Sombre série pour les Multis 50′, après Franck Yves Escoffier qui a vu son étrave s’arracher, c’est au tour d’Yves le Blévec, autre favori à la victoire d’être victime d’une grosse avarie.
En effet, Yves le Blévec déplore une casse sur la crosse du bras de liaison avant de son trimaran Actual, les explications du skipper : » J’ai cassé le bras de liaison. Ça a démarré vite. Au fur et à mesure qu’on avançait, la mer se creusait et le bateau sautait beaucoup sur les vagues. Ça ne m’empêchait pas d’aller vite. Il y avait des chocs importants. Il y avait entre 22 et 23 nœuds de vent cette après-midi. Je me disais que j’allais moins vite… Mais il fallait calmer le jeu. Pendant la nuit la situation était plus problématique. Ça a démarré par une panne électrique. Le bras s’est fissuré et de l’eau est rentrée dedans. Ca a commencé par une panne de pilote et, en faisant demi-tour j’ai entendu un gros bruit, j’ai refait route, j’ai entendu encore beaucoup de bruit à l’arrière : ça a dû générer des déformations dans le bras arrière. Voilà le scénario qui a duré environ un quart d’heure.
Il y a beaucoup de questions mais pas beaucoup de réponses et… le bras reste quand même cassé : la structure est largement entamée et j’ai dû organiser une cellule de survie. J’en saurai plus demain quand j’évaluerai l’avarie ; est-ce réparable ? Je ne suis pas en danger mais mon bateau l’est… Là il faut que je sois extrêmement prudent.
Aujourd’hui je suis obligé d’assurer ma sécurité mais je ne m’inquiète pas : avec les balises et la communication je ne serai pas perdu au milieu de l’Atlantique. La mer s’est calmée parce que j’ai orienté le bateau. En réalité il y a encore beaucoup de mer mais vu ma position je n’entends plus les grincements que j’entendais avant… »
Il semblerait que l’origine de cette casse soit un choc ayant entrainé une voie d’eau dans la coque centrale, entrainant une panne de pilote, le bateau ayant ensuite décroché et serait retombé brutalement dans une vague provoquant la casse de la crosse. Yves le Blévec a entrepris de consolider le bras de liaison avec les moyens du bord.
Tout comme son malheureux adversaire, les skippers cherchent des solutions avec leurs équipes techniques et les architectes des trimarans (VPLP pour Crèpes Whaou et Guillaume Verdier pour Actual), afin de rejoindre la Guadeloupe en limitant au maximum les dommages.
Franck Yves Escoffier, skipper de Crèpes Whaou à la vacation :
« Vu comme ça s’aggrave, j’ai beau tourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas trop comment faire avec mes petits bras. Il faut éviter la voie d’eau mais aussi essayer de ne pas trop abimer d’avantage l’étrave. Je travaille actuellement avec les architectes et le chantier.
Le problème est que je ne trouve pas de solution pour le moment. Mettre une voile ? Oui, mais il y a de l’eau à l’intérieur… Je suis donc plus ou moins en stand by. Je progresse à 1,9 nœud. A ce rythme là, il faudra 25 jours pour rentrer donc ça ne va pas être évident. Je continue à réfléchir à une solution qui va me permettre d’avancer au moins à 4 ou 5 nœuds.
Il manque entre 120 et 150 centimètres d’étrave sur toute la hauteur. Je ne vais pas reboucher ça avec des torchons et des serviettes. La coque s’épluche tranquillement mais sûrement… Dès que j’ai un peu de vitesse, ça rentre d’autant plus. A 1200 milles de toute terre, c’est difficile. Pourtant j’étais prudent, je n’avais rien sur l’étrave, j’ai tiré vraiment normalement sur le bateau. Je m’attendais à tout mais pas à ça… »
Franck Cammas devrait en toute logique remporter la Route du Rhum-La Banque Postale 2010 sur son maxi trimaran Groupama 3, il se trouve ce soir à 163 milles de Pointe à Pitre avec 261 milles d’avance sur le second, Thomas Coville sur Sodeb’O.

© Yvan Zedda
Le trimaran vert est attendu sur la ligne d’arrivée demain matin, Thomas Coville a d’ores et déjà félicité son adversaire, mais il s’attend à un final à suspense pour le gain de la deuxième place avec Francis Joyon, Sodeb’O devrait arriver par le nord de l’ile, alors qu’Idec arrivera par l’est, pour l’instant Thomas Coville possède une avance d’environ 50 milles sur Francis Joyon, Yann Guichard ne devrait pas pouvoir se mêler à la lutte pour le podium étant empêtré dans une zone de vents erratiques, comme l’explique le skipper : » Tout va bien à bord de Gitana 11 : il n’y a pas beaucoup d’air ce matin, mais je sors enfin des grains. Le dernier est à vingt milles dans mon Nord : j’ai été éclairé toute la nuit par la foudre ! J’ai longé une ligne de grains et j’ai réussi à passer au travers, mais c’était impressionnant ces éclairs partout. C’était ambiance Pot au Noir, avec des vents très instables. Maintenant, ça va mieux, mais il reste deux jours et demi de mer dans du petit temps, jusqu’à l’arrivée. Pas beaucoup de répit ces derniers jours, juste de petites plages de repos par-ci par-là. Ce n’était pas simple de dormir avec les orages. J’ai passé quatre heures avec zéro nœud de vent et j’étais obligé de tenir la barre parce qu’il y avait encore de la mer. Comme Gitana 11 est large et bas sur l’eau, il se fait balader par les vagues et il faut essayer de le guider au mieux pour qu’il ne souffre pas. C’est assez frustrant quand le bateau se met à l’opposé de la marche et ça met du temps pour le remettre sur le bon chemin. Mais Thomas et Francis ont dû aussi connaître ces moments »