Après le passage du Fastnet, les équipages avaient entamé la dernière ligne droite de cette seconde étape de la Route des Princes. Ils ont du faire face à des vents faiblissants, ce qui a ouvert le jeu tactiquement, c’est Yann Guichard et son équipage s’en sont le mieux sortis en passant la ligne d’arrivée en tête avec 6 minutes 44 d’avance sur Groupe Edmond de Rothschild et 7’17 » sur Oman Sail, Jean-Pierre Dick sur Virbac Paprec 70 avait tenté une option après le Fasnet, celle-ci ne s’est pas avérée payante.

© M. Mochet/RDP
En Multi50′, Yves le Blévec est resté aux avants postes depuis le début de cette Route des Princes, si l’équipage avait terminé seconde de la première étape, la seconde leur a souri après un duel avec FenêtréA Cardinal qui prend la deuxième place à cinq minutes du vainqueur. Lalou Roucayrol sur Arkema Région Aquitaine a été handicapé par la perte de son gennaker et n’a pas pu lutter avec les leaders sur cette manche. Gilles Lamiré qui avait intégré la course à Lisbonne a quant à lui abandonné cette étape afin de rejoindre Dùn Laoghaire au plus vite afin d’être au départ de la prochaine.
MOD 70
Classement de la deuxième étape offshore :
1. Sprindrift, à 04h 37 mn et 48 s TU
2. Edmond de Rothschild, à 6 mn et 44 s du premier
3. Oman Air-Musandam, à 7 mn et 17 s du premier
4. Virbac-Paprec 70, à 34 mn et 14 s du premier
Classement général provisoire MOD70 :
1. Spindrift (Yann Guichard) 94 pts
2. Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) 88 pts
3. Oman Air-Musandam (Sidney Gavignet) 88 pts
4. Virbac-Paprec 70 (Jean-Pierre Dick) 66 pts

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Classement de la deuxième étape off-shore :
1. Actual à 06h32’43 »
2. FenêtréA-Cardinal à 5’10 » du premier
3. Arkema – Région Aquitaine à 04h23’30 » du premier
Abandon : Rennes Métropole – Saint-Malo Agglomération.
Classement général provisoire :
1. Actual (Yves Le Blévec) 80 pts
2. Arkema – Région Aquitaine (Lalou Roucayrol) 74 pts
3. FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux) 68 pts
4. Rennes Métropole – Saint-Malo Agglomération (Gilles Lamiré) 56 pts.
Lionel Lemonchois, skipper du maxi 80′ Prince de Bretagne :
« C’est partie remise sur la troisième étape ! Mais on va déjà essayer de réparer le gennaker. Nous sommes contents, car plus ça va, plus on apprend le bateau, et plus on est dans le tempo. Au près, on constate que l’on va systématiquement mieux qu’eux ! Cette deuxième étape était un peu à l’image de la première. C’était très intense. Tous les bateaux sont au contact, il y a du jeu. Un coup, nous sommes devant, un coup nous nous retrouvons derrière. Personne ne lâche rien, et c’est ce qui rend la course belle. Pour nous, ça se passe de mieux en mieux, à part cette histoire de gennaker qui nous a un peu pénalisé. Il a explosé car la mer était dure, et puis il faut dire aussi qu’on tire dessus, on a du mal à lever le pied… Peu avant, on était très bien placé. Si on n’avait pas eu Edmond de Rothschild qui nous avait empêchés de virer pendant la nuit, on aurait pu passer le Fastnet en tête. Mais c’est le jeu de la régate ! Ils nous ont marqués, mais ça leur a couté cher aussi ! Ce sont des jolies navigations, et puis on change de pays, de climat aussi…
C’est sûr qu’on ne dort pas beaucoup, seulement par petits bouts. Comme ce sont des petites étapes, nous ne sommes pas vraiment organisés en quarts, on y va quand on peut, c’est un peu désordonné. Heureusement cela ne dure pas trop longtemps, car ça tire quand même sur les bonshommes. »
Yann Guichard, skipper du MOD 70 Spindrift racing :
« C’était serré, comme d’habitude. Durant toute l’étape, nous avons navigué à vue avec tous les bateaux et c’est vrai que la dernière remontée le long des côtes Irlandaises a été assez éprouvante pour tout le monde parce que ça s’est joué à rien. On est ravi de cette première pace parce qu’on a tenu jusqu’au bout. C’est une belle victoire et je pense qu’elle va être importante pour le moral de l’équipage pour la suite. J’ai réussi à dormir une demi heure 20 milles avant l’arrivée, comme ça j’étais en forme pour le finish, mais c’est vrai que ce n’était pas facile, le rythme était soutenu. Il y a eu beaucoup de virements de bord puisqu’on a contrôlé Oman Air-Musandam et Edmond de Rothschild. On a enchaîné les manœuvres toute la nuit. Du coup, on est assez fatigué mais vraiment très heureux d’être arrivé en tête. L’étape a été compliquée mais ça aurait pu être bien pire puisque quatre jours avant le départ, il y avait 25-30 nœuds au près sur la route. Là, on n’a pas eu des conditions dantesques. Au plus fort, on a eu 25 nœuds près du centre de la dépression, par contre, on a eu beaucoup de près, ce qui est très éprouvant avec ces bateaux parce que ça tape dur. C’était la grosse étape de cette Route des Princes donc c’était important de la gagner. Ici, l’année dernière, le plan d’eau de Dublin – Dùn Loaghaire nous avait beaucoup plu alors maintenant, on va se concentrer sur les in-shore. »
Sébastien Josse, skipper du MOD 70 Edmond de Rothschild :
« Ca été serré, on s’est tous regroupés au Fastnet, on a plutôt bien joué. Par contre, on a mal négocié le virage de l’Irlande. On est resté un peu coincé dans le courant. Spindrift est reparti, mais ce n’était pas encore gagné pour autant. Nous nous sommes retrouvés quatrième. Après, nous sommes remontés en deuxième position, mais on n’avançait pas comme on voulait. On s’est fait couvrir par Spindrift qui a bien joué le coup et puis ça les arrangeait bien qu’on fasse troisième pour les points, on a manqué de vitesse sur la fin. Ca se joue à pas beaucoup. C’est sûr, c’est agaçant de faire tant d’efforts et ensuite de terminer troisième, mais c’est le sport !
