et demie pour rejoindre le goulet de Brest. La manœuvre d’amarrage du bateau se passera de nuit. L’arrivée sera plus fin de journée que ce que j’espérais.
On est impatient d’arriver à terre et à la fois encore dans la marche du bateau. Nous sommes tellement habitués, depuis ces 45 jours, à faire marcher le bateau à fond que c’est une seconde nature. On ne peut plus s’empêcher de régler pour que le bateau soit au maximum de sa vitesse. Les gars sont aussi à fond tout le temps. Ils restent concentrés aussi, bien qu’ils pensent à l’arrivée à terre, comme moi. »