ETA lundi matin pour Loick Peyron

Il reste désormais moins de 850 milles à parcourir pour Loick Peyron avant l’arrivée en Guadeloupe, le baulois doit maintenant gérer son avance sur son plus proche poursuivant Yann Guichard sur Spindrift 2, pointé à 200 milles à 18h.
Les deux skippers ont empanné la nuit dernière, ils font désormais route directe vers les Antilles, sauf soucis technique la victoire semble presque acquise pour Loick Peyron, qui aura l’avantage sur le contournement de la Guadeloupe, avec un trimaran plus « facile » physiquement et plus maniable que celui de son adversaire direct.

Malgré tout les poursuivants n’abdiquent pas, notamment Lionel Lemonchois sur Prince de Bretagne, et Sébastien Josse sur Edmond de Rotshcild, les deux marins sont à respectivement 347 et 383 milles du leader et donc à environ 150 milles de Spindrift. Ils vont devoir enchainer plusiseurs empannages avant l’arrivée et espère des conditions molles sur l’arrivée pour espérer la 2nde place occupée par Yann Guichard. Séb Josse a pu réduire quelque peu son retard sur Lemonchois puisque celui-ci a mis à la cape 1h30 afin de régler, semble-t-il des soucis d’électronique et de pilotes automatiques.

Derrière les positions ne sont pas non plus figées avec Francis Joyon et Sidney Gavignet qui vont se battre pour la 5ème place, en queue de peloton, Yann Eliès a pour sa part un safran abimé suite à un choc avec un OFNI.

 

Loïck  Peyron, skipper de Banque Populaire VII :
 » Je suis sous pilote 90 % du temps, et je fais mon petit tour du bateau pour régler les voiles, afin de descendre le plus bas possible dans le lit du vent, pour éviter de multiplier les empannages. Ce bateau est hallucinant de puissance… En 60 pieds, on n’avait jamais cette aisance. La largeur donne un confort et un sentiment de sécurité à la barre incomparable. Cette nuit, le bateau est monté sur un patin. C’est joli et cela apporte un peu de silence. En ce qui me concerne et en toute modestie, je parviens à gérer les situations compliquées sur ces gros bateaux. Je suis parti dimanche dernier dans l’inconnue sur le plan physique, et je ne connais aucun souci particulier. Je m’amuse même beaucoup à fournir quelques efforts lors de manoeuvres un peu tordues…  On papote tranquillement avec Marcel et Armel. Il nous reste deux empannages à exécuter et il faut les caler au bon moment.
Il faudra aussi négocier la traversée d’une zone de pêche dans l’est de la Guadeloupe, à proximité d’Antigua, avec de nombreux filets dérivants. Ce sera une approche délicate car si on en connait la position de la plupart de ces flottilles de pêche, il demeure de nombreuses inconnues. Il faut faire gaffe. Il est un peu tôt pour parler ETA,  (Estimated Time of Arrival ndlr), lundi dans la matinée, très tôt en heure locale peut-être. Je ne pense pas du tout au record. Je n’ai aucune idée de l’échéance, et cela ne fait pas partie de mes préoccupations…« 

© BPCE

Yann Guichard, skipper de Spindrift 2 :

« Les alizés que nous avons sont des vents instables : je suis passé de 15 à 0 nœuds en 30 secondes au petit matin. Je me suis pris le gennaker et la grand-voile à contre donc j’essaye de remettre tout ça en place pour repartir dans le bon sens. C’est vrai que l’alizé est faible et il y a pas  mal de zones orageuses et de zones sans vent. Demain j’espère que ce sera plus stable. C’est très bien car on pourra un peu se reposer. Il faut faire attention car avec la moindre rafale qui arrive, c’est compliqué avec un bateau comme Spindrift. Il peut être vite déséquilibré et ce n’est pas facile de bien régler le pilote. J’ai pris un ris : c’était chaud dans la nuit. On essaye de garder de la toile mais ce n’est pas suffisant. Je n’ai pas pu bien dormir car il fallait que je sois à la barre. Belle lune qui illumine et pour les manœuvres, c’est bien… Les grains ne sont pas très actifs, on ne les voit pas au radar mais on les devine grâce à la lune. Je suis fatigué mais je n’ai pas de bobo à déplorer. Tout va bien. C’est sûr que physiquement c’est dur. Encore deux jours de mer : il n’en faudrait pas cinq ! Je serai fatigué mais heureux d’arriver. »

