François Gabart, Pascal Bidégorry, Guillaume Combescure, Antoine Gautier, Benoît Marie et Yann Riou ont remporté The Bridge aujourd’hui à 13h 31mn et 20sec (19h 31mn et 20sec, heure française).
Le maxi trimaran MACIF a coupé la ligne d’arrivée, sous le pont de Verrazano-Narrows en baie de New York, après 8j 00h 31mn et 20sec de course, l’équipage aura parcouru 3 582 milles à 18,61 nœuds de moyenne contre les vents dominants.

Idec Sport devrait prendre la seconde place de la course dans les heures à venir, Francis Joyon et ses quatre équipiers n’étant plus qu’à 100 milles de l’arrivée.
Francis Joyon, skipper d’IDEC SPORT : « Nous avons de nouveau beaucoup manœuvré cette nuit. La mer était agitée, et le bateau sautait face à la houle. Nous avons dû lever le pied, dans une brume épaisse. Le bateau est en bon état malgré de nombreuses petites casses matérielles. Cette transat aura été riche d’enseignements, car nous sommes demeurés longtemps au contact des autres bateaux, tous très différents architecturalement du nôtre. Nous avons tous beaucoup appris… »
Sodebo devrait suivre quelques heures plus tard, Thomas Coville et son équipage ont été contraint de réduire l’allure pendant quelques heures, suite à la blessure de Thierry Briend, victime d’un traumatisme crânien suite à une chute sur le trimaran. Les nouvelles sont rassurantes comme l’expliquait le skipper à la vacation.
Thomas Coville, skipper de SODEBO : « L’histoire de Thierry nous a fait peur hier. Ce matin, il est allongé dans la bannette et il va beaucoup mieux.On traversait un front avec des courants, la mer s’est levée et elle devenue forte et abrupte.
Les conditions n’étaient pas faciles et on avait décidé de ralentir le bateau. Thierry venait de me relayer à la barre. Il y a eu une vague plus grosse que les autres qui l’a désarçonné. Il a été projeté de toute sa hauteur, et il fait quand même 1m80. Il a heurté un winch, puis un deuxième placé au centre du cockpit pour régler le chariot de grand-voile et il a perdu connaissance. Ça a été un moment fort en émotion de le voir ainsi, ce n’est pas un garçon qui a l’habitude de se plaindre.
Il a perdu connaissance, on l’a installé à l’intérieur en respectant les procédures apprises à l’entraînement. Heureusement, il a rapidement repris connaissance, il n’était pas cohérent, avec des pertes de mémoire et il reposait les mêmes questions.
S’il ne se souvient plus des circonstances de sa chute, il va bien aujourd’hui et tout est opérationnel chez lui. Il a un hématome derrière la tête et il ne souffre à aucun autre endroit. Il reste allongé dans la bannette avec une minerve. Il a déjà repris des forces.
Quand ce genre d’évènements arrive, cela nous rappelle la violence de ces bateaux dans certaines conditions.
Chacun a pris son rôle. On a été assisté par le CROSS Gris Nez, le CCMM (Centre de Consultation Médicale Maritime) de Toulouse, le MRCC de Boston (Maritime Rescue Coordination Centre), par les coast guards américains et par le Docteur Chauve, médecin de la course, qui collaboraient tous ensemble. La procédure médicale de surveillance s’est immédiatement mise en place. Il a été question d’hélitreuillage ou d’une évacuation vers Nantucket. Aujourd’hui, il n’en est plus question car Thierry va mieux, on va aller jusqu’à New York tous ensemble, tous les six et en course. »
Nous avons ralenti le bateau mais il n’a jamais été question d’arrêter de courir. On a ralenti pour s’occuper de Thierry qui était la priorité. Nous sommes toujours en course et nous allons aller jusqu’à Verrazano tous ensemble.C’est la bonne nouvelle : Thierry va terminer la transat avec nous.
Il n’y a pas de problème pour aller tous ensemble jusqu’à New York avec une arrivée prévue demain en milieu de la journée heure française.
Aujourd’hui, le classement montre un bateau dernier né avec un skipper et un équipage qui l’ont exploité au maximum de son potentiel. Ce n’est pas un hasard si Macif gagne, bravo à eux.»
L’équipage d’Actual, à 530 milles de l’arrivée devrait en terminer d’ici 48 heures.
Sam Davies, Actual : « Nous avons négocié la nuit dernière un « Trof », une zone de brises violentes et très instables avec des rafales. Maintenant nous sommes à nouveau au près, dans 20 nœuds de vent, juste en bordure du Gulf Stream. Ça tape pas mal et n’est donc assez compliqué de viser les touches du clavier !
Les acrobaties de la nuit dernière dans des rafales jusqu’à 35 nœuds avec des bascules de vent à 90° m’ont fait découvrir que naviguer à bord de tels géants des mers peut être stressant. À trois sur le pont (Yves, Jean-Bapt et moi) on a réussi à maîtriser le bateau, mais nous n’avons pas arrêté de manœuvrer.
Je n’imagine pas une seule seconde gérer cela en solitaire ! Énorme respect pour les skippers qui vont s’engager dans des tours du monde en solitaire à bord de tels engins !
Nous sommes d’ailleurs tous focalisés sur le défi qu’Yves va relever l’hiver prochain et nous mettons cette course à profit pour l’aider à préparer au mieux cette tentative de record de tour du monde à l’envers. C’est génial de faire partie de cette préparation et je suivrai ce challenge d’autant plus près que j’ai aujourd’hui cette incroyable opportunité de découvrir le monde des Ultims. »