On a eu des super conditions dans le golfe de Gascogne. Ca allait super vite dans les grosses vagues. Les bateaux sont solides, parce que on leur met dans la figure quand même. Ca allait très vite, avec de gros sauts de vagues. On a fait un joli coup au près dans la nuit sur la remontée du golfe, car on s’est décalé sur la gauche. Il y a eu plusieurs coups, Sprindrift a bien joué le passage de la dépression. Nous sommes fatigués parce qu‘on s’est bien donné. Je crois que je n’ai pas dormi depuis le Fastnet. »
Yves le Blévec, skipper du Multi 50 Actual :
« C’était assez incroyable cette régate avec FenêtréA-Cardinal. On ne s’est pas lâché du début à la fin, à part au cap Finisterre où on est chacun passé d’un côte du DST mais on s’est retrouvé ensuite. On a passé le raz de Sein à quelques longueurs l’un de l’autre et on s’est encore retrouvé ensemble au Fastnet où là, c’est lui qui était devant. Par contre, on lui a remis un peu dans la nuit et on est revenu au contact au petit matin… On a passé quatre jours de régate bord à bord. Il y a eu plusieurs fois où on a eu l’impression d’avoir un petit matelas d’avance et d’être un peu tranquille et en fait non… Ca n’a pas arrêté, c’était passionnant. Nerveusement, c’était un peu épuisant. Heureusement, on avait Jean-Baptiste Le Vaillant à bord qui a un peu pris les choses en mains, ce matin, pour tirer des bords afin de contrôler Erwan Le Roux. Il a bien bossé et Luc, Ronan et moi, on a bien assuré. C’était le plus zen de nous tous, ça a permis de faire tomber un peu la pression. Il ne fallait surtout pas faire de bêtises mais être lucides dans nos décisions. Ca s’est bien passé mais c’était dur parce qu’il y avait vraiment de la molle dans le sud de l’Irlande. En tous les cas, cette victoire est une belle revanche après la première étape et si on sort notre calculette, au classement général, c’est une super bonne opération. Il y a de quoi être satisfait. »
Erwan Le Roux, skipper du Multi 50 FenêtréA Cardinal :
« Avec Actual, c’était vraiment serré et ça montre que la jauge des Multi50 n’est pas si mal faite que ça et les bateaux ont des potentiels assez similaires puisqu’on arrive à égaliser les vitesses. C’est top, ça donne des supers matches. C’est pour vivre ça qu’on fait de la voile et c’est vraiment génial. Sur cette deuxième étape, avec l’équipage d’Yves Le Blévec, c’était un coup à toi, un coup à moi… Dès le départ ça a été comme ça. Au final, ça se joue à des centaines mètres. C’est super mais il y a des trucs qu’on ne maîtrise pas forcément. On se dit qu’on va aller faire une option, qu’on va être bien placé et finalement on se retrouve à nouveau à 50 mètres l’un de l’autre. L’un repart et pas l’autre… Ensuite, la situation s’inverse… C’est l’enfer ! Ils sont fatigués mais nous aussi. On n’a rien lâché, on leur a mené la vie dure et c’est normal parce qu’on veut gagner des régates. En tous les cas, ils ont très bien navigué. Bravo à eux ! »
Lalou Roucayrol skipper du Multi 50 Arkema Région Aquitaine
« On a cassé un peu de matériel, c’est surtout ça qui est dommage parce qu’à partir du moment où on pété le gennak, on n’a plus été dans le même train que les autres. A chaque fois qu’on a pu, on a recollé mais on a été bloqué en arrivant sur Sein. On voulait essayer de glisser un peu pour pouvoir négocier la dorsale mais c’était impossible avec le petit gennak. On était à 120-130 du vent max, donc on n’arrivait pas à glisser. Après, on a fait que rattraper. Je suis un peu vert parce que je ne comprends pas très bien pourquoi la voile s’est déchirée. Elle était neuve. On a aussi cassé le nerf de chute de solent sur à peu près deux mètres en haut, mais lui était usé donc c’est normal. Le bateau va super bien, on continue à apprendre mais dès qu’on n’est plus au contact, on tâtonne pas mal sur les réglages. Je n’ai pas de frustration mais c’est pénible de casser du matériel. Au delà de ça, je suis content d’être ici, à Dublin – Dùn Loaghaire et il reste deux étapes. C’est encore très ouvert ! »