 

Francis Joyon, skipper d’Idec Sport :

« J’ai pas mal de petites contrariétés au niveau de l’entretien du bateau et du matériel. Mais bon j’arrive à résoudre les problèmes et le bateau continue à avancer à bonne vitesse donc ça va »

 

Yann Eliès, skipper du Multi 70 Paprec Recyclage :

« Ces six premiers jours, j’ai manqué un peu de réussite parce que je pense que les avaries techniques que j’ai eues sont tombées au pire moment en termes de météo. J’ai donc un petit peu de frustration de n’avoir pu jouer au contact du groupe des quatre qui sont devant moi. Dans le même temps, j’ai le sentiment de vivre une expérience exceptionnelle. Traverser l’Atlantique sur ces bateaux là, faire des runs à la barre à 32 noeuds quand le bateau vole sur ses foils, c’est magique.
Hier, j’étais à l’attaque car les conditions étaient parfaites. J’étais un peu comme un gamin les doigts dans un pot de Nutella et je me disais ‘chic, chic, chic : à moi les runs à plus de 30 noeuds dans les alizés’. J’en ai bien profité et j’ai bien fait d’ailleurs car après la mer s’est formée et il a fallu revenir en mode ‘prudent’. C’est pour ces moments de plaisirs purs que l’on fait ce métier, pour ces instants de récompense.
Le skipper a par ailleurs heurté un OFNI qui est venu taper le safran provoquant un début de délaminage, le skipper à propos de cet incident :
« Quand ça arrive, tu te dis que ce n’est pas grave. Mais on sait très bien que ça va forcement se dégrader. J’ai regardé ce matin : l’état du safran se détériore mais Paprec Recyclage reste ‘barrable’. Je pense néanmoins qu’il est préférable de ne pas monter sur une coque et d’avoir toujours le safran central dans l’eau. Je suis sous pilote, j’essaye de ne pas trop attaquer sur ce bord là pour en garder sous le pied pour le dernier bâbord qui va m’emmener vers la Guadeloupe, le beau bâbord que les routeurs vont me trouver… »
Antoine Koch, routeur de Sébastien Josse sur Groupe Edmond de Rothschild :
« Si ils souhaitent conserver de la pression et exploiter leur bateau au maximum de leur potentiel, ils doivent empanner pour rester dans une veine de vent relativement stable  En théorie c’est simple, mais sur l’eau c’est beaucoup de travail d’autant que les grains qui s’invitent sur leur route ne facilitent pas les choses» expliquait le routeur du Multi70 Edmond de Rothschild avant de compléter : « Sébastien peut souvent paraître moins rapide que Lionel ou ses poursuivants mais globalement, ils n’ont pas la même manière de naviguer. Il est un peu moins rapide mais surtout plus bas en termes de cap. Ce qui en VMG (vitesse de rapprochement au but, ndlr) est assez équivalent à Prince de Bretagne et mieux que ses poursuivants. Cela reflète parfaitement la manière de naviguer de Sébastien. Il aime que ça glisse et mener le bateau en douceur.
L’alizé est un peu perturbé avec des grains qui se promènent sur la route. Cela donne un vent instable et variable en force et parfois en direction, sous les grains notamment. Il ne s’agit peut-être que de quelques nœuds mais à bord, en termes de réglages et de pilotage, cela fait une grande différence quand on a toute la toile de sortie (pour mémoire les Ultimes naviguent vent arrière grand voile haute gennaker). Avec 15 nœuds de vent, c’est tranquille. Avec 18 déjà il faut être plus attentif car, dans les risées, les trimarans commencent à lever la patte. Et avec 22, ce n’est plus du tout le même jeu. La tension monte d’un cran … Dans les risées, le bateau accélère fort et s’emballe. Les réglages sont alors nombreux pour gérer la puissance de la  machine.»

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